ReCOVery – Chapitre 2 : Faire émerger des modèles économiques plus justes et durables
La pandémie nous a violemment rappelé qu'ignorer certains facteurs de risque finit par coûter très cher à nos sociétés, à Ia fois en termes humains et économiques. Les conséquences des crises environnementales et sociales à venir seront probablement bien plus lourdes que celles de l’épidémie de coronavirus que nous subissons actuellement. II est plus que jamais nécessaire de faire émerger des modèles économiques plus justes et durables. Le défi est immense.
La crise du COVID19 conduira à une baisse des émissions d’environ 8 % des émissions en 2020 par rapport à 2019. Limiter la hausse des températures bien en dessous de 2°C comme le prévoit les accords internationaux implique dans les décennies à venir de réduire chaque année les émissions dans une proportion équivalente. Socialement, la crise économique qui s’annonce va frapper de plein fouet les plus précaires. Des actions fortes permettant d’atténuer ce choc, de mieux protéger et de mieux redistribuer, sont nécessaires pour éviter une précarisation massive qui déstabiliserait en profondeur nos économies.
Accélérer le déploiement des solutions aux enjeux environnementaux et sociaux
Pour répondre à ces défis, de nombreux secteurs économiques doivent se réinventer rapidement, afin d’accélérer le déploiement des solutions aux enjeux environnementaux et sociaux. La taxonomie européenne propose un premier cadre permettant aux entreprises et aux acteurs financiers de flécher les secteurs prioritaires pour répondre au défi climatique. Les acteurs privés peuvent s’inspirer de cette approche pour étendre leurs actions à d’autres enjeux, environnementaux, sur les questions de préservation de la biodiversité par exemple, mais aussi sociaux, en développant des produits plus sains, des solutions innovantes en matière de santé ainsi que des offres adressées spécifiquement aux populations les plus fragiles.
Faire émerger une culture d’entreprise inclusive
Cette transformation des modèles économiques devra s’appuyer sur des approches en « écosystèmes », valorisant l’ensemble des parties prenantes des entreprises. La transformation passera par une émulsion de tous les acteurs, que ce soient les employés à tous les niveaux hiérarchiques, les fournisseurs et sous-traitants, les consommateurs, les régulateurs ou encore les paires.
L’entreprise doit promouvoir l’engagement des différentes parties prenantes, en interne comme en externe, autour des sujets sociétaux et environnementaux. En ce sens, la formation des collaborateurs, la sensibilisation des clients, la mise en place d’actions de plaidoyer responsable autour des problématiques environnementales et sociales est un premier pilier d’action. Plus généralement, les systèmes managériaux et les modalités d’évaluation des collaborateurs méritent d’être revus à l’aune de ces critères.
Repenser la gouvernance et les indicateurs de performance
Faire émerger une culture d’entreprise plus inclusive passe également par une réflexion autour des modalités de gouvernance. En particulier, la formalisation d’une mission d’entreprise, dépassant la simple poursuite de performance économique apparaît comme une étape structurante de cette transformation, afin de définir la valeur ajoutée, économique, sociale et environnementale recherchée par l’entreprise.
Cette démarche implique d’initier une réflexion sur la comptabilité environnementale, sociale et économique, pertinente au regard de chaque activité. En effet, dans une logique de valorisation de la valeur ajoutée, il est nécessaire de promouvoir des principes de triple comptabilité intégrant les différentes ressources : économiques, environnementales et sociales.
Mobiliser le secteur financier pour accélérer la transition
Le secteur financier a un rôle important à jouer pour accélérer la transition vers une économie durable. Les investisseurs, les banquiers ou les assureurs sont chacun responsables de l’allocation du capital en faveur d’actifs à forte valeur ajoutée environnementale et/ou sociale et faire émerger des comportements responsables.
Le secteur financier a également un rôle à jouer en matière d’influence des comportements, que ce soit à travers les politiques de vote ou le dialogue qu’il peut engager avec les entreprises ou les pouvoirs publics. Les questions de développement durable doivent être au cœur de ces stratégies d’“engagement”.
***
Pendant 31 jours, l’initiative ReCOVery a mené une réflexion sur les enseignements à tirer de la crise pour reconstruire le monde de demain. Au cours de ces semaines d’échanges, six débats ouverts au grand public ont été organisés entre des représentants du monde économique, associatif et institutionnel. Une plateforme d’échanges en ligne[1] a également permis la remontée de plusieurs centaines de propositions, générant des milliers de réactions et commentaires. A travers ces différents débats et les contributions sur la plateforme en ligne, trois grands axes de réflexion se dégagent : la résilience, la durabilité et capitaliser sur les changements positifs.
[1] Accessibles sur recovery.wiki et https://recovery.braineet.com/