Si l’épidémie du Covid-19 impacte largement les marchés actions, son effet est également conséquent sur les marchés obligataires. Pour cause, ce sont les Etats qui agissent pour limiter l’impact de l’épidémie sur leur économie, ce qui augmente fortement leurs dettes. Il en est de même pour les entreprises forcées de contracter des dettes pour continuer à payer leurs charges.
La forte influence des banques centrales sur les marchés d’obligations souveraines
Sous l’influence de l’intervention des banques centrales, les taux ont reculé sur les marchés de dettes souveraines. Les banques centrales ont cherché à rendre les conditions de financement favorables pour les Etats ayant besoin de faire des emprunts importants pour faire face à l’épidémie de coronavirus.
- Des pays développés épaulés par leurs banques centrales
Les banques centrales, aussi bien américaines qu’européennes, ont engagé des programmes massifs de rachats d’actifs de dettes souveraines pour éviter une remontée des taux d’intérêt. Les obligations américaines ont vu leur taux à 10 ans baisser très fortement.
Parce que l’Europe est hétérogène, le résultat de l’action de la BCE est différent en fonction des pays. Les taux de financement des Etats du cœur de l’Europe comme l’Allemagne ont nettement chuté. A l’inverse, les conditions d’emprunt des pays périphériques comme l’Italie ou l’Espagne se sont durcies, ces pays ayant été plus touchés par la pandémie et souffrant déjà d’un endettement important.
- Les économies des pays émergents fragilisées par la crise du pétrole
Pour les pays émergents, les dynamiques sont très différentes. Ces pays ont souvent des balances des paiements déficitaires, et leurs banques centrales ont moins été en mesure de protéger leurs monnaies. Aussi, malgré l’intervention des banques centrales, les pays émergents ont plus souffert de la crise, en particulier ceux dont les économies étaient liées au pétrole, ce dernier ayant subi de fortes baisses depuis le début de l’année.
Un impact disparate sur les marchés des obligations privés
Sur la dette privée, nous manquons de visibilité sur les risques de défaut des entreprises. Certaines sociétés sont déjà fragilisées parce qu’elles ont subi des privations de liquidité, mais pour les entreprises de la catégorie ‘Investment grade ’ le risque est moins important, parce que ce sont des sociétés qui ont des bilans beaucoup plus solides.
En Europe, la BCE a annoncé que les entreprises ‘Investment grade ’ qui ont été ou pourraient être dégradées en catégorie ‘High Yield ’ du fait de la pandémie de coronavirus, devraient être éligibles à des programmes de financements et de rachats d’actifs.
Montée en puissance du risque
Si les obligations à risques sont essentiellement les obligations privées, certains pays émergents ont par le passé fait défaut sur leurs dettes. Sur les marchés obligataires de dettes souveraines, les primes de risque ont augmenté de façon disparate. Depuis le début de cette crise, la catégorie ‘Investment grade ’ a vu ses primes de risque multipliées par trois. En zone euro, elle est proche 1,9 % pour l’Investment grade, et entre 7 et 8 % pour la catégorie High Yield .
Le risque sur les marchés de dettes émergentes qu’elles soient privées ou souveraines va probablement continuer d’augmenter. La crise des prix du pétrole a fortement affecté les économies des pays dits émergents, car beaucoup ont une économie liée de près ou de loin au marché du pétrole.
Propos recueillis le 05/05/2020 auprès de Nuno Teixeira chez Natixis IM Solutions. Les analyses et les opinions mentionnées ci-dessus représentent le point de vue de l’auteur. Cet article ne constitue pas un conseil en investissement ni une recommandation ou une offre d’achat ou de vente de titres.
(1) Correspondent aux obligations émises par les emprunteurs qui reçoivent une note allant de AAA à BBB- par les agences de notation, selon l’échelle de Standard & Poor’s.
Source : Marketing Réseaux de Natixis IM
(2) Obligations dont la notation par les agences est inférieure ou égale à BB+. Elles affichent un risque de défaut de remboursement et un rendement associé supérieurs à celui des obligations « Investment Grade ».
Source : Ostrum Asset Management