Allemagne : vers des turbulences économiques ?
Les dernières données sur l’économie allemande sont formelles, le pays est entré en récession en 2023. D’après Destatis, l’office allemand en charge des statistiques, le PIB s’est contracté de 0,3 % en 2023. Une situation qui pourrait avoir des conséquences sur le taux de chômage du pays, mettant à mal les perspectives de croissance pour l’année 2024, après une année 2022 affichant 1,8 % de croissance du PIB. Des résultats toutefois moins dramatiques que ceux anticipés par le gouvernement et le FMI.
En comparaison, la moyenne de croissance de l’UE devrait atteindre 0,6 % en 2023. L’Allemagne devient donc le mauvais élève de la zone Euro, face à des pays connaissant des hausses marquées comme la France, l’Italie ou encore l’Espagne. Une situation qui s’expliquerait en partie par les crises multiples : énergétique ou encore géopolitique.
Par ailleurs, le secteur industriel allemand, qui pèse près de 20 % du PIB, a connu un phénomène de contraction en 2023, avec une production qui reste inférieure de 9 % à son niveau d’avant COVID. Par ailleurs, la demande reste globalement en berne dans un contexte inflationniste et de hausse des taux par la BCE, augmentant le coût de l’endettement et du refinancement. Du côté de la balance commerciale, les exportations ont été moins importantes en 2023, notamment en raison d’une demande plus faible sur deux marchés d'importance pour l’Allemagne : la Chine et les États-Unis. Enfin, la montée des prix de l’énergie a fortement pénalisé l’industrie manufacturière du pays, notamment les activités les plus énergivores comme la chimie.
Les conséquences de cette récession ont déjà des répercussions sur l’économie réelle : les entreprises recrutent moins, en conséquence, le chômage commence déjà à augmenter atteignant 6 %, contre 5,9 % en décembre dernier. Sur cette base, et avec des conditions qui demeurent incertaines voire mauvaises, les économistes anticipent une situation à nouveau complexe en 2024 pour l’économie allemande, avec un rebond limité malgré le recul de l’inflation.
Électricité : la France sur le haut du podium des exportateurs européens.
La France a exporté plus de 50 TWh d’électricité en 2023 et reprend la tête des exportateurs en Europe. Un grand retour sur la scène énergétique qui marque la fin d’une crise de la production liée au manque de production nucléaire en 2022. La France repasse ainsi devant la Suède et la Norvège qui trustent la tête du classement de S&P Global, en raison de leur capacité de production notamment en hydraulique.
Un retour en force du nucléaire en France donc, mais la France a également pu compter sur la montée en puissance de son parc renouvelable dans son mix énergétique. Fin décembre, lorsque la France a battu son record d'exports d'électricité sur une seule journée, la production éolienne nationale atteignait plus de 17.000 MW. Ainsi l’éolien et le solaire ont produit respectivement 23 % et 14 % de plus que l’an passé.
La France bénéficie donc de son importante capacité de production alors que ses voisins belges et allemands abandonnent progressivement leur parc nucléaire créant un appel d’air favorable aux exportations françaises. D’après S&P Global Ratings, 2024 pourrait voir une augmentation des exportations françaises d’électricité de 6 à 8 TWh.
D’un autre côté, cette augmentation importante des capacités de production pourrait avoir un effet dépréciatif sur les prix de l’électricité, décourageant les investissements dans les filières renouvelables et nucléaires faute d’une rentabilité suffisante. D’après S&P Global Ratings : « En 2030, nous tablons sur un prix de l'électricité qui se rapprocherait de la fourchette 50 à 60 euros le MWh, hors inflation, compte tenu de l'excédent d'offre qui se profile”
Immobilier : un secteur en pleine crise ?
L’année 2023 aura été une année difficile pour le secteur immobilier qui aura été en crise. Inflation, augmentation des taux d’intérêt sur fond de crise du logement dans les grandes métropoles. Le nombre d’agences immobilières en faillite est un indicateur supplémentaire des difficultés de ce secteur. En 2023, 887 agences immobilières ont été placées en redressement ou en liquidation judiciaire, selon le cabinet Altares. A comparer à 413 en 2022 et 290 en 2021 - année de record absolu pour les ventes de logements anciens.
Les experts du secteur rassurent toutefois sur cette situation et rappellent que la France compte plus de 32 000 agences au total. Ils rappellent par ailleurs que le pic du nombre de faillites était de 1.385 enregistrées sur un an lors du pic de juillet 2009.
Cette année, les acteurs du secteur attendent environ 1 400 défaillances parallèlement à la baisse des ventes sur le marché de l’immobilier ancien. Ce sont principalement les agences et entrepreneurs les plus récents sur le marché qui ont connu une situation de défaillance, fondant leur modèle économique sur les transactions, moins sur les services. Les professionnels du secteur s’attendent donc à des secousses sur le premier semestre 2024 et craignent surtout des destructions d'emplois, après une année 2023 en demi-teinte.
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