Union Européenne : baisse des taux de la BCE
La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé ce jeudi son taux de dépôt de 25 points de base, le fixant à 3 %, tout en annonçant qu’elle restait prête à en faire davantage si nécessaire. Si certains espéraient un assouplissement plus important de 50 points de base, l’institution de Francfort a opté pour la prudence, portée par des signaux économiques mitigés. Les taux de dépôt, de refi (facilité de refinancement) et du prêt marginal sont désormais respectivement à 3, 3,15 et 3,4 %.
Cette baisse timide s’explique par le fait que le PIB européen a montré un léger rebond en novembre et que l’inflation s’est établie à 2,3 %, un niveau proche de la cible de la BCE. Pourtant, la croissance reste toujours fragile et la perspective d’une inflation tombant sous les 2 % est encore loin. Face à cette situation, d’autres banques centrales, comme celles du Canada et de la Suisse, ont fait preuve de baisses plus marquées, rendant l’approche européenne presque faible en comparaison. Malgré tout, ce quatrième assouplissement monétaire depuis juin ne marque toutefois pas la fin du cycle baisser. Au contraire, la BCE a pendant sa réunion radicalement changé son discours, montrant même que les “faucons” de son Conseil des gouverneurs, partisans de taux élevés, étaient prêts à plonger.
Ainsi, en enlevant la terminologie habituelle sur ses communiqués de presse « les taux d'intérêt directeurs à un niveau suffisamment restrictif, aussi longtemps que nécessaire », la BCE affirme ferme que les baisses se poursuivront pour soutenir l’économie européenne. L’enjeu à débattre pour le futur : trancher sur le rythme de l'assouplissement, et le montant des taux à abaisser.
France : des surendettements qui se multiplient
Le surendettement en France repart à la hausse, avec un bond de 12 % du nombre de dossiers déposés entre janvier et octobre 2024 par rapport à la même période en 2023, selon le dernier rapport de la Banque de France. Une tendance inquiétante, d’autant plus marquée par une nouveauté : beaucoup de ces dossiers ne contiennent ni gros crédits ni dettes exorbitantes, mais seulement des charges courantes devenues insurmontables.
Évoqué par l’association Crésus, un organisme accompagnant les personnes en situation de surendettement et d'exclusion bancaire, une des situations illustrant cette tendance est constatée pour un dossier passé par le système bien que possédant une maigre dette de 1 500 euros, montrant une précarité croissante, exacerbée par l’inflation. Même son de cloche du côté des banques, qui remarquent une intensification de la pauvreté parmi ses clients les plus fragiles, qui doivent de plus en plus être redirigés vers des instances pour renégocier leur dette. Autre signal d’alarme : la hausse des inscriptions au fichier des incidents de remboursement (+3,7 % sur les dix premiers mois de l’année par rapport à 2023). Enfin, à cela s’ajoute un phénomène discret mais grandissant : des autoentrepreneurs en difficulté, souvent issus de l’explosion du travail indépendant pendant la crise du Covid, peinent à sortir la tête de l’eau. Leurs cas, non comptabilisés dans les chiffres officiels, gonflent les demandes auprès des tribunaux.
Bien qu’alarmantes, ces mauvaises nouvelles financières devraient s’améliorer grâce à un recul de l’inflation et une croissance économique dopée par les baisses de taux de la BCE.
Brésil : hausse choc des taux directeurs
La Banque centrale brésilienne a haussé le ton avec une troisième montée consécutive de ses taux directeurs depuis septembre, les relevant d’un point de base pour les porter à 12,25 %. L’ambition du Brésil est celle de freiner une inflation galopante qui dépasse l’objectif officiel de 4,5 %, et envoyer un message rassurant aux marchés financiers.
Comment expliquer cette montée en flèche des taux ? D’un côté, en interne, l’économie a atteint des niveaux de croissance presque trop élevés avec des tendances de chômage toujours plus baissières, faisant craindre un retour inopiné de l’inflation. Un manque crucial de coordination entre la politique budgétaire et monétaire du pays, ainsi que des mesures insuffisantes prises par le gouvernement pour réduire les dépenses publiques et ramener l’endettement à des niveaux raisonnables, sont également venus amplifier les problèmes. D’un autre côté, en externe, les doutes sur les orientations décisionnelles de la Fed (Réserve fédérale américaine) et les effets des politiques budgétaires américaines ajoutent à l’incertitude. Pour ne rien arranger, le real a dérapé sur le marché des changes, amplifiant davantage le risque inflationniste. Certains économistes, comme Tony Volpon, ancien directeur de la Banque centrale, saluent la décision courageuse, mais d’autres sont plus pessimistes, jugeant la baisse inadéquate pour garder la hausse des prix sous contrôle.
Cette thérapie de choc, qui pourrait se poursuivre début 2024, envoie aussi un signal politique : garantir la continuité monétaire malgré l’arrivée de Gabriel Galipolo à la tête de l’institution en janvier. Une transition scrutée de près, les investisseurs restant prudents face aux marges budgétaires étroites du gouvernement Lula.
Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de (des) l’auteur (s) référencé(s). Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.
Sources :