Croissance française : un 3e trimestre qui décolle
L’économie française a déjoué les pronostics au troisième trimestre : +0,5 % de croissance du produit intérieur brut entre juillet et septembre, selon les données publiées par l’Institut national de la statistique (INSEE). Un résultat supérieur aux 0,3 % attendus, qui confirme le redressement progressif de l’activité malgré un contexte politique et international incertain. Avec un acquis de croissance déjà à 0,8 % fin septembre, la France se place parmi les bons élèves de la zone euro, dépassant de peu l’Allemagne et se rapprochant du rythme espagnol.
Cette performance s’explique notamment par le redémarrage de secteurs clés de l’industrie, dont celui de l’aéronautique, longtemps ralenti par les pénuries d’après-crise. L’investissement, lui, retrouve des couleurs, porté par la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne qui assouplit la charge de crédit pour les ménages comme pour les entreprises. Dans le même temps, la stabilité de la consommation des ménages, compensée par un rebond de la dépense énergétique et des biens manufacturés, contribue à solidifier la reprise. À cela s’ajoute l’effet des dépenses de défense, désormais moteur à part entière de la croissance européenne.
Si la trajectoire de croissance semble mieux orientée, elle repose sur un équilibre encore fragile. Les finances publiques sous tension, les débats budgétaires en suspens et les avertissements des agences de notation rappellent que l’embellie reste conditionnée à une discipline budgétaire durable. En bref, l’économie de la France s’envole doucement en fin d’année, mais devra traverser quelques turbulences en 2026 pour confirmer ce rebond.
Fed : nouvelle baisse des taux, mais l’inflation inquiète
La Réserve fédérale américaine (Fed) a abaissé une nouvelle fois ses taux directeurs d’un quart de point, les ramenant entre 3,75 % et 4 %, dans un contexte économique incertain. Si la décision vise à soutenir un marché du travail fragilisé, elle intervient alors que l’inflation repart à la hausse, flirtant à nouveau avec les 3 %. Pour la Fed, la marge de manœuvre est étroite : relancer sans attiser les prix.
Cependant, le climat politique complique la tâche. La paralysie budgétaire prive la banque centrale de nombreux indicateurs clés, tandis que le ralentissement des créations d’emplois et la multiplication des annonces de licenciements font craindre une dégradation durable de l’activité. Les tensions s’ajoutent au sein même du comité de politique monétaire : certains plaident pour une baisse plus marquée afin d’éviter la récession, d’autres redoutent de nourrir de nouvelles pressions inflationnistes. Le maintien d’un discours prudent par la Fed a d’ailleurs refroidi les marchés, jusque-là galvanisés par l’idée d’un assouplissement prolongé.
Cette décision illustre la difficulté de position de la banque centrale américaine : une inflation encore trop élevée, un emploi qui s’essouffle, et une économie menacée par l’incertitude politique. Si un nouvel abaissement des taux en décembre reste possible, il dépendra de la stabilité des prix et du redressement du marché du travail.
BCE : statu quo pour les taux, la vigilance est de mise
La Banque centrale européenne (BCE) privilégie le statu quo. Pour la troisième fois consécutive, son principal taux directeur reste figé à 2 %, signe d’une stratégie de prudence dans un environnement mondial encore instable. L’inflation, revenue autour de la cible fixée par Francfort, et la croissance légèrement supérieure aux attentes offrent un répit à l’institution monétaire. Depuis Florence, où s’est tenue la réunion du conseil des gouverneurs, le message est clair : patience règne en maître sur précipitation.
Malgré un contexte mondial sous tension, la zone euro continue d’avancer. La croissance du PIB a progressé de 0,2 % au troisième trimestre, soutenue par un marché du travail robuste et des bilans d’entreprises solides. La France a surpris positivement avec une hausse de 0,5 % de son activité, tandis que l’Allemagne a évité de peu la récession. En parallèle, l’inflation, qui culminait à plus de 10 % en 2022, s’est largement apaisée, reflet du reflux des prix de l’énergie.
Mais la prudence reste de mise : entre tensions géopolitiques, différends commerciaux à l’échelle mondiale, ralentissement global de l’économie, tensions sur les chaînes d’approvisionnement et fragilités industrielles, les nuages n’ont pas totalement quitté le ciel européen, et celui-ci pourrait s’assombrir à tout moment dans les prochains mois.
Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de (des) l’auteur (s) référencé(s). Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.
Sources :





