This website requires JavaScript.

Accueil

Dossiers

Articles

Vidéos

Lexique

Comprendre l’économie et les marchés financiers pour mieux gérer votre épargne.
30.06.23

Les grands enjeux macroéconomiques du second semestre

Retour aux articles

En attendant la récession…. 

Certains annonçaient une récession dès fin 2022, ou a minima pour le début de 2023 mais l’économie tient et ne cesse de se jouer des pronostics du consensus et des investisseurs. Cette attente met toutefois le marché obligataire sous tension. De la conjoncture des prochains mois dépendent en effet les décisions des banques centrales et par ricochet le comportement des investisseurs aux États-Unis comme en zone euro. Or en cette fin de premier semestre, il est encore difficile de prévoir précisément l’évolution de l’activité économique. Il semble a minima raisonnable d’écarter l’hypothèse d’une récession pour 2023. Si l’économie devait se contracter, ce serait faiblement, et pas avant début 2024. 

La croissance ralentira suivant un calendrier spécifique à chaque zone géographique. Aux États-Unis, l’activité économique, au cours du premier semestre, s’est montrée relativement vigoureuse. Elle devrait a priori s’essouffler dès le deuxième semestre sous la pression du resserrement monétaire de la Réserve fédérale. Même si elle s’atténue au fil des mois, l’inflation pèse en effet sur la consommation, principal moteur de la croissance américaine. L’excès d’épargne constitué via les injections de fonds publiques, dans le cadre des plans de relance post pandémie (soit 2000 Mds $), a longtemps soutenu l’activité.  Cet excès d’épargne, estimé à 450 milliards de dollars, voit son effet protecteur diminuer au fil des mois. D’ici la fin de l’année, ce bouclier devrait s’éteindre complètement et cette épargne en excès retrouver son niveau habituel qui est voisin de zéro. Dans ce contexte, les derniers mois de 2023 s’annoncent potentiellement plus difficile, ce qui pourrait inciter la réserve fédérale à revoir son discours et in fine sa stratégie monétaire.

En léger décalage avec le cycle américain, la zone euro bénéficie de son côté d’un effet rattrapage et parvient ainsi à tirer encore son épingle du jeu dans cet environnement mouvant. Après un deuxième trimestre en principe plus solide en termes de croissance, l‘activité devrait toutefois commencer à fléchir au deuxième semestre. Les augmentations de taux attendues encore en juillet et sans doute septembre, produiraient leurs effets sur la demande globale et sur les créations d’emplois. Quant à la Chine, il ne faudra pas compter sur elle pour soutenir, comme au cours de ces dernières années, l’économie mondiale. D’autant qu’avec l’affaiblissement attendu des cycles américains et européens, Pékin ne pourra pas compter sur ses exportations pour soutenir son activité.  En outre, l’administration centrale chinoise semble refuser le recours aux politiques de relance orchestrées via une diffusion intense du crédit. Depuis la crise du promoteur immobilier Evergrande, l’exécutif a en effet bien compris les limites de ce type de programme.  

Dans ces conditions incertaines, il paraît sage de tabler sur une baisse des taux directeurs au cours du premier trimestre de l’année 2024. Les banques centrales pourraient alors annoncer, avant même la fin de l’année, leur intention de réorienter leur stratégie afin de voler au secours d’un cycle économique qui seraient devenue anémique.

Les analyses et les opinions mentionnées représentent le point de vue de l’auteur. Elles ont été émises en juin 2023 et sont susceptibles d’évoluer. Elles ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.

null

Mabrouk Chetouane, Head of Global Market Strategy – Natixis Investment Managers Solutions