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Comprendre l’économie et les marchés financiers pour mieux gérer votre épargne.
28.11.24

Les trois actualités de la semaine au 28.11.2024

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France : prime de risque au plus bas depuis 2012 

Coup de théâtre sur les marchés obligataires : pour la première fois depuis la crise de la dette de 2012 en zone euro, le taux à 10 ans de la France a frôlé celui de la Grèce, tandis que l’écart franco-allemand s’élargissait à 89 points de base. Si autrefois Paris dominait largement Athènes, les investisseurs semblent désormais juger leurs risques quasi équivalents. 

La montée de la nervosité s’explique par une triple menace : une instabilité politique croissante, des déficits publics dérapant à 5,6 %, et des tensions autour du budget. La pression pourrait encore s’accentuer en cas de censure gouvernementale, avec une aggravation du “spread” (l’écart de taux) entre Paris et Rome, déjà réduit à 40 points de base. 

À cela s’ajoute un défi colossal : lever 300 milliards d’euros en 2025, un montant record. Bien que le rendement actuel des obligations françaises (3,2 %) puisse attirer des investisseurs, l’Agence France Trésor devra redoubler d’efforts pour rassurer des marchés inquiets, tandis que certains hedge funds (gestion alternative) envisagent des stratégies agressives sur la dette française. Même si pour l’heure les signaux ne pointent pas vers un gouffre qui engendrerait la panique généralisée, le spectre de turbulences financières plane sur les marchés français.  

 

Europe : Trump a fait baisser la température des obligations d’État 

Dans l’ombre des flambées de Wall Street et du “Trump Trade” (transactions boursières liées à des valeurs dont le président américain est favorable), une baisse inattendue a marqué les rendements des obligations d’État européennes : depuis le 6 novembre, les taux à 10 ans ont chuté de plus d’un quart de point. Le Bund allemand est tombé à 2,19 % (contre 2,48 %), et le taux français, plombé par des blocages législatifs, a reculé à 3,05 %. 

Ce phénomène, surprenant au regard de la hausse parallèle des taux américains, reflète des trajectoires économiques divergentes entre les deux rives de l’Atlantique. Aux États-Unis, les politiques protectionnistes et fiscales promises par Trump alimentent les craintes d’un retour de l’inflation. Résultat : les rendements des Treasuries (les bons du trésor en français, correspondant aux obligations de l’État) restent élevés, avec une Fed (Federal Reserve, banque centrale américaine) moins disposée à poursuivre ses baisses de taux. En Europe, le scénario est inversé. Face à une inflation sous contrôle et une croissance freinée par une politique monétaire jugée trop rigide, les marchés anticipent un futur déclenchement de l’assouplissement monétaire par la Banque centrale européenne (BCE). Six baisses de taux sont prévues d’ici juin 2025, et certains traders spéculent sur un geste plus fort dès janvier. 

Cette déconnexion entre les politiques monétaires des deux zones reflète une leçon de géopolitique financière : quand Trump souffle le chaud aux États-Unis, l’Europe, elle, mise sur le froid calculé pour éviter la surtempérature.  

 

Corée du Sud : baisse des taux pour anticiper les tempêtes tarifaires  

Séoul ne veut pas attendre que le ciel s’assombrisse. Ce jeudi, la Banque centrale de Corée du Sud (BoK) a pris les devants avec une baisse surprise de son taux directeur de 0,25 %, le ramenant à 3 %. Une manœuvre inhabituelle, la deuxième en deux mois, prise en réaction aux craintes grandissantes d’un ralentissement économique mondial à venir et des nuages protectionnistes venus de Washington. 

La croissance sud-coréenne s’essouffle : prévue à 2,2 % en 2024 et 1,9 % en 2025, elle est revue à la baisse par rapport aux prévisions du mois d’août (respectivement 2,4% et 2,1%). La demande intérieure est faible, les exportations marquent le pas, notamment vers la Chine et l’Europe, et la pression monte sur les multinationales coréennes, les Chaebol, déjà bousculées par la baisse des commandes américaines. De plus, la menace de nouveaux tarifs douaniers américains visant la Chine, pénaliseront aussi les produits coréens intégrés à ces chaînes d’approvisionnement. S’ajoute à cela le spectre d’une taxe de 25 % sur les produits en provenance du Mexique et du Canada, où les entreprises coréennes ont massivement investi pour contourner les barrières chinoises. Un scénario qui pourrait sabrer les exportations sud-coréennes vers les États-Unis. 

Face à ces vents contraires, le gouvernement applaudit la décision de la BoK. Le ministre des Finances, Choi Sang-Mok, y voit une bouffée d’air pour stimuler la demande intérieure et protéger les foyers coréens. Reste à voir si ce filet de sécurité monétaire suffira à amortir un choc dont les répercussions pourraient se faire sentir bien au-delà des frontières de Séoul. 

 

Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de (des) l’auteur (s) référencé(s). Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle. 

Sources :