France : fin d’année au ralenti pour l’économie tricolore
Après l’embellie estivale due aux Jeux Olympiques, l’économie française semble avoir perdu son souffle. Dans son dernier rapport publié mardi, la Banque de France anticipe un PIB stagnant au dernier trimestre, ramenant la croissance annuelle à 1,1 % pour 2024. Bien que l’activité ait légèrement progressé en octobre dans l’industrie, les services et le bâtiment, l'enthousiasme n'est pas au rendez-vous pour la fin d’année.
Les carnets de commandes sont en berne, notamment dans l’automobile, où la demande de véhicules électriques s’essouffle, tandis que des secteurs comme l’aéronautique et l’agroalimentaire résistent mieux. Cependant, l’incertitude reste omniprésente, alimentée par des pressions politiques, les tensions fiscales et le protectionnisme américain en préparation suite à l’élection de Trump. Selon la Banque de France, les chefs d’entreprise n’anticipent pas de reprise en novembre, avec même un repli prévu dans le bâtiment.
Le paysage économique s'assombrit davantage : les défaillances d’entreprises flirtent avec des records post-crise financière, tandis que les plans sociaux apparaissent, entraînant la perte de plus de 53 000 emplois sur les deux derniers trimestres. Si le taux de difficulté de recrutement a légèrement baissé, reflétant un recul des embauches temporaires, cela illustre surtout une prudence accrue des entreprises en cette fin d’année morose dans l’Hexagone.
Argentine : “remontada” dans le classement du risque pays
Après des années économiquement en dents de scie, l’Argentine a enfin redressé la barre de son “risque pays”, indicateur clé de confiance pour les investisseurs, qui réagit aux crises politiques, à la dette publique et à l'équilibre budgétaire. Fin octobre, il est passé sous la barre symbolique des 1.000 points, signifiant un retour de la confiance des marchés.
En cause, l’arrivée de Javier Milei à la présidence en 2023, qui avec son approche économique radicale et des coupes budgétaires drastiques, a fait chuter l’inflation de 25 % à 3 % en moins d’un an. En parallèle, un plan d’amnistie fiscale lancé en juillet a permis aux Argentins avec des dollars dans les caisses étrangères de faire revenir leurs sous sans risque d’amendes. Résultat : plus de 13.000 milliards de dollars ont été rapatriés, gonflant les réserves obligatoires et rassurant ainsi les milieux financiers d’Amérique latine, d’ordinaire peu enclins à parier sur l’Argentine. Avant l’élection de Milei, les défauts de paiement à répétition du pays en raison d’absences de réserves de devises étrangères avaient fait grimper le risque pays de l’Argentine à 2.100 points. Autre facteur à remercier : l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, qui a fait passer l’indicateur à un niveau inégalé depuis cinq ans (870 points). Vu comme un allié du président argentin, Trump pourrait faciliter les négociations du pays avec le FMI, cruciale pour honorer ses dettes.
Pour l’Argentine, l’enjeu est maintenant de transformer cet espoir en investissements solides, notamment en multipliant les efforts pour attirer les dollars américains. Néanmoins, et assez paradoxalement, ces plans pourraient être gâchés par le mandat de Trump, car l’appréciation du dollar qui l’accompagne est bien souvent synonyme de réduction de valeur des pays émergents, compliquant davantage l’évaluation du risque pays argentin. Une rigueur économique qui a porté ses fruits pour l’Argentine donc, mais incertaine pour l’avenir.
Royaume-Uni : création de fonds de pension colossaux
Outre-Manche, le gouvernement travailliste sort le grand jeu avec la création de « mégafonds » de pension, visant à regrouper les 86 fonds de pension publics des collectivités locales d'Angleterre et du Pays de Galles. Objectif affiché : libérer 80 milliards de livres (96 milliards d'euros) pour soutenir l’économie et encourager des investissements dans les infrastructures et le développement local, à l’image de ce qui se fait en Australie ou au Canada.
Avec ces mégafonds, l’équipe de Rachel Reeves, ministre des Finances, souhaite forcer la croissance et redonner un élan à l’épargne-retraite des Britanniques, tout en modernisant le marché des pensions. Après un budget de relance fondé sur des hausses d’impôts et des emprunts inédits, cette réforme annoncerait des changements de premier plan sur le marché des retraites, une première depuis des décennies. L’ambition est de permettre aux fonds, une fois consolidés, de réaliser des investissements productifs en atteignant un seuil optimal de 25 à 50 milliards de livres d’actifs gérés.
Mais ce n’est pas tout : le gouvernement prévoit également de réformer les fonds de pension privés en lançant une consultation publique pour fixer une taille minimale et encourager leur fusion. Avec ces transformations, les régimes de pension des collectivités locales et les fonds privés devraient, d’ici la fin de la décennie, cumuler pas moins de 1.300 milliards de livres d’actifs. Cette réforme poids lourd, présentant certes des risques de gonflement de la dette, pourrait bien, selon les espoirs de Londres, muscler la croissance du pays.
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