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Comprendre l’économie et les marchés financiers pour mieux gérer votre épargne.
19.03.20

La guerre des prix du pétrole

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Le pétrole est en nette baisse depuis plusieurs jours. Pour cause, l’Arabie Saoudite a augmenté sa production et réduit les prix, alors que la Russie refuse de s’aligner sur les prix de l’OPEP et de diminuer sa production. Cela a pour conséquence l'augmentation de l'offre sur un marché déjà sur-approvisionné, et donc la nette baisse du prix du baril. Quelles conclusions tirer de cette situation ?

Propos recueillis le 12/03/2020 auprès d’Esty Dwek, Responsable de la stratégie de marchés chez Natixis IM Solutions

Des conclusions positives ?

La baisse du prix du pétrole est considérée comme un élément positif pour la croissance mondiale. Notamment aux États-Unis,où la consommation domestique reste élevée et la baisse des prix sera bénéfique pour les ménages. En effet, la baisse des prix du pétrole équivaut à une réduction d’impôts pour les consommateurs, car les Américains conduisent beaucoup. Et bien sûr, cela devrait aider certaines des industries les plus touchées par l’épidémie, telles que les compagnies aériennes, le transport maritime et l’industrie manufacturière.

En outre, de nombreuses grandes économies sont importatrices d’énergie, y compris dans l’Union européenne. Pour les marchés émergents, la baisse du prix du pétrole est un élément positif pour la Chine, l’Inde, la Turquie et l’Afrique du Sud, entre autres. La Chine étant le plus grand consommateur de pétrole, la baisse des prix sera une bénédiction dans lec ontexte actuel.

Pourquoi la baisse des prix est-elle une mauvaise nouvelle cette fois-ci ?

Après les chocs liés à l’épidémie de coronavirus, la baisse des prix du pétrole est un second choc dont les marchés n’ont pas besoin.

À l’approche de 2020, les producteurs de schiste étaient déjà confrontés à des obstacles, des problèmes de trésorerie et des dettes arrivant à échéance. Les compagnies pétrolières avaient déjà annoncé qu’elles réduiraient leurs dépenses d’investissement. Mais si le prix du pétrole devait rester bas, les faillites pourraient être la prochaine étape, resserrant les conditions financières et réduisant la liquidité.

D’un point de vue économique, l’industrie pétrolière et gazière américaine représente 8 % du PIB américain et plus de 10 millions d’emplois : la baisse des prix pendant une période prolongée pourrait entraîner des licenciements. Le prix moyen d’équilibre de la production américaine de schiste a chuté de 2 dollars par baril au cours des dernières années, pour atteindre 50 dollars par baril.

Quelles évolutions sur le long terme ?

Les Saoudiens et les Russes ont la capacité de maintenir ce jeu pendant un certain temps, et plus il dure, plus les dommages collatéraux sont importants. Cela pourrait engendrer une vague de défaillances, des marchés du crédit qui se bloquent et qui entraînent d’autres événements liés au crédit. La baisse du pétrole associée à une demande déjà faible et à une croissance faible, pourrait susciter des craintes de déflation. Les taux d’intérêt pourraient encore baisser, car les marchés fixent déjà les taux d’intérêt américains à 0, ainsi que de nouvelles réductions ailleurs, ce qui laisse penser que les banques pourraient continuer à souffrir. C’est l’une des raisons pour lesquelles les petites capitalisations aux États-Unis sont touchées : elles comprennent à la fois les producteurs de schiste et les petites banques. Et les banques européennes pourraient ne pas être à l’abri, car des taux bas aux États-Unis laisse présager des taux encore plus bas – pour plus longtemps – sur le vieux continent.

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