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Comprendre l’économie et les marchés financiers pour mieux gérer votre épargne.
14.02.24

Les Français et l'épargne - Quels enseignements en 2023 ? 

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L’année 2023 aura été marquée par des remous sur les marchés financiers et des chocs exogènes obligeant les entreprises et les épargnants à composer avec une inflation galopante et des taux d’intérêt particulièrement élevés. Banques centrales, institutions financières et Gouvernement ont tenté de contenir ces crises multiples avec des politiques monétaires restrictives, impactant le commerce mondial et l’économie réelle, notamment pour combattre une inflation qui a atteint des niveaux records, portée par une situation géopolitique soumise aux tensions. Comment ont réagi les épargnants français dans cette situation ? Quel a été leur comportement d’épargne et quelles sont leurs intentions pour l’année 2024 ? 

 

Un contexte qui pousse à la défiance 

 

Le contexte inflationniste a poussé les français à adopter une posture de défiance. La forte augmentation des prix des biens et des services, en particulier des biens alimentaires, les a conduit à se constituer une épargne de précaution toujours plus importante. Ce comportement d’épargne a été d’autant plus suivi que les opportunités d’épargner ont été nombreuses. C’est notamment le cas des produits réglementés les plus courants qui ont vu leur taux d’intérêt augmenter fortement pour préserver en partie le pouvoir d’achat. La perspective d’une baisse prochaine des prix, déjà entamée pour certains produits, n’a pas suffit à rassurer les français, à l’inverse des consommateurs américains. Le taux d’épargne national reste donc particulièrement haut et s’établit à 17,7 % en 2023, bien au-delà de son niveau d’avant COVID, fixé à 15 %. 

 

En parallèle, le taux de placement financier (différence entre les versements et les retraits sur l'ensemble des produits d'épargne, rapportée au revenu disponible brut) a baissé de plus de moitié en 2023 par rapport à 2022 passant de 5 % à 2 % du revenu. Une donnée qui prend tout son sens alors que la progression des salaires est restée limitée dans ce contexte de tensions.  

 

En conséquence, en dépit du maintien de l’épargne de précaution, la collecte nette hors intérêts de janvier à novembre 2023 s’est effondrée de 67,2 milliards d’euros en 2019 à 13,1 milliards. Mais ces collectes sont concentrées sur des arbitrages records et à l’inverse, les décollectes ont elles aussi été records. Du côté des collectes, ce sont majoritairement les produits réglementés qui ont vu leur taux augmenter. Le patrimoine financier des ménages de son côté n’a pas connu de décollecte, au contraire, il s’est renforcé autour de l’assurance vie. En parallèle, les turbulences sur le marché immobilier et les récentes réformes contraignant la location des biens anciens a entraîné une chute des valeurs immobilières et un report des achats des ménages, le tout profitant systématiquement à une épargne de précaution qui devrait perdurer encore quelques mois. 

 

La perspective de la retraite : un moteur de la transformation de l’épargne  

 

Parmi les préoccupations des Français : la retraite. Deux tiers se disent préoccupés par le niveau futur de leur pension de retraite, ils souhaitent ainsi prendre des précautions pour garantir leur niveau de vie, via l’épargne. Si la récente réforme des retraites a remis le sujet sur le devant de la scène, force est de constater que cette préoccupation la précède depuis bien longtemps. En revanche, c'est l’allocation de cette épargne pour la retraite qui a évolué au profit des supports d’épargne retraite, devant l’immobilier et les produits réglementés.  
 

Des perspectives macroéconomiques  

 

On anticipe une croissance toujours molle en 2024, sur fond de recul de l’inflation qui pourrait atteindre 2,4 % avec la stabilisation du prix de l’énergie et la poursuite de la modération des hausses de prix de l'alimentation. Un contexte favorable au pouvoir d’achat des ménages sans pour autant garantir une baisse du taux d’épargne. Il est peu probable que ce taux ne diminue dans les prochains mois pour retrouver son niveau d’avant COVID. Face aux incertitudes, les Français restent échaudés et donc prudents dans leur intentions d'épargne.  

 

Après une année 2023 d’arbitrages records, l’année 2024 pourrait, en l’absence d’un retour total à la normale, voir les arbitrages se réduire. Le montant des placements financiers pourrait encore ralentir en raison du faible rebond du pouvoir d’achat et à des taux toujours hauts. L’économie réelle pourrait toujours faire les frais d’une baisse de distribution des crédits et des encours immobiliers stagnants. Si les produits réglementés pourraient continuer de séduire, alors que leurs taux de rendement restent élevés, les produits financiers pourraient revenir dans le viseur des Français, notamment les fonds euros et les actifs moins liquides.  

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Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de (des) l’auteur (s) référencé(s). Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle. 

Source : Les Rendez-vous de l'Epargne - Retour à la normale en 2024 après des arbitrages records des placements financiers en 2023?