Le rapport de BlackRock et YouGov de 2024, intitulé “People & Money”, fait l’état des lieux des tendances d’investissement pour 14 pays sur le continent européen et établit les ETFs comme la vague à ne pas rater. Décryptage.
Avant de plonger dans l’étude, commençons par le commencement. Et toute introduction d’article débute par la définition des termes clés. Ici, ce sont les ETF, et les investisseurs.
Un ETF, “Exchange Traded Fund” en anglais, autrement appelé “Fonds Indiciels Cotés” (FIC), est un fonds de placement en valeurs mobilières pouvant être négocié en bourse. Il s’agit d’un autre instrument de valeurs financières qui confère des droits standardisés, tout comme les titres de propriété (actions) et les titres de créances (obligations).
Dans le cadre du rapport, BlackRock a défini l’investisseur comme toute personne sondée qui possède au moment de l’étude l’un de ces produits financiers : actions et parts, fonds d’investissements / fonds commun de placement (à stratégie unique ou d'entreprise), obligations (d’État ou d’entreprise), ETF, crypto-monnaie, financement participatif / capitale risque ou portefeuille géré par une plateforme numérique ou un conseiller robotisé.
Pays membres inégaux face aux placements financiers
Le Vieux Continent représente 113 millions d’investisseurs au total, soit un tiers des adultes qui ont déjà effectué un placement. Et plus de 11 millions de ces investisseurs européens ont rejoint les rangs sur les douze derniers mois.
Les pays scandinaves sont les grands gagnants : environ la moitié des adultes investissent dans des placements financiers. La Suède mène le bal avec 58 % (5 millions d’individus), suivie de près par la Norvège (50 %), le Danemark (46 %) et la Finlande (45 %).
Lorsqu’il s’agit de la quantité d’investisseurs dans le pays, ce sont nos voisins germaniques qui donnent le la. 26 millions d’allemands ont effectué des placements financiers, soit 23 % de la totalité des investisseurs à l’échelle européenne. Quant au marché qui a vu son nombre d’investisseurs s’accroître le plus sensiblement sur l’année, c’est au tour du Royaume-Uni d’entrer en scène. La plupart des investisseurs venus s’ajouter au gratin européen cette année sont Britanniques, avec plus de 3,5 millions d’individus, soit une hausse de 21 % comparé à 2022.
La France, elle, est moins performante en quantité d’investisseurs et en attractivité financière, mais n’a rien à envier à ses pairs européens. Avec 15 millions d’investisseurs sur son sol, elle se positionne 3e du classement, ex aequo avec l’Italie, et avec plus de 2 millions de Français ayant acquis un produit d’investissement en 2024, elle possède la 2e meilleure croissance sur les deux dernières années au niveau européen (16 %). La seule bête noire pour le pays reste le pourcentage d’investisseurs dans sa population, soit 29 %, bien en deçà du monumental 50 % des scandinaves, mais c’est également 9 points de pourcentage de moins que les Allemands, 7 de moins que les Britanniques et 4 de moins que les Belges.
Parmi les pays sondés, la France est avant-dernière en part de sa population qui investit. Seuls le Portugal et l’Espagne font pire, avec des pourcentages similaires à 28 %.
Le profil type de l’investisseur européen
Sans grande surprise, la finance reste un secteur dominé par les hommes, avec 47 % d’entre eux qui investissent, représentant une légère augmentation d’un point de pourcentage par rapport à 2022.
Parmi les nouveaux profils d'investisseurs ce sont les femmes qui enregistrent la plus forte croissance, avec 29 % des européennes qui ont effectué un placement financier en 2024, une hausse de 11 % comparé à l’année dernière (elles étaient 26 % à investir en 2022).
Au-delà de la féminisation de l’investissement européen, les marchés financiers du vieux continent s’offrent également une nouvelle jeunesse. En effet, sur les douze derniers mois, ce sont les millennials (25-34 ans) et la génération Z (18-25 ans) qui ont été les moteurs les plus dynamiques de la croissance. L’investissement millennial est en augmentation de 13 % par rapport à 2022, grimpant de 40 à 46 % en seulement deux ans. Chez les membres suisses de la Gen Z, cette accélération fut fulgurante, augmentant d’un tiers en à peine un an.
Ces tendances nous montrent ainsi qu’un domaine traditionnellement aiguillé par une plus vieille génération d’hommes se retrouve progressivement dans les mains d’acteurs féminins beaucoup plus jeunes. Et comme fers de lance de ce nouveau paradigme : les ETF.
