Banque de France : prévisions de croissance abaissées pour 2025
Dans sa dernière note de conjoncture, la Banque de France prévoit 0,6 % de croissance pour 2025, contre 1,2 % espérés neuf mois plus tôt. Une révision à la baisse qui s’inscrit dans une série de coupes claires, signe que l’économie française patine, sans toutefois sombrer dans la récession.
Un climat mondial alourdi par les tensions commerciales venues des États-Unis se trouve parmi les raisons de ces ajustements, avec des menaces de droits de douane à 50 % brandies par Donald Trump qui ont fait planer un nuage d’incertitude sur les exportations françaises. Même sans escalade, ces nouvelles barrières pourraient coûter 0,4 point de PIB à la France d’ici 2027. Et si le scénario “sévère” se concrétise (avec taxes et représailles à 20 %), la croissance 2025 pourrait se contracter à un maigre 0,3 %. Heureusement, la demande intérieure tient encore le cap. Si les ménages lèvent un peu le pied côté dépenses, l’État, lui, mettra la main au portefeuille pour compenser.
La consommation reste le principal levier de croissance, même si sa hausse (0,7 % prévue cette année) reste timide. Le taux d’épargne, lui, reste au-dessus des 18 %, loin des niveaux d’avant-Covid. Côté inflation, c’est positif : les prix n’augmenteraient que de 1 % en 2025, portés par le reflux des prix de l’énergie. Et pour finir, le chômage devrait être relativement contenu autour de 7,6 % (par rapport à 7,4 % en 2024), grâce à un rebond de productivité sur le territoire hexagonal.
Terres rares : un accord sino-américain relance les exportations
Après des mois de tensions, un accord de principe entre la Chine et les États-Unis relance, partiellement en tout cas, les exportations de terres rares, ces métaux critiques qui font vibrer nos smartphones, tourner nos éoliennes et ronronner les moteurs des voitures électriques.
Plusieurs géants chinois de la “Rare Earth” ont reçu le feu vert pour reprendre leurs livraisons vers l’Europe, les États-Unis et l’Asie du Sud-Est. Une annonce qui a bien plu aux marchés, comme le démontre les +12 % de la Bourse de Hong Kong. Mais ce déblocage, limité à six mois, reste suspendu à de délicats équilibres diplomatiques. En échange, Washington serait prêt à desserrer l’étau sur les visas étudiants et certaines exportations technologiques. Malgré une entente apparente, la crise n’est pas totalement désamorcée : la Chine impose encore des contrôles stricts à l’export, craignant que ces métaux ne servent à des usages militaires. Résultat : procédures à rallonge, chaînes de production à l’arrêt dans l’automobile Outre-Atlantique, et gros coup de frein pour son homologue européen. En coulisses, Bercy tente de fluidifier les autorisations, misant sur des « ruptures temporaires » plutôt qu’un embargo officiel.
En toile de fond, c’est toute la dépendance stratégique de l’Occident qui refait surface. La Chine assure 60 % de l’extraction mondiale de terres rares et 90 % de leur raffinage. Face à ce quasi-monopole, le monde Occidental accélère le pas : projets de raffineries en France, relance de sites aux États-Unis, et découvertes prometteuses en Suède. L’objectif : ne plus laisser les métaux stratégiques entre des mains trop rares.
États-Unis : menace d’une taxe sur la croissance des pays du Sud
C’est une mesure qui fait tousser de Mexico à Mumbai. Dans un coin discret de son « One Big Beautiful Bill », Donald Trump a glissé une taxe de 3,5 % sur les transferts d’argent envoyés par les migrants depuis les États-Unis. Un impôt insignifiant pour Washington, mais un torrent de conséquences pour les pays du Sud.
Cette taxe, loin d’être symbolique, menace un pilier économique. À titre d’exemple, l’Inde, championne du monde des remises migratoires de la part de sa diaspora à travers le monde, a reçu près de 138 milliards de dollars en 2024, dont un quart vient des États-Unis. Une somme qui pourrait désormais être sujette à des pertes dues aux taxes américaines. Selon le Center for Global Development, un think tank de Washington, elles seraient plus douloureuses encore que les coupes dans l’aide au développement. Le Mexique, lui, verrait s’évaporer 2,6 milliards de dollars par an. Ces envois d’argent sont bien plus qu’un soutien familial : ce sont des amortisseurs économiques, des bouées de sauvetage pour l’alimentation, la santé, l’éducation. En 2024, ils ont représenté 685 milliards de dollars pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, soit bien plus que l’aide publique et les investissements étrangers réunis.
Pour justifier sa taxe, l’administration Trump brandit l’argument de la sécurité des frontières. Mais selon les experts, les migrants trouveront vite des chemins de traverse : cryptomonnaies, réseaux informels… autant de canaux qui échapperont aux radars du fisc américain. Une mesure qui, à vouloir lever une goutte financière, pourrait faire déborder le vase diplomatique. Pour l’instant, seule la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a publiquement tiré la sonnette d’alarme, qualifiant la taxe « d’inacceptable ».
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