Axel Botte, Head of Market Strategy, Ostrum Asset Management
En 2025, les banques centrales poursuivront, dans la lignée de 2024, les baisses de taux. Dans ce contexte, les placements monétaires deviendront progressivement moins rémunérateurs. Les investisseurs pourront alors rallonger leurs positions sur la courbe en investissant sur de la dette souveraine ou des maturités un peu plus longues, d’autant que les difficultés des marchés à prévoir la politique de Donald Trump devraient créer de la volatilité.
Situation baissière anticipée en Europe
Côté européen, il faut sans doute s’attendre à des baisses de 25 points de base lors des trois premiers conseils des gouverneurs de l’année de la banque centrale européenne (BCE), ce qui amènerait le taux principal à 2,25 % (Banque de France, décembre 2024). La suite semble plus incertaine en raison de l’inflation salariale persistante. Pour jouer les dettes souveraines, les investisseurs pourraient alors se positionner sur l’obligation allemande à dix ans quand son rendement atteindra 2,50 % ou 2,60 %. En tendance, le titre devrait en effet se maintenir autour de 2,30 %. Côté français, une nouvelle dissolution semble fortement probable, un spread autour de 100 points de base paraît alors un point d’entrée intéressant. Il devrait en effet se stabiliser autour de 90 pdb, un spread de 80 pdb constituant plutôt un plancher, tant que n’émerge pas un consensus politique sur la politique budgétaire. Les épargnants pourraient aussi jouer les dettes périphériques, désormais plus stables, notamment celles de l’Espagne ou du Portugal et même de l’Italie dont le spread ne devrait pas dépasser les 120 pdb.
Du côté du monétaire, la rentabilité des placements en 2025 devrait tourner autour de 2,3 %- 2,4 % (Le Revenu, décembre 2024). Les investisseurs auraient donc intérêt à favoriser le crédit, dont le spread autour de 100 pdb au-dessus des maturités allemandes devrait perdurer. Peu volatils, ces marchés offrent un surcroît de performance intéressant car prévisible. Les obligations high yield paraissent moins attrayantes, malgré des taux de défaut relativement faibles. Elles séduiront les épargnants en recherche de performance, et prêts à prendre des risques pour cela.
Mandat Trump synonyme de prudence aux États-Unis
Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) assure qu’elle baissera à deux reprises ses taux en 2025, mais elle pourrait être contrainte d’aller au-delà, en raison de l’impact sur la croissance de la politique de Donald Trump, notamment des tarifs douaniers ou des freins à l’immigration (Les Echos Investir, décembre 2024). Cet environnement instable incite à la prudence. Les investisseurs avertis pourront tenter de jouer la pentification des courbes, en limitant leurs investissements aux maturités relativement courtes. La partie plus longue de la courbe pourrait en effet connaître des accès de fièvre. D’autant que l’incapacité des exécutifs américains à s’attaquer à leur déficit budgétaire pourrait effacer l’effet des baisses de taux en cas de tension.
Du côté du crédit, même si les titres américains paraissent un peu chers, les perspectifs d’écartement des spreads incitent à se montrer un peu plus constructifs que pour leurs équivalents européens. L’attractivité des obligations high yield paraît en revanche faible.
Les analyses et les opinions mentionnées représentent le point de vue de l’auteur. Elles ont été émises en décembre 2024 et sont susceptibles d’évoluer. Elles ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle. Les références à des valeurs mobilières, des secteurs ou des marchés spécifiques dans le présent document ne constituent en aucun cas un conseil en investissement, une recommandation ou une sollicitation d’achat ou de vente de valeurs mobilières, ou une offre de services. Tout investissement comporte des risques, y compris le risque de perte en capital. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.