Bourse : la victoire de Trump saluée par les marchés mondiaux
Attendue par les marchés et portée par la promesse d’une fiscalité allégée, de baisses d’impôts et de dérégulations, l’annonce du retour de Donald Trump à la Maison Blanche a enflammé les places boursières à travers le monde.
Les indices américains, tels que le S&P 500 et le Russell 2000, affichaient mercredi des hausses prévues de 1 % et 2 % respectivement. En parallèle, les indicateurs à Tokyo ont bondi de 2,5 %, et en Europe, le CAC 40 et la Bourse de Francfort ont entamé la séance dans le vert. À ce concert de hausses dont les petites capitalisations raffolent s’ajoute un nouvel exploit du Bitcoin, qui a franchi la barre des 75 000 dollars, propulsé par le soutien affiché de Trump pour les crypto-monnaies. L’euphorie pourrait néanmoins être de courte durée : si l’ancien président met en œuvre ses promesses de réduction d’impôts et de hausse des droits de douane, les rendements obligataires risquent de grimper, avec un taux à 10 ans qui pourrait atteindre 4,5 %. Ce scénario fait déjà redouter une inflation accrue et compliquerait la tâche de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui devra faire des va-et-vient avec les taux pour pouvoir garder l’augmentation des prix sous contrôle.
Si le « Trump Trade » (la tendance à parier sur la victoire du milliardaire juste avant le vote) a eu le vent en poupe ces derniers jours, les experts préviennent que l’Amérique pourrait naviguer en eaux troubles à moyen terme. En effet, entre obligation de performance financière et risques inflationnistes causés par les guerres commerciales, les investisseurs se retrouvent face à un programme dont les effets pourraient avoir un effet négatif sur la croissance dans le futur. Un vrai casse-tête pour les marchés, qui devront se préparer à une possible sortie de route économique si la réalité ne suit pas les promesses électorales.
Fed : baisse des taux post-élections américaines
Un jour après l’officialisation de Donald Trump aux commandes des États-Unis, la Réserve fédérale américaine (Fed) est entrée en scène. Le FOMC (Federal Open Market Committee : “Comité Fédéral de Marché Ouvert”, organe décisionnel de la Fed) vient tout juste d’annoncer une baisse d'un quart de point de son taux directeur, malgré les vents incertains que les élections ont laissé planer.
En toile de fond de cette décision : une inflation enfin maîtrisée à 2,1 % et un marché de l'emploi en perte de vitesse, avec des créations de postes en octobre très en dessous des prévisions, freinées par les ouragans et les grèves. Cette baisse de régime s'explique notamment par des arrêts d'activités à cause des ouragans et par des grèves majeures dans les secteurs de l’automobile et l’aéronautique, mais cela n’a pas empêché la Banque centrale de diminuer ses taux de 4,75 à 4,50 %. Jerome Powell, président de la Fed, a signalé qu’une nouvelle baisse en décembre, initialement prévue avant l’élection, n’est pas garantie, et que l’institution se porterait tout aussi bien en maintenant ses taux inchangés.
Néanmoins, l’avenir au-delà de 2025 pourrait s’annoncer plus incertain pour la Banque centrale. S’ils sont appliqués à la lettre, les programmes économique et politique de Donald Trump pourraient pousser la Fed à freiner son cycle d’assouplissement. Un budget expansif, des impôts baissés et des barrières tarifaires renforcées feraient revenir les pressions inflationnistes, tandis que l’expulsion d’immigrés clandestins pourrait créer des tensions sur le marché du travail, et assez de raisons pour la Fed de redoubler de vigilance sur ses baisses de taux.
Chine : un plan de relance qui prend forme
Les regards sont tournés vers Pékin, où le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire planche sur le plan de relance annoncé il y a quelques semaines. Les investisseurs espèrent une vaste initiative pour relancer la deuxième économie mondiale, en proie à des défis locaux majeurs.
Les récentes mesures, comme les réductions de taux sur les prêts immobiliers, n’ont pas vraiment su séduire les marchés, qui souhaitent davantage d’actions concrètes. Selon les analystes, le budget additionnel pourrait s’élever à 1 000 milliards de yuans (environ 129 milliards d’euros), destiné à apaiser les collectivités locales surendettées. Une aide d’un montant similaire serait également prévue pour les banques afin de couvrir les prêts non performants. Cependant, cet argent servirait davantage à combler les trous qu’à doper directement la croissance, selon Alicia Garcia Herrero, cheffe économiste Asie-Pacifique chez Natixis.
Un autre facteur entre en jeu : le scrutin américain de ce mardi 5 novembre. La victoire de Donald Trump pourrait inciter Pékin à gonfler son plan de relance de 10 à 20 %, afin de mieux résister aux tensions commerciales promises par le président sortant (60 % de taxes sur les importations). Une victoire de Kamala Harris et des barrières douanières plus clémentes auraient été moins synonyme de hausse significative de budget pour la Chine. Dans tous les cas, le gouvernement chinois semble vouloir calmer les inquiétudes, en faisant des signaux de soutien à un secteur immobilier en berne depuis le durcissement des accès au crédit. Entre une consommation molle et une productivité en perte de vitesse, un rééquilibrage de l’économie est essentiel non seulement pour la croissance locale dont l’objectif est d’atteindre 5 % fin 2024, mais aussi pour le reste de la santé économique mondiale.
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