Bourse : records aux États-Unis, rebond à Paris
La place de Paris a démarré la séance de jeudi dans le vert, s’inscrivant dans la lignée de nouveaux records inscrits par les grands indices américains. Vers 10h00, l’indice phare progressait de +0,76 % à 8 027,87 points, après déjà +0,90 % la veille. La paralysie budgétaire aux États-Unis (le « shutdown ») laissant place à une surévaluation des indices du secteur privé et l’appétit pour le risque ravivé par une perspective de baisses de taux de la banque centrale américaine (Fed) ont fait frétiller les investisseurs.
L’optimisme tient surtout à l’IA. Partenariats stratégiques entre leaders de l’IA générative et grands fabricants asiatiques de semi-conducteurs ont dopé la thématique, avec à la clé un mégaprojet d’infrastructures estimé à 500 Md$ destiné aux centres de données. L’élan déborde l’Atlantique : en Europe, les valeurs exposées aux puces, au cloud, aux logiciels et aux équipements pour data centers surfent sur la vague. Sur le plan macro, le « shutdown » américain prive de statistiques publiques clés cette semaine (demandes d’allocations chômage, rapport mensuel sur l’emploi), ce qui donne un poids démesuré aux indicateurs privés : l’enquête ADP/Stanford Lab a signalé en septembre une destruction nette de 32 000 emplois dans le secteur privé, renforçant l’idée d’un assouplissement monétaire à venir.
La suite pourrait se jouer sur deux fronts. En zone euro, la publication du taux de chômage de septembre (consensus 6,2 % à 11h00) testera la résilience du marché du travail. Aux États-Unis, l’absence de données officielles entretiendrait la dépendance des marchés aux signaux faibles (sondages privés, guidance d’entreprises).
Shutdown : l’économie américaine au point mort
Les États-Unis se retrouvent en pleine paralysie budgétaire : faute d’accord entre majorité et opposition, le gouvernement fédéral est entré en situation de shutdown. Concrètement, les services publics non essentiels ferment, une partie des fonctionnaires se retrouve au chômage technique et les salaires sont gelés. Si le pays a déjà connu plusieurs épisodes de ce type, celui-ci survient dans un climat économique plus fragile que par le passé.
L’impact pourrait être significatif. Chaque semaine de shutdown retrancherait entre 0,1 % et 0,3 % du PIB trimestriel réel, soit jusqu’à 1,5 % en cas de blocage prolongé. Le gel des dépenses publiques freine la consommation des ménages, retarde les paiements aux entreprises et bloque l’accès aux prêts et autorisations administratives. À cela s’ajoute un contexte déjà tendu : inflation repartie à la hausse, emploi en difficulté et croissance ralentie. De nombreux économistes alertent sur un effet domino susceptible d’amplifier la fragilité de l’économie américaine.
De leur côté, les marchés financiers n’ont pas tardé à réagir : le dollar a reculé, l’or a atteint un record proche de 3 900 dollars l’once et les investisseurs redoutent des perturbations statistiques, comme le report du rapport mensuel sur l’emploi. Un shutdown prolongé pourrait même faire grimper les taux obligataires et raviver le spectre d’un défaut sur la dette souveraine américaine. Cet épisode dépasse ainsi le simple bras de fer politique, et pourrait peut-être devenir la goutte d’eau qui fait déborder le vase économique.
Véhicules électriques : seuil historique des ventes en France
Le marché automobile français a donné un petit coup d’accélérateur en septembre, avec 140 354 immatriculations, soit une hausse d’environ 1 % sur un an. Un rebond timide, certes, mais positif, porté par le retour des ménages en concessions, qui ont représenté plus de la moitié des achats du mois, contre à peine 40 % habituellement. Malgré un contexte politique et réglementaire incertain, leurs arbitrages semblent s’être réorientés vers l’achat plutôt que l’attentisme.
Mais la vraie surprise vient de l’électrique. Pour la première fois, les modèles 100 % électriques ont atteint 22 % de part de marché, un niveau jamais franchi depuis deux ans. Ni l’éventuelle remise en question de l’UE (Union européenne) de son échéance du tout-électrique en 2035, ni l’attente du leasing social n’ont freiné les acheteurs. Au contraire, les promotions commerciales et l’augmentation des aides publiques à l’achat ont visiblement incité à franchir le pas. En revanche, du côté des entreprises, la reprise tarde encore : les changements de fiscalité sur les voitures de fonction ralentissent les décisions d’investissement, qui ne devraient se refléter dans les chiffres qu’à partir d’octobre.
Reste que ce sursaut ne suffit pas à effacer un tableau globalement morose : depuis janvier, le marché automobile français affiche encore un recul de plus de 6 % par rapport à 2024, et de près de 28 % par rapport à 2019. La transition vers l’électrique a donc passé la cinquième, mais le chemin reste sinueux pour un secteur qui peine toujours à retrouver ses niveaux d’avant-crise.
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