Les marchés misent déjà sur la fin de la hausse des taux
La situation est paradoxale. Alors que toutes les grandes banques mondiales, notamment la FED, la Banque d’Angleterre, et même le Crédit Suisse, ont relevé leurs taux directeurs au cours de ces dix derniers jours, traders et investisseurs affirment que ce cycle va bientôt prendre fin et tablent sur un assouplissement monétaire.
En zone euro, la tendance n’est pas aussi nette. La BCE a en effet une certaine marge de manœuvre nécessaire pour augmenter ses taux. Mais le secteur bancaire connaît une période de turbulences qui pourrait bien inciter la Banque centrale européenne à ne pas relever ses taux trop vite.
Signe clair que la fin du cycle haussier est proche : l’évolution des rendements souverains affiche une tendance à la baisse. Que ce soit en France (2,61%) ou en Allemagne (2,1%), le taux à dix ans est en plein ralentissement. Même chose pour le taux à 2 ans, plus sensible aux évolutions des politiques monétaires.
Les turbulences bancaires impactent les conditions de crédit
Dans le contexte de turbulences auquel font face les systèmes bancaires américain et européen, les économistes ont du mal à tracer une conjecture pour le marché bancaire et en particulier du crédit. Elles sont confrontées à la défiance des investisseurs pour financer les banques.
Face au risque financier lié au financement, les investisseurs conditionnent leur financement à une prime de risque plus élevée. Une décision qui pourrait conduire au resserrement des conditions d’octroi des crédits ainsi qu’à une augmentation du coût. Face à la crainte de l’entrée dans un cercle vicieux, le marché des titres subordonnés pourrait perdre en rentabilité et ne plus constituer une source de financement viable pour les banques, dégradant leur rentabilité pour conduire finalement à dégrader la confiance face au risque bancaire.
Face à l’augmentation des coûts du crédit et à la baisse du volume des prêts accordés, la BCE pourrait y voir un signal pour stopper la hausse des taux engagée depuis plusieurs semaines. Nous aurons des réponses à partir du mois de mai, au moment de la publication de la prochaine enquête sur la distribution du crédit bancaire. Ce rapport tiendra compte de la faillite de la Silicon Valley Bank et de ses répercussions sur le système bancaire européen. À titre d’exemple, le mois de février représente la plus forte baisse depuis la création de l’euro pour les dépôts bancaires.
La BCE rassure cependant sur le risque de récession. Elle voit dans cette période, le retour à un équilibre monétaire après un excès de liquidités en partie dû à la période de crise sanitaire de la COVID-19.
Le moral des ménages se dégrade encore
L’Insee est formel : le moral des ménages français a du plomb dans l’aile. L’indicateur qui reflète la confiance des Français a perdu un point en mars, après avoir également perdu un point en février. Il a ainsi perdu 81 points, un niveau qui se rapproche du plus bas historique (- 100 points) enregistré en juillet 2022.
Le pessimisme est également de mise dans l’anticipation de l’évolution du niveau de vie que les Français envisagent pour l’année à venir. Les ménages sont inquiets et se font du souci concernant leur situation financière future et les opportunités potentielles d’achats importants reste très basse.
Cette dégradation du moral dans l’Hexagone est à mettre en relation avec le climat social actuel et la forte hausse des prix constatée depuis l’année dernière. Mais, au milieu de cette tendance négative, l’opportunité d’épargner est bien au-dessus de sa moyenne de longue période et la crainte du chômage est en nette diminution. Deux éclaircies non négligeables dans une période agitée.
Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de (des) l’auteur (s) référencé(s). Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.