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Comprendre l’économie et les marchés financiers pour mieux gérer votre épargne.
09.01.25

Les trois actualités de la semaine au 09.01.2025

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Obligataire : les taux longs côtoient les sommets 

Début d’année en demi-teinte pour le marché obligataire : les taux d’emprunt grimpent à une allure effrénée, poussés par des émissions massives et une nervosité palpable des investisseurs. Aux États-Unis, le taux à 10 ans a franchi les 4,7 %, tandis que son cousin à 30 ans flirte avec les 5 %. En France, les rendements sont de retour à leurs niveaux pré-dissolution de l’Assemblée nationale.

Comment expliquer ces hausses soudaines de toutes parts ? D’abord, par le fait que le mois de janvier correspond à la saison des grandes émissions obligataires : respectivement 39 milliards de dollars de Treasures américains et 35 milliards d’euros ont été levés en des temps record, provoquant des avalanches d’endettement que les investisseurs peinent à absorber, d’autant que les rendements grimpent plus vite que prévu. Ensuite, des données économiques au vert, comme l’indice ISM indiquant la solidité du secteur des services aux États-Unis, indiquent une résistance de l’économie qui éloigne la prospective d’un rapide assouplissement monétaire par la Fed (Federal Reserve).

Mais cette flambée dépasse les simples aléas saisonniers. Avec l’investiture de Donald Trump du 20 janvier s’approchant à grand pas, les marchés s’affolent face à son programme protectionniste et ses promesses de baisses d’impôts massives. Ces mesures pourraient réveiller l’inflation américaine et pousser la Réserve fédérale à geler ses baisses de taux, créant un effet domino sur les taux longs. Ces derniers, à leur tour, grimpent en réaction à une érosion potentielle des rendements réels. Les Trésors publics doivent refinancer leurs dettes en conséquence à des niveaux bien plus élevés, alourdissant leurs finances. Seule lueur d’espoir : si le taux américain à 10 ans dépasse les 5 %, il pourrait devenir si attrayant que les investisseurs reviendraient massivement, stabilisant le marché.

Arabie Saoudite : emprunt colossal destiné aux mégaprojets 

Pour financer ses mégaprojets futuristes, le royaume saoudien a démarré 2025 sur les chapeaux de roues avec une frénésie d’emprunts. Après un prêt islamique de 7 milliards de dollars signé lundi, l’Arabie saoudite a levé 12 milliards de dollars via une émission obligataire en trois tranches, consolidant son rang de deuxième plus grand émetteur d’obligations des marchés émergents en 2024. 

Ces fonds ont pour ambition d’irriguer les projets pharaoniques du prince Mohammed Ben Salmane, à commencer par Neom, la mégapole futuriste censée transformer l’économie saoudienne. « The Line », au-delà d’être à la fois objet de fascination par ses lignes épurées ainsi que d’être dans le collimateur de critiques, ce projet, rejoint par d’autres promis pour 2030, risque d’être reporté pour bien plus tard. Ce stimulus, une réduction des dimensions de la ville de 170 km à 2,4 km, espère solutionner le problème. 

Avec un déficit budgétaire estimé à 2,8 % du PIB en 2025, le royaume continue de parier sur l’emprunt. Pourtant, le baril de Brent à 76 dollars reste bien en deçà du seuil des 90 dollars nécessaires pour équilibrer ses finances. Heureusement, l’Arabie peut s’appuyer sur un rating robuste – relevé à Aa3 par Moody’s – et sur sa marge de manœuvre pour emprunter davantage. 

  

Royaume-Uni : obligations d’État au plus haut depuis 27 ans 

Les taux des obligations d’État au Royaume-Uni (ou « Gilts ») continuent de représenter des sommes toujours plus faramineuses. Avec un rendement à 30 ans grimpant à 5,36 %, un record depuis 1998, dépassant même les turbulences d’après le « mini-budget » de Liz Truss en 2022. Mais si les marchés ne cèdent pas à la panique cette fois, la hausse des coûts de financement met le gouvernement de Keir Starmer dans une position délicate. 

Malgré une demande solide pour les Gilts (2,25 milliards de livres à 30 ans et 4,25 milliards à 5 ans), le Royaume-Uni doit faire face à une stagflation rampante, causée par la montée des coûts de l’énergie, un marché du travail robuste, des baisses timides de taux par la BOE (Banque d’Angleterre) et des hausses de dépenses massives, notamment pour soutenir l’investissement. Tous ces facteurs font que la dette coûte plus cher au Royaume-Uni qu'en France, et posent la question de la relative fragilité du marché du Gilt

Avec 300 milliards de livres à emprunter chaque année, la marge de manœuvre budgétaire – estimée à 10 milliards – est déjà consommée aux deux tiers. Rachel Reeves, chancelière de l’Échiquier, pourrait être contrainte de revoir sa copie en mars ou à l’automne pour regagner la confiance des places fortes de la finance britannique. Toutefois, en dépit de la prudence accrue de la BOE quant à sa politique monétaire, les économistes se veulent optimistes : le privilège financier pour le pays d’avoir sa propre devise, la longue maturité moyenne de la dette ainsi que les deux baisses de taux attendues devraient stabiliser les Gilts à l’avenir. 

 

Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de (des) l’auteur (s) référencé(s). Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle. 

Sources :