Paris : le gouvernement chute, la bourse est stable
La Bourse de Paris fait de la résistance. Après le vote de la motion de censure ce mercredi qui fit tomber le gouvernement Barnier, l'indice CAC 40 a fait la surprise générale en rebondissant. À peine quelques minutes après un début de séance en baisse (-0,28 %), l’indice a regagné le terrain perdu, affichant un gain de 0,46 % vers 9h30.
Pourquoi ce calme ? Car, paradoxalement, le renversement du premier ministre ouvre la voie à une certaine stabilité fiscale. Les hausses d’impôts sur les entreprises promises par le projet de loi de finances s’éteignent avec le gouvernement, offrant un peu de répit aux marchés. Les investisseurs, préparés à une instabilité législative qui dure depuis cet été, semblent donc avoir pris la chute du gouvernement avec une étonnante sérénité. Un autre signe de cette stabilité est la performance de la dette française, dont la prime de risque, l’écart de rendement entre la dette française et allemande, a diminué ces derniers temps. Le « spread » est passé sous les 80 points de base, un signe que les investisseurs, ayant anticipé la crise, profitent désormais des rendements intéressants des Obligations assimilables du Trésor.
Enfin, l’euphorie sur les marchés mondiaux, notamment à Wall Street, n’a pas manqué de soutenir Paris. Avec un nouveau record à la clé pour l’indice américain, le CAC 40 est également porté par l’optimisme économique mondial, bien que les turbulences politiques en France restent palpables, et que des signes de ralentissement planent à l’horizon.
Bitcoin : cap historique des 100 000 dollars atteint
Au dernier jour de novembre, le bitcoin a franchi un seuil symbolique en dépassant les 100.000 dollars, une performance inédite, un mois après l’élection de Donald Trump. À 103 800,44 dollars, la cryptomonnaie a grimpé de 46 % en seulement 30 jours, un exploit incroyable pour un actif longtemps critiqué pour sa volatilité.
Ce bond spectaculaire est en partie considéré comme le fruit du virage de Trump, qui, après avoir qualifié les crypto-monnaies d'escroquerie lors de son premier mandat, est devenu leur fervent défenseur, et rêve désormais de faire des États-Unis la capitale mondiale du bitcoin. La nomination de Paul Atkins, un avocat républicain partisan d’une régulation souple, à la tête de la SEC (Securities and Exchange Commission, organisme fédéral de réglementation et contrôle des marchés financiers américains), a alimenté l’optimisme des investisseurs, faisant monter le bitcoin de 8 % en une nuit. S’ajoutant à cela, l'approbation d’un placement indexé sur le bitcoin par les régulateurs américains en janvier qui a permis à de nombreux investisseurs d’y voir un signe de reconnaissance, et la nomination du milliardaire Elon Musk au Département de l’Efficacité Gouvernementale qui poussera pour plus de dérégulation afin que les monnaies virtuelles aient accès à des strates traditionnellement réservées au dollar.
Néanmoins, la route du bitcoin vers la respectabilité est encore semée d’embûches. Bien qu’il gagne en légitimité, la monnaie reste associée à des activités douteuses comme le blanchiment d’argent et les ransomwares (rançongiciels, cyberattaques demandant des transferts d’argent en échange d’informations compromettantes). Sur le plan international, l’adoption de cette cryptomonnaie reste très à la marge. Comme nous l’apprend le Salvador, premier pays à l’avoir adoptée en 2021, une légalisation de cette monnaie ne rime pas forcément avec une utilisation massive de celle-ci.
International : une dette record qui étouffe les pays pauvres
Les pays en développement croulent sous un fardeau historique. En 2023, ils ont déboursé une somme monumentale de 1 400 milliards de dollars pour rembourser leur dette extérieure, dont 406 milliards rien qu’en intérêts. Un record absolu en 20 ans, souligne la Banque Mondiale dans son rapport de mardi. L’institution alerte sur une spirale insoutenable, amplifiée par des taux d’intérêt toujours plus élevés.
Les pays les plus vulnérables, principaux bénéficiaires du fonds de l’Association internationale de développement, payent le prix fort : ils ont consacré 96,2 milliards de dollars au remboursement de leur dette. Un montant presque équivalent à ce qu’ils ont reçu en dons et prêts à taux réduit ces trois dernières années. En catalyseur de cette dette extérieure : la pandémie de Covid-19, qui l’a faite bondir de 18 % en 3 ans. Le contraste est saisissant : depuis 2022, les créanciers privés ont retiré 13 milliards de plus qu’ils n’ont prêté, tandis que les banques multilatérales ont injecté 51 milliards pour compenser. Mais, ces institutions n’ont en réalité que panser une plaie déjà bien ouverte, en agissant en prêteurs de la dernière heure, colmatant les brèches sans résoudre la crise de fond.
Privés de recettes fiscales et poussés à creuser leurs déficits pour soutenir leurs populations, les pays pauvres ont vu leurs charges d’intérêts quadrupler en dix ans. Le cadre de restructuration de la dette mis en place par le G20 en 2020 n’a offert qu’un répit limité. Certains économistes, comme l’ancien chef économiste du Fonds monétaire international Raghuram Rajan, appellent désormais à des mesures drastiques, comme le défaut de paiement, pour éviter un naufrage du budget dans les domaines de la santé et de l’éducation.
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