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Comprendre l’économie et les marchés financiers pour mieux gérer votre épargne.
01.07.22

Quelles conséquences à la remontée des taux ?

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La remontée des taux pourrait ne pas durer

Un ajustement brutal. En quelques mois, les taux d’intérêt se sont envolés. Les titres français à dix ans, l’OAT, se négocient ainsi mi-juin au-dessus de 2 % alors qu’ils évoluaient seulement quelques mois plus tôt, à la fin de l’année 2021, en territoire négatif. Une variation aussi rapide n’avait pas été observée depuis plus d’un quart de siècle, lors du krach obligataire de 1994 sur la dette française. Ce sursaut s’explique d’abord par la situation antérieure : les taux étaient jusqu’ici maintenus à un niveau anormalement bas par les banques centrales, la crise sanitaire de 2020 ayant encore renforcé ce biais. Pour aider l’économie à traverser les restrictions, les banques centrales avaient en effet multiplié les mesures visant à apporter davantage de liquidité sur les marchés.

Le vent a depuis tourné. Toutes les grandes banques centrales, que ce soient la Réserve fédérale aux États-Unis, la banque d’Australie ou encore la Banque centrale européenne (BCE), ont, ces derniers mois, remonté leurs taux de manière abrupte ou du moins indiqué qu’elles comptaient le faire. Le 9 juin, la BCE s’est ainsi avancée sur deux points. L’institution a d’abord indiqué qu’elle allait mettre un terme à son programme de rachats d’actifs, de « quantitative easing ». Il s’achèvera au tout début du troisième trimestre. Ensuite, elle s’est engagée sur une augmentation des taux en deux étapes, d’abord en juillet, puis en septembre, en fonction de l’inflation. Ce changement de politique monétaire accompagne le retour de l’inflation, qui atteint désormais un niveau inédit, à 8 %, depuis les années 1980, alors que la pression inflationniste dépasse largement la seule sphère de l’énergie. En un an, en Europe, les prix ont en effet augmenté de plus de 4 % dans 60 % des secteurs.

Quelles conséquences tirer de ce nouvel environnement ? Premier constat, même des taux à 1,5 % restent inférieurs à l’inflation. Cette situation de répression financière, selon la terminologie classique, bénéficie donc aux emprunteurs qui voient leur dette fondre en valeur. En revanche, les investisseurs en pâtissent car les rendements ne compensent pas l’inflation. Tous les actifs risqués affichent d’ailleurs grise mine depuis le début de l’année.  D’un point de vue économique, la hausse des taux devrait aussi freiner la consommation, ce qui est l’objectif assumé des banques centrales. Avec la consommation, c’est toute l’activité économique qui pourrait souffrir. La probabilité que les économies occidentales tombent en récession apparaît alors élevée. En Europe, un tel ralentissement est attendu pour la fin de l’année. Aux États-Unis, sans doute, quelques mois plus tard. 

À ce point du cycle, les banques centrales devraient réajuster leurs positions afin de ne pas asphyxier complètement l’économie. Les taux pourraient ainsi baisser à nouveau en fin d’année. Dans ce schéma, le taux français à dix atterrirait autour de 1 %, alors que l’activité rebondirait modestement.

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Stéphane Déo (Ostrum AM).
Propos recueillis entre le 7 et le 9 juin 2022. 

Les perspectives mentionnées sur ce site sont susceptibles d’évolution et ne constituent pas un engagement ou une garantie de la part de Natixis Investment Managers International. 

Les analyses et les opinions mentionnées représentent le point de vue de l’auteur. Elles ont été émises entre le 7 et le 9 juin 2022 et sont susceptibles d’évoluer. Elles ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.