Les trois actualités macroéconomiques de la semaine
Dette émergente : victime collatérale de la hausse des taux
Depuis plusieurs mois, les pays occidentaux luttent contre l’inflation galopante, consécutive aux nombreux chocs économiques qu’ont constitué la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. Leur principal outil ? Les taux d’intérêt directeurs des Banques centrales, augmentés à des niveaux historiques avec pour objectif de revenir au niveau des 2 % d’inflation. Les instituts monétaires déclarent par ailleurs que “les taux allaient rester élevés pour une longue période”. La banque centrale américaine et européenne n’excluent d’ailleurs pas de nouveaux tours de vis.
Et les économies émergentes dans tout cela ? Des taux élevés font s’éloigner la perspective de la baisse du coût d’emprunt des pays émergents, pour la dette émise en dollars, faisant chuter l’indice Bloomberg de la dette émergente de 2 % en août, atteignant son niveau le plus bas depuis février. Autrement dit, avec des taux élevés, la charge de la dette des pays émergents s’est alourdie.
Un second symptôme de cette hausse des taux est la redirection des capitaux américains vers la dette nationale. Les taux élevés ont dégradé l’attrait de la dette émergente au profit de la dette américaine. Par ailleurs, les taux élevés obligent les pays émergents à maintenir des taux plus élevés pour ne pas trop déprécier leur monnaie face à un dollar fort. Les économies émergentes anticipent pour la plupart, une politique monétaire restrictive pour une longue période, bien que certains pays, comme le Brésil, ont amorcé une baisse des taux.
Repli du commerce extérieur en Chine
Le climat est toujours inquiétant pour la deuxième plus grande économie mondiale. En août, le commerce extérieur en Chine a encore reculé. Les exportations, qui ont traditionnellement été un moteur essentiel de la croissance chinoise, ont chuté de 8,8 % après avoir déjà baissé de 14,5 % en juillet. Depuis octobre 2022, les ventes vers l’étranger sont en constante baisse, à l’exception d’un bref rebond en mars et avril. Une situation imputable à la faible demande internationale, à l’inflation élevée et aux tensions géopolitiques avec les États-Unis.
Parallèlement, les importations en Chine ont enregistré leur dixième mois consécutif de récession en août, avec une baisse de 7,3 % sur un an, indiquant une demande intérieure faible, bien que moins sévère que la chute de 12,4 % en juillet. En conséquence, l’excédent commercial chinois a diminué pour s’établir à 68,3 milliards de dollars le mois dernier, contre 80,6 milliards de dollars le mois précédent.
Ces indicateurs négatifs s’ajoutent à une série de mauvaises nouvelles économiques en Chine, dont la production en baisse, une inflation négative, et un taux de chômage des jeunes record de plus de 20 % en juin. Bien que des mesures de relance aient été annoncées en juillet, les investisseurs restent déçus par leur ampleur, car le gouvernement chinois craint d’accroître l’endettement.
Pétrole : l’Arabie Saoudite et la Russie vont continuer de réduire leur production
C’est un coup dur : Riyad et Moscou ont décidé de prolonger la réduction de leur production de pétrole pour stabiliser les prix. Jusqu’à la fin du mois de décembre, l’Arabie saoudite continuera de réduire sa production d’un million de barils par jour et la Russie réduira la sienne de 300 000 barils par jour. Une décision qui a provoqué une hausse des prix du pétrole : le Brent a atteint plus de 90 dollars le baril, son plus haut niveau depuis novembre 2022.
L’Arabie saoudite vise désormais un prix du baril de pétrole autour de 100 dollars pour soutenir son économie et financer des projets coûteux. De son côté, la Russie dépend fortement des revenus pétroliers pour financer ses activités, notamment en Ukraine, et a vu ses revenus chuter cette année.
L’Opep+ (l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires) cherche à contrôler les prix du pétrole en réduisant la production, même si cela signifie perdre des parts de marché. Cependant, il existe un risque de correction importante des prix en raison de la faible demande en Europe, du ralentissement économique aux États-Unis et des incertitudes concernant la consommation future de pétrole en Chine.
La production saoudienne devrait tourner autour de 9 millions de barils par jour dans les mois à venir, mais cette décision sera réévaluée mensuellement en fonction des besoins.
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