Dette : démission du Premier ministre, spread en surchauffe
Alors que la place financière hexagonale était en train de reprendre du poil de la bête la semaine dernière, la démission surprise du Premier ministre a jeté un froid sur les marchés. En quelques heures, la tension sur la dette publique s’est accrue, les taux à 10 ans atteignant 3,61 % avant de redescendre légèrement. La Bourse de Paris a trébuché de 2 % à l’ouverture et l’euro s’est affaibli, rappelant à quel point la stabilité politique demeure un pilier essentiel de la confiance des investisseurs. Depuis la dissolution de 2024, le « risque France » reste sous surveillance, et les derniers rebondissements politiques ne font qu’alimenter l’inquiétude.
Sur le marché obligataire, le spread (écart de taux entre la dette française et allemande à dix ans) s’est envolé à 89 points de base, frôlant un record depuis la crise de la zone euro. La France, longtemps considérée comme un emprunteur sûr du Vieux Continent, affiche désormais des taux supérieurs à ceux de l’Italie, une première depuis plus d’une décennie. Ce décrochage s’explique par une combinaison explosive : dette dépassant les 3 400 milliards d’euros, déficit public attendu à 5,4 % du PIB en 2025, et absence de consensus sur de futures réformes budgétaires. Les investisseurs exigent ainsi une prime de risque de plus en plus élevée pour financer l’État français, perçu comme fragilisé par ses tensions politiques internes.
Si les marchés n’ont pas encore sombré dans la panique, la confiance s’effrite. Les économistes évoquent une France « embourbée dans un marécage » : pas d’effondrement immédiat, mais une lente perte d’adhérence. L’appartenance à la zone euro agit encore comme un pare-feu, évitant une envolée incontrôlée des taux. Mais si la crise politique devait s’aggraver ou conduire à de nouvelles élections, le spread franco-allemand pourrait franchir le seuil symbolique des 100 points de base. À surveiller, de très près.
Or : 4 000 dollars franchis, miroir du chaos économique
L’or n’a jamais autant brillé. Ce mercredi, le métal jaune a franchi pour la première fois la barre symbolique des 4 000 dollars l’once, s’échangeant même au-delà des 4 030 dollars dans la matinée. Une envolée qui illustre à quel point les investisseurs, pris entre incertitudes géopolitiques et tensions monétaires, recherchent plus que jamais une valeur refuge. Depuis janvier, le cours du métal précieux s’est envolé de près de 50 %, porté par un contexte mondial sous haute tension.
Derrière cette ruée, la prudence domine : paralysie gouvernementale aux États-Unis, instabilité politique en Europe, regain de conflits et pressions sur les banques centrales ont érodé la confiance dans les monnaies et les dettes souveraines. Résultat : les capitaux se détournent du dollar et se réfugient dans l’or, dont la valeur s’est accrue de 135 % en trois ans. Dans un monde où les taux d’intérêt vacillent et les marchés boursiers semblent déconnectés de la réalité, l’or réaffirme son rôle de thermomètre de la peur économique.
Mais cette flambée ne s’explique pas uniquement par la conjoncture. En toile de fond, les banques centrales des pays émergents sont devenues des acheteuses massives, renforçant leurs réserves pour réduire leur dépendance au dollar. En 2024, elles ont acquis plus de 1 000 tonnes d’or, un record pour la troisième année consécutive. Ce nouvel équilibre montre que le métal précieux, jadis relégué au rang de relique barbare, est redevenu un pilier de la stabilité financière mondiale.
Commerce mondial : reprise en 2025 suivie d’un recul en 2026
Alors que le commerce mondial semblait condamné à caler, il reprend finalement un peu de vitesse en cette fin d’année. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) table désormais sur une progression de 2,4 % des échanges de marchandises, portée par la montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA) et un sursaut d’importations avant la hausse des droits de douane américains. Une dynamique bienvenue, après plusieurs mois de doutes et de révisions successives, mais qui reste fragile tant les incertitudes politiques et commerciales pèsent sur l’horizon économique.
Cette embellie doit beaucoup à une réponse mesurée des grandes puissances face aux nouvelles taxes américaines. Contrairement aux années 1930, la plupart des pays ont évité l’escalade tarifaire, limitant les dégâts sur le commerce mondial. Les produits liés à l’IA représentent à eux seuls 42 % de la croissance des échanges, signe que la révolution technologique agit comme un moteur de résilience. En revanche, les services, traditionnellement plus dynamiques, devraient ralentir, passant de 6,8 % de croissance en 2024 à 4,6 % en 2025.
Mais le moteur pourrait déjà se remettre à cracher : pour 2026, l’OMC anticipe un net coup de frein avec une hausse des échanges limitée à 0,5 % seulement. Entre les droits de douane persistants, la faiblesse de la demande mondiale et la montée du protectionnisme, l’organisation appelle à une « remondialisation ». Autrement dit, à une mondialisation repensée, plus diversifiée et durable.
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