Si la pandémie de la Covid-19 a freiné une grande partie de l’économie depuis maintenant plus d’un an et demi, elle a cependant obligé certains pans à se développer afin de répondre à la demande à la fois des entreprises, de leurs clients mais aussi plus largement des consommateurs. Hua Cheng, gérant de la stratégie Mirova et Louise Schreiber, analyste ESG senior nous dressent le tableau d’un milieu en pleine mutation.
La pandémie, facteur d’accélération des nouvelles technologies et de la prolifération des données
A de multiples égards, la pandémie de la COVID-19 a favorisé une adoption rapide de la technologie, autant par les entreprises que par les consommateurs. En effet, dans les périodes de confinement passées, lors de la fermeture des commerces mais aussi depuis la mise en place du télétravail, il était essentiel pour les entreprises de pouvoir correspondre avec leurs clients, leurs fournisseurs ou leurs employés tandis que les consommateurs ont dû se tourner, plus que jamais, vers les plateformes digitales.
Tous ces éléments ont alors nécessairement entraîné une accélération du développement des nouvelles technologies telles que le Cloud, vu aujourd’hui comme la solution informatique de choix pour le télétravail. Et les chiffres le prouvent : le marché final des services de Cloud public devrait passer de 243 milliards de dollars en 2019 à 362 milliards en 2021, ce qui a d’ores et déjà permis de créer pour aujourd’hui et pour l’avenir de nombreuses opportunités entrepreneuriales autour des segments des data centers, des serveurs et des logiciels collaboratifs. La Covid-19 a également favorisé le développement du e-commerce. Pour s’adapter, les entreprises ont en effet été contraintes de renforcer leur présence en ligne, accentuant ainsi la prolifération des données, déjà très soutenue avant le début de la crise.
Si ces tendances sont désormais implantées dans le paysage économique français, il faudra cependant rester vigilant sur les risques en termes de cybersécurité et de confidentialité des données pour les années à venir…
La valeur technologique des entreprises conditionnée par différents facteurs
“Nous regardons les entreprises qui offrent des opportunités de développement durable ou qui gèrent bien leurs risques de durabilité”. Cependant, lorsqu’il s’agit de technologie, la durabilité peut devenir une véritable Odyssée, les solutions n’étant jamais sans risque, notamment pour les entreprises B2C.
Pour Hua Cheng et Louise Schreiber, plusieurs facteurs doivent nécessairement entrer en jeu afin d’évaluer la valeur technologique d’une entreprise : les composants employant des minéraux issus de pays où les atteintes aux droits de l’homme sont encore fréquentes, le coût du cycle de vie, des mesures de cybersécurité insuffisantes ou encore une utilisation abusive des données personnelles…
Ainsi, “si, en apparence, la technologie aide les entreprises à effectuer leur transition écologique et sociale, cela n’est pas toujours le cas”. Il faudra alors particulièrement focaliser l’attention sur les solutions durables que proposent les entreprises ainsi que leurs manières d’appréhender les risques environnementaux et sociaux.
Quelques cas concrets de gestion de risques
Prenons le cas des fabricants de semiconducteurs. Ces derniers doivent mettre en place des mécanismes appropriés pour assurer la traçabilité des minerais employés et n’être ainsi associés à aucun conflit ou aucune violation de droits humains. Quant au processus de raffinage, il doit être réalisé en minimisant l’impact sur la biodiversité.
Un autre exemple concerne le secteur des télécoms. En termes de confidentialité des données et d’accès aux informations, ces entreprises devraient adopter des politiques garantissant une non-coopération avec des autorités publiques qui exigeraient un accès aux données personnelles des utilisateurs en dehors des conventions internationales, ou qui imposeraient des restrictions en termes d’accès à internet et à l’information. Sur ces enjeux, le reporting sur la performance des mécanismes ad hoc reste essentiel, notamment, sur le nombre de demandes d’information concernant les utilisateurs par les services de l’État, par type et par recevabilité.
Le rôle des entreprises afin d’éviter une trop forte intensité énergétique de l’industrie des technologies
Il est important de savoir qu’un grand nombre d’entreprises peuvent être actrices dans la lutte contre la trop forte intensité énergétique que peut entraîner l’industrie technologique.
A titre d’exemple, la vidéo représente aujourd’hui 66 % du trafic mobile global, un chiffre qui pourrait atteindre jusqu’à 77 % en 2061 ! Or, il est largement faisable pour un grand nombre d’acteurs économiques de s’abstenir d’intégrer des vidéos autoplay partout et de commencer à adapter la résolution de ces vidéos au réseau internet de l’utilisateur (réseau cellulaire ou haut-débit).
Source : https://www.im.natixis.com/fr/finance-verte/transitions-long-terme-serie-technologie
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