Euro : plus haute appréciation en 4 ans face au dollar
Depuis janvier, l’euro s’offre une ascension fulgurante : +14 % face au dollar, hissant la monnaie européenne proche du seuil symbolique de 1,20 dollar. Mardi, il a atteint l’équivalent de 1,1878 billet vert, son plus haut niveau en quatre ans.
Premièrement, cette progression doit beaucoup à la divergence des politiques monétaires : la Réserve fédérale américaine (Fed) enchaîne les baisses de taux, quand la Banque centrale européenne (BCE) campe sur sa position, estimant la désinflation terminée. Deuxièmement, l’une des autres raisons de cette baisse est dû au fait que le billet vert a perdu de son éclat, lesté par une dette publique colossale et par les turbulences politiques qui fragilisent la Fed. À titre d’exemple, l’indice pondéré du dollar (contre les devises de ses principaux partenaires commerciaux) a déjà reculé de plus de 10 % cette année. Inversement, l’Europe surprend agréablement : croissance autour de 1 %, inflation à 2 %, et relèvements de notes pour l’Espagne et le Portugal, redorant l’image du Vieux Continent aux yeux des investisseurs, malgré des inquiétudes liées à la crise politique française.
Alors, une question se pose : la barre des 1,20 dollar est-elle franchissable ? Au-delà d’être un chiffre rond, c’est un seuil psychologique dangereusement surveillé, qui fait trembler exportateurs et banquiers centraux. Car au-delà, un euro trop fort risque d’éroder la compétitivité et de freiner l’inflation.
Fed : première baisse de taux depuis un an
Après des mois de suspense et de pressions répétées de Donald Trump, la Réserve fédérale américaine (Fed) a enfin enclenché la détente monétaire. Jerome Powell, Président de l’institution, a annoncé une baisse de ses taux directeurs d’un quart de point, désormais fixés entre 4 % et 4,25 %. Un geste jugé timide par les proches du président américain, qui rêvaient d’une réduction plus poussée.
Cette décision marque la première diminution depuis un an, sur fond d’un marché du travail qui montre des signes d’essoufflement : plus de 900 000 emplois détruits en un an, et un rythme de créations de postes divisé par deux (70 000 au lieu de 150 000 projetés). Autant de chiffres qui ont pesé lourd dans la balance de la Fed, malgré une inflation toujours élevée à 2,9 %. Autre surprise entrant dans l’équation de la baisse : la nomination éclair de Stephen Miran, proche de Trump et meneur du Comité des conseillers économiques (CEA) de la Maison-Blanche, au conseil des gouverneurs de la Fed. Prêtant serment juste à temps pour voter pour la baisse des taux dont il est si fermement partisan, l’ironie fit que ce dernier vota contre la décision finale, pas satisfait du quart de point, préférant le demi.
Dans un contexte de ralentissement global de l’économie américaine, pour les marchés, cette diminution de taux n’est que le commencement. Les experts financiers en espèrent au moins trois en 2025, tandis que la Fed n’en promet que deux. Et même si les gouverneurs sont plus optimistes quant aux projections (1,6 % de croissance contre 1,4 % prévues en juin), il reste à savoir si cette baisse de régime n’est qu’une courte contraction, ou une récession en devenir.
IA : nouvelle locomotive du commerce mondial en 2040
Selon l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), l’intelligence artificielle pourrait donner un sérieux coup d’accélérateur aux échanges internationaux, avec une progression estimée entre +34 % et +37 % d’ici 2040. Comment cela sera possible ? En réduisant les frictions : traduire les langues, démêler la paperasse douanière, ou encore aiguiller les PME (Petite et Moyennes Entreprises) vers de nouveaux marchés. En bref, elle permettrait de fluidifier le commerce mondial en le rendant moins coûteux et plus accessible.
Toujours selon l’OMC, l’IA multiplierait le nombre de services échangés dans le monde et améliorerait la productivité, particulièrement dans les secteurs où les biens et services sont plus échangés que la moyenne. Les bénéfices seraient d’abord visibles dans les pays riches, mieux équipés en infrastructures et compétences numériques, mais les économies émergentes pourraient aussi tirer leur épingle du jeu. L’IA permettrait à leurs travailleurs qualifiés de rivaliser plus directement avec ceux des pays développés. À la clé, une redistribution possible des cartes de la compétitivité mondiale… mais aussi des tensions sur l’emploi et les salaires dans certaines professions.
Encore faut-il nourrir la machine : l’IA dépend des semi-conducteurs, des serveurs et des minerais stratégiques (silicium, cobalt, cuivre…), dont le commerce mondial atteint déjà 2 300 milliards de dollars. Néanmoins, entre restrictions sur les terres rares par des tensions politiques entre Chine et États-Unis affectant les échanges de minerais, et ambitions de pays comme le Vietnam ou le Kenya de rejoindre la chaîne de valeur, une nouvelle géopolitique du commerce high-tech est en marche. L’IA pourrait en 2040 véritablement redistribuer les cartes de pouvoir dans le commerce international. Toutefois, comme le rappelle l’OMC, c’est d’abord la tech qui a besoin des échanges mondiaux pour subsister : « le commerce est l’essence qui fait tourner le moteur de l’IA » : reste à savoir qui tiendra le volant.
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