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Comprendre l’économie et les marchés financiers pour mieux gérer votre épargne.
26.06.25

Les trois actualités de la semaine au 26.06.2025

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Géopolitique : les marchés seraient-ils immunisés aux chocs ? 

Bombardement en Iran, droits de douane au plus haut depuis un siècle, budget américain en roue libre… et pourtant, les marchés financiers restent d’un calme olympien, les niveaux de valorisations des actions américaines restent élevés et les taux longs stabilisés. Ni krach, ni panique : malgré la multiplication des secousses géopolitiques et économiques, les indices boursiers tiennent bon, comme s’ils avaient développé une forme d’immunité.  

Ce lundi encore, après l’attaque américaine sur des sites nucléaires iraniens, ni le baril de Brent ni les actions n’ont vraiment vacillé. Le pétrole oscille gentiment autour des 72 dollars le baril, loin des 130 dollars redoutés en cas d’escalade régionale. Même le spectre d’une guerre commerciale persistante depuis l’enclenchement des tarifs douaniers par Donald Trump le 2 avril lors du “Liberation Day” semble glisser sur les marchés, qui préfèrent se raccrocher aux « hard data » : les chiffres économiques et les résultats d’entreprises, plutôt que les gros titres alarmants. Vient s’ajouter à cela l’effet « TACO » (“Trump Always Chickens Out” : Trump se dégonfle toujours), la tendance du président américain à faire des “deals” économiques explosifs mais à quasi-systématiquement revenir dessus, et privilégier le statu quo et la bonne santé des marchés. 

Mais cette sérénité n’est peut-être qu’apparente. Derrière le calme en façade, les indicateurs avancés se montrent beaucoup plus pessimistes : chute du moral des ménages, retour des anticipations d’inflation, signes d’essoufflement dans l’économie américaine. En réalité, la clé est la temporalité : les conséquences concrètes sur les prix, la croissance et l’emploi des droits de douane imposés par Trump, même si la majorité d’entre eux ont été revus à la baisse, devraient prendre entre un et six mois pour se manifester. Et par-dessus le marché, des coupes budgétaires dans la recherche scientifique et environnementale, ajoutées à des expulsions massives de travailleurs illégaux auront forcément un impact sur l’économie. Alors même que les successions de crises depuis le Covid semblent avoir créé une immunité boursière, elle ne l’est de fait qu’en apparence. L’été souvent peu liquide sur les marchés pourrait servir de révélateur : Si les investisseurs venaient à douter, un simple faux pas pourrait suffire à les faire tanguer.  

  

UE : dérégulation de la dette souveraine par les hedge funds 

Dans son dernier rapport sur la stabilité financière, la Banque de France tire la sonnette d’alarme : sur la scène de la dette souveraine européenne, les fonds spéculatifs appelés “hedge funds”, jadis beaucoup plus discrets, représentent désormais plus de la moitié des échanges sur les titres d’États de la zone euro. Une montée en puissance qui, si elle dope la liquidité, fait grincer les dents des régulateurs. 

Les fonds, distingués par leur stratégie risquée à l’effet de levier élevé, sont émis principalement par des gestionnaires américains (83 % des encours mondiaux à fin 2023) domiciliés aux îles Caïmans, réputées pour leur avantageuse fiscalité et réglementation. Mais en quoi cela est problématique ? Leur transparence n’est aussi fine qu’un rideau de fumée. Domiciliés hors Union européenne (UE), peu encadrés, et difficilement traçables, ils échappent en partie aux radars des superviseurs. Autrement dit, quand le vent tourne, leurs positions peuvent se déliter à toute vitesse, amplifiant les turbulences sur les marchés. Ce fut le cas en mars 2020 et plus récemment sur les taux américains en avril 2025. 

Des organismes comme l’Agence France Trésor s’efforcent de limiter leur part de titres lors des émissions de dette pour privilégier des acheteurs à l’horizon de détention long-termiste, moins à même de se débarrasser de leurs obligations souveraines après les premiers obstacles financiers. Cependant, le recul de la Banque centrale européenne (BCE) dans le cadre de son resserrement quantitatif (QT) et la multiplication des emprunts d’État ont ouvert un boulevard aux hedge funds. Résultat : en 2023, ils représentaient 55 % des volumes échangés sur les titres souverains européens. L’Europe et le Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board, FSB) planchent donc sur de nouvelles règles pour mieux cerner ces acteurs insaisissables à l’aide de nouvelles exigences de transparence, dans un contexte où les régulations actuelles ne sont pas suffisantes car ne couvrant pas les transactions conclues entre deux contreparties situées hors de l'Union européenne. 

 

French Tech : les levées de fonds toujours en peine 

La « start-up nation » fait grise mine. Après l’euphorie des années post-Covid, les levées de fonds des jeunes pousses françaises poursuivent leur dégringolade : 13,5 milliards d’euros en 2022, puis 8,3 en 2023, et 7,8 en 2024. Les cinq premiers mois de 2025 affichent une chute de 30 % par rapport à la même période l’année dernière, n’annonçant rien de bon pour cette cuvée des investissements technologiques en France. 

Quelques exceptions dans les secteurs du spatial, de l’énergie et le quantique tirent encore leur épingle du jeu et réussissent à engranger 100 millions d’euros ou plus, mais elles restent rares. Même les géants doivent jouer les équilibristes pour séduire les investisseurs dans un climat devenu plus froid qu’auparavant. Et pour les plus jeunes et fragiles structures, c’est glacial, surtout dans la GreenTech, secteur qui depuis l’élection de Donald Trump, est sorti des radars des Américains et est devenu beaucoup moins porteur en Europe. Car au-delà de la météo économique, c’est la météo politique qui refroidit : dissolution surprise de l’Assemblée anticipée par les marchés, incertitudes sur les majorités à venir, avec tensions géopolitiques au Moyen-Orient et guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis en toile de fond.  

La réaction des investisseurs est sans appel : ils serrent les cordons de la bourse et changent de boussole. Aujourd’hui, les start-up subissent la cure d'austérité, réduisent les coûts superflus et diversifient leurs sources de financements pour pouvoir survivre. Certaines misent sur le chiffre d’affaires et la dette bancaire, d’autres osent la Bourse pour préserver leur indépendance, et certaines font même le choix de devenir plus américaines que françaises en s’expatriant Outre-Atlantique. 

Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de (des) l’auteur (s) référencé(s). Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle. 

Sources :