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Comprendre l’économie et les marchés financiers pour mieux gérer votre épargne.
08.01.24
Placements financiers : quelles opportunités pour 2024 ?

Quelles sont les grandes transformations de la société à venir pour un monde plus soutenable ?

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Philippe Waechter, Chef Economiste, Ostrum AM

Les systèmes économiques affrontent un défi historique. Ils doivent, dans les prochaines années, se transformer en profondeur pour assurer leur soutenabilité et plus globalement la continuité de la vie sur terre. Les changements à mener revêtent une triple dimension. Le premier chantier, et sans doute le mieux documenté, consiste à repenser les modèles productifs en vigueur pour réduire les utilisations d’énergie fossile et remplacer les hydrocarbures par du renouvelable, que ce soit de l’éolien du solaire ou du nucléaire. L’objectif est connu : pour atteindre la neutralité carbone, selon l’agence internationale de l’énergie, l’humanité devrait passer d’une consommation de 102 millions de barils/jours de pétrole de nos jours à 24 millions à horizon 2050, soit nettement moins qu’en 1965, première année où la consommation fut mesurée. Dans ce sens, les conclusions de la Cop 28 paraissent décalées, tant elles semblent ne pas prendre en compte l’urgence absolue de la situation.  

Il faut aussi reconnaître que cette substitution ne sera pas neutre : elle équivaut à un contre-choc pétrolier, potentiellement créateur d’inflation et par ricochet de maintien sur le long terme de taux d’intérêt élevés. La transition nécessitera par ailleurs des investissements colossaux, complexes à mener pour les pays développés compte tenu de leur niveau très élevé de dette publique.  Du côté des émergents, le fameux fonds perte et dommage, doté pour l’instant d’un montant équivalent aux salaires des trois footballeurs les mieux payés au monde, ne résout pas grand-chose.  

Le deuxième axe de transformation est plus global. Au-delà de son modèle productif, c’est en effet toute l’économie qui doit être repensée afin de cesser de détruire la biodiversité, le climat… L’idée serait de bâtir un modèle qui respecte les neuf frontières définies en 2009 par le Stockholm Resilience Centre : changement climatique, biosphère, couche d’ozone, acidification des océans, système forestier…  Ces frontières formaient le cadre du fonctionnement de l’économie avant la révolution industrielle. Or six sur neuf ont d’ores et déjà été dépassées.   

Enfin les économistes ont aussi leur part de travail : il leur faut construire un nouveau cadre d’analyse macroéconomique suffisamment robuste dans la durée. Pour l’instant, le débat oscille entre des visions néoclassique et décroissante. Du côté des classiques, on estime qu’à quelques ajustements prêts, comme l’augmentation de la taxe carbone et des investissements dans les nouvelles technologies de décarbonation, le coût global de la transformation sera réduit.  Les décroissants travaillent de leur côté essentiellement sur la corrélation entre baisse du Produit intérieur brut et des émissions de CO2. Au niveau microéconomique, l’analyse peut être séduisante mais elle manque de vision macroéconomique, car elle ne donne aucune indication sur ce que serait l’inflation dans un environnement décroissant, ou plus fondamentalement, sur la nature du contrat social qui unirait alors les membres de la société.  

Les analyses et les opinions mentionnées représentent le point de vue de l’auteur. Elles ont été émises en décembre 2023 et sont susceptibles d’évoluer. Elles ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle. Les références à des valeurs mobilières, des secteurs ou des marchés spécifiques dans le présent document ne constitue en aucun cas un conseil en investissement, une recommandation ou une sollicitation d’achat ou de vente de valeurs mobilières, ou une offre de services.

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