Les ETF, investissement star des jeunes générations
Dans la plupart des marchés européens (11 sur 14 pour être précis), les actions et parts demeurent le premier choix quand il s’agit d’investissement. Néanmoins, la proportion des investisseurs de ces placements est restée relativement stable comparé à 2022, contrairement à la possession d’ETF, qui s’est envolé de 19 vertigineux points de pourcentages et 4 millions d’investissements depuis deux ans, suivi par les obligations et les crypto-monnaies, tous deux en hausse de 8 % par rapport à 2022.
Cet attrait pour les ETF en Europe a fait passer à 23 millions le nombre de leurs investisseurs, soit 1 investisseur européen sur 5, dont un peu moins de la moitié (10,5 millions) sont en Allemagne. Et comme forces motrices des investissements dans les ETF et les monnaies virtuelles, on retrouve les femmes, qui ont choisi respectivement à 37 % et 18 % ces produits financiers, mais aussi les personnes de 18 à 34 ans, qui optent à 24 % pour les fonds négociés en bourse, soit 5 points de pourcentage au-dessus des sondés de plus de 35 ans.
En cause ? D’une part, cette course aux ETF pourrait être expliquée par une volonté de groupes minoritaires dans la finance de s’exprimer autrement que d’autres générations et profils d’investisseurs plus traditionnels dans leurs choix de placements. D’autre part, la montée de l’investissement digital se positionnerait comme véritable facilitateur pour les ETF de se faire connaître d’un public plus jeune, sachant que 80 % des millenials et Gen Z accèdent à ces produits via des plateformes numériques. C’est d’ailleurs au Royaume–Uni, au Danemark, au Portugal et aux Pays-Bas que les ETF digitaux sont les plus populaires.
Barrières à l’investissement
L’investissement semble avoir le vent en poupe, mais qu'en est-il des indécis ? L’obstacle le plus prééminent pour franchir le pas du placement en Europe, cité par près des deux tiers (65 %) des non-investisseurs, est le manque de finances. La deuxième raison (33 %) expliquant l’absence de placement financier correspond au manque de connaissances en matière d'investissement. Néanmoins, cette explication représente le premier problème invoqué par la génération Z est les milléniaux (56 %), attestant d’un réel besoin d’éduquer les populations plus jeunes aux techniques et rudiments de l’investissement. Le placement financier semble être quelque chose qui s’apprend avec l’âge, mais devant une jeune génération qui a l’appétit d’investir, les conseillers financiers numériques ont un défi à relever.
Graphique représentant le choix des individus n'ayant pas fait d'investissement (en %) sur les raisons les poussant à ne pas investir.
Et pour l'avenir ?
Selon le sondage de l’étude BlackRock, un total de 63 millions d’européens, soit 19 % des consommateurs adultes, sont très susceptibles de commencer à investir, ou d'investir davantage, dans les 12 prochains mois. Et 17 % d’entre eux (soit 11 millions) ne détiennent actuellement aucun produit d’investissement.
Ces investisseurs de demain devraient être incarnés à 48 % par des 18-34 ans. Ils sont aujourd’hui également les plus confiants dans les perspectives et les intentions d’investir futures (29 % d’entre eux le sont, pourcentage le plus élevé toutes générations confondues) avec un accent mis sur les actions, les obligations, les fonds de placements et ETF.
Les femmes, de leur côté, représentent 39 % des investisseurs en Europe. Les primo-investisseurs devraient de plus en plus être des investisseuses et pourraient représenter à l'avenir 48 % de ces nouveaux venus.
Enfin, ce sont 8 millions de nouveaux investisseurs en ETF qui seraient prévus à travers l'Europe au cours des 12 prochains mois, avec le plus grand nombre pour l’Allemagne avec près de 2 millions, et la plus forte augmentation anticipée pour la France, avec 1,3 millions d’investisseurs ETF attendus dans l’hexagone d’ici 2025 (soit une progression de 110 %).
Les chiffres de cette étude 2024 a révélé une stagnation des investisseurs masculins et une ascension remarquable des femmes et des jeunes générations dans la possession de produits financiers. "People & money" montre par cette enquête que l'on s'approche tout doucement d'une parité femmes/hommes dans l'investissement en produits financiers. Les jeunes générations féminines sont mieux informées sur les thématiques financières et les opportunités d’investissement numériques dans les ETF qui ouvrent la porte des placements aux générations futures.
Sources :
https://www.blackrock.com/dk/individual/themes/people-and-money
https://www.blackrock.com/dk/individual/literature/brochure/people-and-money-infographic-emea.pdf
Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de(des) l’auteur(s) référencé(s). Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.