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Comprendre l’économie et les marchés financiers pour mieux gérer votre épargne.
02.12.25

La musique, nouvel actif d’investissement alternatif

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Longtemps cantonnée à l’industrie du divertissement, la musique s'invite désormais dans les portefeuilles d'investissement. Sans prétendre rivaliser ave c les actifs traditionnels, elle s’impose comme une piste de diversification, à la croisée de la culture et des finances. Droits d’auteur, catalogues et royalties séduisent des investisseurs en quête de rendements alternatifs et d’un lien plus tangible avec l’économie réelle. 

Le phénomène a pris corps avec une célérité surprenante : en 2024, les ventes de droits musicaux ont franchi le cap des 2,5 milliards de dollars d'après les estimations de cabinets du secteur. La musique s'affirme comme un placement déconnecté des turbulences boursières, offrant des revenus récurrents peu sensibles aux aléas conjoncturels. 

Des revenus aussi stables que mélodieux 

Le streaming a métamorphosé la musique en source continue de liquidités. Chaque lecture sur une plateforme, chaque diffusion radiophonique, chaque insertion dans une bande-annonce ou un spot publicitaire alimente un flux de micro-paiements. Mis bout à bout, ces versements acquièrent une prévisibilité certaine — un profil qui évoque, pour les financiers, celui d'une rente à échéances modulables. 

Les catalogues d’artistes iconiques — Bob Dylan, Bruce Springsteen, Fleetwood Mac, entre autres — ont été cédés pour plusieurs centaines de millions de dollars, preuve de la valeur durable de ces œuvres. Mais au-delà des artistes légendaires, la montée du streaming a donné de la valeur à des catalogues plus modestes, issus de la pop, du rap ou de la musique indépendante, qui peuvent offrir des rendements à deux chiffres selon la performance de diffusion. 

La musique devient ainsi un actif hybride : à la fois immatériel et tangible, fondé sur l’émotion mais valorisé par la donnée. 

L'émergence silencieuse d'un écosystème financier 

Derrière cette nouvelle ruée vers l’or se cache une professionnalisation accélérée du marché. Des fonds spécialisés rachètent des catalogues entiers, tandis que de nouvelles structures permettent de détenir des fractions de droits. Les acteurs institutionnels s’y intéressent, tout comme certaines family offices, séduits par la stabilité des flux. 

L'apparition d'investisseurs secondaires, qui rachètent des parts détenues par d'autres fonds, illustre cette maturité croissante : ils injectent de la liquidité dans un univers qui, il y a une décennie, n'intéressait que producteurs et maisons d'édition. 

Des accords majeurs aux rendements mineurs  

L’accès à ce marché reste sélectif. Les particuliers n’achètent pas directement des chansons ou des droits d’auteur, mais investissent le plus souvent par l’intermédiaire de structures financières dédiées. 

Certaines sociétés créent des fonds spécialisés dans les droits musicaux, à la manière de fonds professionnels de capital investissement (FPCI) : elles lèvent du capital, acquièrent des catalogues, puis redistribuent les revenus issus des royalties. 

Ces fonds fonctionnent sur le modèle du private equity : un horizon d’investissement long (souvent 7 à 10 ans), des actifs peu liquides, mais un potentiel de rendement régulier — entre 5 % et 10 % par an selon les estimations. D’autres structures, plus récentes, permettent d’accéder à des parts fractionnées d’un catalogue, mais restent marginales et souvent réservées à des investisseurs avertis. 

Un placement atypique, entre chiffres et patrimoine 

Mais l’engouement n’est pas sans risque. Les valorisations ont atteint des sommets — jusqu’à 20 fois les revenus annuels pour certains catalogues — avant de se stabiliser. La rentabilité dépend de la pérennité des écoutes et des modes de consommation : une chanson virale aujourd’hui peut tomber dans l’oubli demain. 

Pour autant, la musique conserve une singularité irréductible : elle marie rendement comptable et valeur sentimentale. Elle n'est pas un instrument financier synthétique, mais une trace vivante du patrimoine collectif. Pour nombre d'investisseurs, miser sur une composition revient à parier sur une émotion qui traverse les générations. 

Le refrain d’un marché en quête d’accord parfait 

À l’heure où l’art, le vin, le cinéma ou les montres de collection s’imposent comme actifs alternatifs, la musique joue sa propre partition : celle d’un secteur qui unit rationalité économique et passion artistique. 

Une question demeure : cette mise en équation ne risque-t-elle pas d'altérer ce qu'elle cherche à consacrer ? Entre harmonie et bilan, l'équilibre demeure précaire : traduire une œuvre en ligne comptable relève d'un pari aussi séduisant qu'incertain. 

 

Rédigé par VEGA Investment Solutions en décembre 2025. Les analyses et les opinions mentionnées représentent le point de vue de l’auteur. Elles ont été émises en décembre 2025 et sont susceptibles d’évoluer. Elles ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle. Les références à des valeurs mobilières, des secteurs ou des marchés spécifiques dans le présent document ne constituent en aucun cas un conseil en investissement, une recommandation ou une sollicitation d’achat ou de vente de valeurs mobilières, ou une offre de services. Tout investissement comporte des risques, y compris le risque de perte en capital. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. 

Sources