ReCOVery – Chapitre 3 : Pérenniser les progrès et changements positifs liés au confinement
Le confinement et les autres mesures de lutte contre la pandémie ont constitué une expérience sociale inédite. Elles ont modifié nos interactions sociales, notre rapport au travail, aux outils informatiques, notre consommation ou notre mobilité. Nous devons capitaliser sur cette expérience pour retenir les comportements positifs pouvant être généralisés.
Favoriser le travail à distance
D’un point de vue organisationnel, les événements de ces derniers mois ont rendu nécessaire la réflexion autour des méthodes de travail ou des modes de management. Le confinement a eu le mérite de faire prendre conscience qu’une partie des déplacements s’avère à la fois inutile, onéreuse, et discutable d’un point de vue environnemental. Dans un monde où la technologie rend possible visioconférences et travail à distance sans (ou presque) discontinuité, beaucoup se mobilisent pour que le télétravail ne demeure pas qu’une solution de crise. Cependant, ce mode d’organisation, dont le déploiement a été force et extrêmement rapide, a également révélé et exacerbé certaines difficultés. La mise en place du télétravail à plus grande échelle doit être choisie par le collaborateur et accompagnée par les employeurs. De plus, cette stratégie doit être accompagnée d’une réflexion à haut niveau sur l’équilibre entre flexibilité, motivation, et bien-être au travail. On doit s’adapter aux besoins de chaque collaborateur, pour promouvoir l’apprentissage, l’épanouissement du collaborateur et ne pas accentuer des inégalités préexistantes.
Développer une approche raisonnable du numérique
Le confinement a également accéléré la transition vers le digital : visioconférences, webinar, e-commerce, StopCovid. La situation invite à renforcer les investissements dans les nouvelles technologies. Cependant, si cette période a permis d’identifier les points forts, elle témoigne aussi des limites de ces outils (sécurité, liberté etc.). Les entreprises sont donc invitées à une réflexion en profondeur sur la place qu’elles veulent donner à ces outils : dans l’offre d’un produit ou l’organisation interne, afin d’en maximiser les bénéfices tout en ayant conscience des limites. En particulier, les questions de lien social, de protection des données privées et d’empreinte environnementale de ces outils nécessitent une prise de recul.
Notre usage du numérique, qui a déjà bouleversé nos vies, activités et usages, doit une nouvelle fois se transformer pour en faire l’allié principal de la transition écologique. Pour ce faire, il est urgent de réduire de manière significative l’empreinte du digital – qui, bien qu’invisible, est réelle –, de repenser nos modes de conception et d’usage pour une technologie plus verte, plus utile et pertinente. La sobriété numérique doit devenir l’ambition des entreprises au cœur de la transition numérique.
Encourager l’engagement individuel : l’adoption des mobilités « douces » et alimentation plus durable
Le confinement a permis d’expérimenter à grande échelle des villes où la place des déplacements motorisés, et les nuisances associées (pollution de l’air, bruit) sont fortement réduits. S’inscrivant dans les logiques de réduction de l’empreinte environnementale et de renforcement du travail à distance, la crise nous invite à reconsidérer la place donnée aux véhicules thermiques dans les villes. Les entreprises ont ainsi un rôle à jouer afin d’encourager l’adoption par les salariés des mobilités « douces » : marche, vélo, véhicules électriques. Les chaînes d’approvisionnement alimentaires internationales faisant face à des perturbations, la consommation alimentaire s’est elle aussi vu questionnée : aliments provenant du bout du monde, ne respectant plus le rythme des saisons, place trop importante de la viande, trop fort recours aux engrais et pesticides.
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Pendant 31 jours, l’initiative ReCOVery a mené une réflexion sur les enseignements à tirer de la crise pour reconstruire le monde de demain. Au cours de ces semaines d’échanges, six débats ouverts au grand public ont été organisés entre des représentants du monde économique, associatif et institutionnel. Une plateforme d’échanges en ligne[1] a également permis la remontée de plusieurs centaines de propositions, générant des milliers de réactions et commentaires. A travers ces différents débats et les contributions sur la plateforme en ligne, trois grands axes de réflexion se dégagent : la résilience, la durabilité et capitaliser sur les changements positifs.
[1] Accessibles sur recovery.wiki et https://recovery.braineet.com/