Face à l’épidémie de coronavirus et face au variant Omicron, les États se posent à nouveau la question fatidique : jusqu’à quel point peut-on restreindre la vie économique pour endiguer l’épidémie, sans nuire à la reprise économique amorcée ? Philippe Waechter, Chef économiste chez Ostrum AM tente de répondre à cette question, en prenant l’exemple du modèle français.
Le variant Omicron bouleverse les plans
L’arrivée du variant Omicron complique la donne, car il semble plus contagieux que ces prédécesseurs. Des adaptations sont donc nécessaires pour ralentir sa progression. La première mesure est celle du pass vaccinal qui remplace le pass sanitaire. Il requiert un parcours vaccinal complet et devra être présenté dans de nombreux lieux publics et peut-être aussi, c’est en discussion, dans les entreprises. Toute activité serait alors conditionnée par la présentation de ce pass vaccinal. Validé lundi 27 décembre en conseil des ministres, il a été validé par l’Assemblée nationale le 6 janvier, et va désormais passer par le Sénat. L’entrée en vigueur de cette mesure pourrait débuter le 15 janvier.
Les secondes mesures sont celles qui ont été présentée en conférence de presse le 27 décembre par Jean Castex et Olivier Véran. Il s’agit de mesures temporaires, 3 semaines, portant sur le télétravail, les jauges dans les salles de spectacles et des contraintes sur les cafés/restaurants.
L’hypothèse est que ces mesures temporaires suffiront à ralentir l’épidémie, en lien avec le pass vaccinal. En d’autres termes, les tensions liées au nouveau variant sont considérées comme de court terme. L’accélération récente ne s’inscrirait pas dans la durée et sa létalité serait elle aussi limitée.
Le schéma repose donc sur le pass vaccinal et sur l’hypothèse que le variant n’aurait pas un impact durable alors que sa létalité resterait réduite. Dès lors, les mesures prises pour 3 semaines pourraient permettre d’atténuer les pressions immédiates afin de faciliter le passage au pass vaccinal.
Quels impacts sur l’économie française ?
Si l’économie française se retrouve dans de telles conditions, l’impact sur la macroéconomie sera limité dans le temps et modérée dans son ampleur. L’économie française devrait avoir un acquis de 2.2 % à la fin 2021 pour 2022. L’ensemble de l’année devrait connaitre une croissance de l’ordre de 3.6 %. On peut marginalement minorer cette attente si le virus se conforme aux hypothèses du gouvernement qui pourraient provoquer une érosion de l’activité au tout début de l’année.
Si en revanche, les tensions sanitaires s’accentuent alors le chiffre de croissance devrait être revu à la baisse pour les 3 premiers mois de l’année et modifier de façon significative le taux de croissance attendu pour 2022. On pourrait perdre 0.2/0.3 % sur le chiffre annuel.
Si la tension sanitaire est plus longue qu’attendue, la question de l’intervention du gouvernement reviendra en première ligne. Faudra-t-il que le gouvernement remette la main à la poche pour limiter le risque économique comme il l’avait fait depuis le premier confinement ? Le gouvernement a annoncé que les entreprises fragilisées par la crise du Covid-19 pourront rembourser leur prêt garanti par l’État (PGE) à partir de septembre 2022, et l’échelonner sur quatre années supplémentaires. De nouvelles aides se traduiraient par un déficit public plus important. Cela ne toucherait pas que la France car tous les pays européens sont affectés. Est-ce que la BCE serait alors prête à remettre en route un PEPP (programme d’achat d’urgence face à la pandémie) d’un genre nouveau ?
Sources :
- https://ostrum.philippewaechter.com/2021/12/28/les-nouvelles-mesures-sanitaires-et-la-croissance/
- https://www.ecb.europa.eu/ecb/educational/explainers/tell-me/html/pepp.fr.html
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