Jean-Jacques Friedman, Directeur des Solutions patrimoniales - VEGA Investment Solutions
Quatre éléments déterminent classiquement l’évolution des marchés actions : la conjoncture macroéconomique, la valorisation des actifs, les liquidités fournies par les banques centrales et enfin la géopolitique. En 2024, ce sont les sujets de politique monétaire et de conjoncture qui ont dominé. Les marchés tablaient, à raison, sur des baisses des taux en Europe comme aux Etats-Unis. Or un tel mouvement provoque classiquement une récession ou du moins un certain ralentissement de l’activité. Cette crainte a poussé les investisseurs à opter pour un certain attentisme. Pour 2025, la stabilisation de la croissance semble acquise. Dans ce contexte le marché va repartir de l’avant en se concentrant désormais davantage sur les notions de géopolitique et de valorisation, qui avaient perdu de leur poids l’année dernière.
La géopolitique en toile de fond
La géopolitique était ainsi perçue négativement tout au long de 2024. Entre les élections américaines, les tensions au Moyen- Orient, les difficultés du couple franco-allemand, les investisseurs n’identifiaient que de facteurs de potentielle déstabilisation. Cette année, certains signaux comme un cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine ou des élections allemandes qui déboucheraient sur une nouvelle approche plus souple des déficits budgétaires pourraient au contraire constituer des points d’entrée sur les marchés. Il faudra alors jouer les distorsions de valorisation. Ainsi aux Etats-Unis, une partie du potentiel de hausse a déjà été consommée. Le Nasdaq parait notamment élevé, avec une valorisation déjà bien supérieure à sa moyenne de long terme, qui s’explique par la concentration depuis deux ans des investisseurs sur les grandes entreprises de la tech (Les Echos Investir, décembre 2024). En 2025, le marché pourrait connaître un peu de volatilité, ce qui lui redonnera du potentiel. A défaut, il faudra surtout se positionner sur les valeurs moyennes, aujourd’hui mal valorisées, alors même qu’elles vont commencer à bénéficier à leur tour des innovations autour de l’intelligence artificielle.
Europe ou États-Unis ?
Une autre option pour retrouver de la marge de manœuvre serait de se tourner vers des zones géographiques, qui ont pris du retard par rapport aux Bourses américaines, et en premier lieu l’Europe. La différence de valorisation entre les actions des deux côtés de l’Atlantique atteint en effet des records historiques (L’Agefi, janvier 2025). Sur le Vieux continent, le ratio PER - calculé en divisant le prix de l'action d'une société par le montant du bénéfice par action- tourne autour de 13, contre 22 aux Etats-Unis ! Le potentiel de rattrapage semble particulièrement élevé sur certains segments : les épargnants pourraient ainsi se positionner sur les valeurs du Nord de l’Europe, qui affichent de solide potentiel en termes de croissance, ou bien sur un pays comme la France dont les valeurs ont nettement souffert du risque politique depuis la dissolution du parlement en juin dernier. Il demeure en revanche très difficile d’avoir une vision claire de l’évolution des marchés en Asie.
Les analyses et les opinions mentionnées représentent le point de vue de l’auteur. Elles ont été émises en décembre 2024 et sont susceptibles d’évoluer. Elles ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle. Les références à des valeurs mobilières, des secteurs ou des marchés spécifiques dans le présent document ne constituent en aucun cas un conseil en investissement, une recommandation ou une sollicitation d’achat ou de vente de valeurs mobilières, ou une offre de services. Tout investissement comporte des risques, y compris le risque de perte en capital. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.