Si les marchés ont été optimistes depuis leur point bas en mars, ils dépendent de l’avancée continue de la reprise économique. Vu que la nature de cette dernière reste incertaine, quels indicateurs faut-il surveiller ? Réponse d’Esty Dwek, Responsable de la stratégie de marchés chez Natixis IM Solutions.
Le taux d’hospitalisation
Le nombre de cas continue de monter, surtout dans certains états des États-Unis, mais nous surveillons aussi l’Europe après un été de tourisme. Nous ne pensons pas que nous allons avoir un nouveau confinement généralisé. Malgré tout, nous continuons à suivre le nombre de nouveaux cas, et particulièrement le nombre d’hospitalisations. Tant que les nouveaux cas restent gérables pour nos systèmes hospitaliers, nous ne serons pas reconfinés. Et tant que nous ne sommes pas reconfinés, la reprise de l’activité économique peut continuer, même si elle sera graduelle et non-sans-heurts. Et si la reprise avance, les marchés devraient eux aussi continuer à progresser.
La consommation
Même si l’économie européenne est plus ouverte que l’économie américaine qui est très axée sur la demande domestique, la consommation représente de gros pourcentages du PIB des économies mondiales les plus importantes et est nécessaire à une reprise de la croissance. Suivre la santé des dépenses de consommation reste donc essentiel pour évaluer la reprise et surtout sa durabilité. Compte tenu des exigences de distanciation sociale et des autres effets liés au COVID, certains secteurs risquent de prendre plus longtemps à rebondir que d’autres, mais les hausses, même minimes, des dépenses globales sont des signes positifs qui montrent que le consommateur reprend pied, ce qui serait un fort soutien pour la reprise économique.
Le chômage (aux États-Unis, au moins autant qu’en Europe)
Comme mentionné, la consommation est clé pour la relance économique, et le chômage s’aligne avec cela. Si le chômage reste très élevé ou s’il augmente fortement, les gens sont moins enclins à dépenser. Aux États-Unis, la structure du marché fait que le chômage monte vite mais devrait aussi baisser plus vite. En Europe, les mesures fiscales ont essayé de protéger les emplois, mais il faudra être sûr que ces mesures durent et que les business survivent pour ne pas réduire leur main-d’œuvre plus tard dans l’année.
Les élections présidentielles américaines
Ce n’est pas un indicateur en soi, mais les élections américaines peuvent apporter beaucoup de volatilité aux marchés. Même si l’élection ne concerne pas directement l’Europe, les relations commerciales mondiales et celles plus directement avec l’Europe, les multinationales et même l‘économie européenne dépendent tout de même du résultat de l’élection présidentielle de la plus grosse économie au monde. Nous ne pensons pas que ceci pourrait mener à un nouvel effondrement des marchés, mais nous nous attendons à plus de volatilité dans les mois à venir lorsque les marchés estimeront le résultat et son impact.
Les traqueurs d’activité en temps réel
Nous pouvons regarder des indices d’activité comme l’indice hebdomadaire de la Réserve fédérale de New York car c’est l’un des rares indicateurs qui donne des mises à jour presque en temps réel. De plus, il couvre un large éventail de mesures, puisqu’il inclut le sentiment des consommateurs, l’emploi, les ventes au détail ainsi que la consommation d’acier, de carburant et d’électricité. Compte tenu de l’arrêt sans précédent de l’activité et de l’importance de l’économie américaine à l’échelle mondiale, le fait de voir à quel point la reprise de l’activité est rapide ou progressive nous donnera une bonne indication de la trajectoire de la reprise, et de ce à quoi il faut s’attendre dans d’autres régions également.
Propos recueillis en juillet 2020 auprès d’Esty Dwek, Responsable de la stratégie de marchés chez Natixis IM Solutions. Les analyses et les opinions mentionnées ci-dessus représentent le point de vue de l’auteur. Cet article ne constitue pas un conseil en investissement ni une recommandation ou une offre d’achat ou de vente de titres.