France : croissance économique en panne
Après une baisse de 0,1 % en fin d’année 2024, le PIB (Produit Intérieur Brut) français n’a progressé que de 0,1 % au premier trimestre 2025, selon le rapport de l’Insee publié mercredi. Une croissance au bord de la panne sèche, où le seul carburant semble être les stocks, seuls à avoir contribué positivement (+0,5 point) à l’activité.
Les autres moteurs, eux, tournent au ralenti, voire s’essoufflent : la consommation des ménages, pilier du PIB, reste à plat malgré une inflation en recul. En mars, les dépenses en biens ont même chuté de 1 %, atteignant leur plus bas niveau depuis 2014 hors Covid. L’investissement productif, déjà en baisse en 2024, recule encore légèrement (-0,1 %). Et même les exportations, qui soutenaient encore la croissance l’an passé, ont pris un coup. En fautives : les tensions géopolitiques et les nouvelles barrières douanières imposées par Donald Trump.
Par conséquent, le commerce extérieur retire 0,4 point à la croissance, la demande publique reste figée (+0,1 %) et les prévisions s’ajustent à la baisse. Bercy ne table plus que sur +0,7 % de croissance en 2025, un objectif que le Haut conseil des finances publiques juge tout de même atteignable, mais dont l’incertitude n’a jamais été aussi pesante. Dans ce contexte, la France évite certes la récession technique, mais elle n’évite pas le doute.
Chômage : explosion des inscrits à France Travail au 1er trimestre
Le thermomètre de l’emploi a viré au rouge en ce début 2025. Entre janvier et mars, le nombre d’inscrits en catégorie A chez France Travail a bondi de 8,7 %, soit 273 000 demandeurs d’emploi supplémentaires. Le total passe de 3,1 à 3,4 millions de personnes. Une hausse spectaculaire, qui grimpe même à +12,8 % sur un an. Derrière cette flambée, une réforme administrative a fait gonfler les statistiques.
Depuis le 1er janvier et l'instigation de la loi pour le Plein Emploi, les allocataires du RSA ainsi que les jeunes suivis par les missions locales en région (contrat d’engagement jeune) ou en parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie (Pacea) sont désormais inscrits d’office à France Travail. Résultat : des chiffres grossis par les effets de structure, plus que par une réelle dégradation du marché. Si l’on ne prend pas en compte la réforme, la hausse des inscrits en catégorie A est de 0,8 % sur le trimestre, et de 1,3 % si l’on inclut les catégories B et C. Un nombre moins impressionnant, certes, mais loin d’être moins inquiétant. Une économie française en panne, des tensions commerciales toujours plus intenses et un désengagement budgétaire assombrissent les perspectives d’embauches.
Les jeunes sont en première ligne, avec une hausse de +20,9 % des inscrits en catégories A, B et C sur le trimestre. Une envolée certes liée aux nouvelles règles, mais qui pointe aussi vers un malaise plus profond. Hors réforme, la progression du chômage pour les 25-49 est de 2,4 % sur le trimestre, et 1,2 % pour les 50 ans et plus. En coulisse, les statisticiens de la Dares (direction statistique du Ministère du travail) et du CNIS (Conseil national de l'information statistique) sont mis en garde contre les diagnostics en crue, mais en surface, les nouvelles moroses pour le marché du travail se multiplient.
Automobile : exemption tarifaire pour les constructeurs américains
Donald Trump appuie sur le frein des droits de douane pour les constructeurs automobiles qui jouent le jeu du « made in USA ». Par un décret fraîchement signé, le président américain allège temporairement les surtaxes sur les pièces détachées importées, afin de ne pas pénaliser les chaînes de production tournant à plein régime aux États-Unis.
L’objectif : aider les industriels à traverser la zone de turbulences douanières. Les voitures assemblées et vendues sur le sol américain bénéficieront d’une déduction allant jusqu’à 3,75 % de leur prix de vente sur les droits de douane, avant de passer à 2,5 % l’année suivante. Un bonus temporaire, censé inciter les constructeurs à relocaliser une partie de leur chaîne d’approvisionnement… et à limiter la dépendance vis-à-vis des importations asiatiques, sans pour autant lâcher le volant d’une politique protectionniste.
Les constructeurs locaux ont salué une décision qui leur évite un carambolage fiscal. Car jusqu’ici, les usines américaines payaient le prix fort : 25 % sur les véhicules importés, sans exemption pour leurs allers-retours logistiques avec le Canada ou le Mexique. La route de la production de véhicules, déjà semée de taxes, est désormais plus libérée, ouvrant peut-être la voie à des délocalisations des constructeurs étrangers vers les États-Unis. Mais dans ce contexte de brouillard commercial, un changement de cap est à anticiper.
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