Fed : statu quo pour les taux
Pas de secousse dans les taux : la Réserve fédérale américaine (Fed) garde le cap et maintient ses taux directeurs entre 5,25 % et 5,50 % : une position inchangée depuis plusieurs mois, malgré un net ralentissement de l’inflation. Prudence est mère de stabilité, surtout dans un contexte encore très brumeux sur le plan économique comme géopolitique.
Jerome Powell, le pilote en chef de la Fed, préfère le statu quo. L’inflation (2,8 % en mai selon l’indice PCE) se rapproche certes de l’objectif sacré des 2 %, mais l’horizon reste flou. Les nouveaux droits de douane promis par Donald Trump risquent de raviver les tensions sur les prix, et pourraient mettre le feu à la chaîne d’approvisionnement avant même que les marchés aient pu en prendre la mesure. Autre facteur scruté de près : les anticipations d’inflation. Car si les acteurs économiques se mettent à croire à la hausse des prix, ils pourraient bien finir par la provoquer eux-mêmes, dans une boucle autoréalisatrice que la Fed veut à tout prix éviter. Résultat : pas question de précipiter une baisse des taux, malgré les appels insistants de la Maison-Blanche, et un Donald Trump plus qu’insistant pour lâcher l’étau monétaire. Mais pour l’institution, tant que l’emploi tient bon et que l’économie reste solide (croissance attendue à 1,4 % en 2024), il n’y a pas urgence à desserrer la vis.
Les marchés, eux, lisent entre les lignes – ou plutôt entre les « dot plots », ces graphiques énigmatiques qui dévoilent les prévisions internes des membres de la Fed. Un, deux assouplissements ? Peut-être un demi-point d’ici fin 2024, mais rien de figé. D’autant que les effets des hausses de droits de douane ne sont pas encore quantifiables.
Euro : la monnaie unique au plus haut depuis 4 ans
À plus de 1,16 dollar, son plus haut niveau depuis 2021, l’euro s’offre une envolée qui complique sérieusement la tâche des trésoriers d’entreprise. Face à ce grand écart monétaire, certains comparent l’incertitude actuelle à celle de la crise du Covid. Une chose est sûre : leurs prévisions budgétaires pour 2025, souvent calées autour de 1,05 dollar, sont déjà dépassées.
Avec un billet vert en berne, les revenus en dollars se voient mécaniquement rabotés lorsqu’ils sont convertis en euros. Le mouvement de rebond de l'euro a pris de court de nombreux trésoriers, et a ainsi heurté la compétitivité des groupes européens. Depuis, ces derniers multiplient les stratégies de couverture, notamment via des options, pour éviter de se brûler les ailes. Certains secteurs sont plus exposés que d’autres : là où la grande distribution anticipe sur quelques mois, l’aéronautique regarde à plusieurs années. Et si la monnaie unique continue sa course vers les sommets – certains évoquent les 1,25 dollar –, les comptes 2026 pourraient s’en ressentir.
Face à cette poussée monétaire et au contexte de tensions commerciales, produire directement aux États-Unis redevient une piste envisagée. Mais investir de l’autre côté de l’Atlantique n’est pas sans obstacles : salaires élevés, difficultés de recrutement… et une guerre commerciale qui jette un flou durable. En attendant, les projets d’acquisition aux États-Unis sont, eux, mis en pause. L’euro grimpe, mais les ambitions restent clouées au sol.
Fonds : petites capitalisations, grandes ambitions
Longtemps délaissées, les petites et moyennes capitalisations boursières, appelées « SMID » (Small & Mid Caps), reviennent sous le feu des projecteurs. Depuis le début de l’année, l’indice MSCI Europe SMID Cap a bondi de 10,5 %, surpassant largement les grandes valeurs et même son cousin américain, toujours en baisse. Une performance saluée, après des années de traversée du désert.
Pourquoi ce regain d’intérêt ? D’abord, parce que ces entreprises sont moins exposées aux tensions internationales. Avec deux tiers de leurs revenus générés en Europe, elles ont été relativement épargnées par la guerre commerciale. Ensuite, parce que la baisse des taux initiée par la Banque centrale européenne (BCE) leur redonne de l’oxygène : 45 % de leur dette est à taux variable, contre seulement 14 % pour les grandes capitalisations, permettant de détendre leur coût de financement plus vite.
Le « Liberation Day », (“Jour de la Libération” en anglais), date d’instauration des nouvelles taxes douanières début avril par Donald Trump, a marqué un tournant. Après un premier trimestre timide, les fonds SMID sont repassés en collecte nette dès mai. Et les signaux sont au vert : les fonds allemands, boostés par les dépenses de défense, dominent la collecte avec 2,6 milliards d’euros. En France, la Caisse des Dépôts met 500 millions d’euros sur la table pour soutenir 25 fonds dédiés aux PME cotées, de quoi nourrir une dynamique durable.
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