Quelles solutions face à l’envolée de la dette publique ?
Très légitimement, les investisseurs s’interrogent sur les conséquences des dépenses budgétaires engagées depuis un mois par les États pour lutter contre les impacts du confinement sur leurs économies. Cette inquiétude est d’autant plus vive que certains pays comme l’Italie ou l’Espagne, le Portugal ou la Grèce, voire même la France ou la Belgique, étaient déjà très endettés avant la crise du coronavirus. VEGA Investment Manager partage sa lecture des solutions au problème de financement des déficits publics.
Pour Marc Riez, Directeur général, quatre scénarios apparaissent pour gérer cette dette :
1 : La restructuration de la dette
C’est ce qui a été fait pour la Grèce en 2012. Cette solution, très mauvaise pour les investisseurs qui perdraient une partie de leur capital, est impensable pour les États car, ne pouvant plus emprunter par la suite sur les marchés, ils seraient obligés d’équilibrer leur budget, ce qui les empêcherait de financer la relance et l’investissement nécessaires à l’économie.
2 : L’impôt
Les États pourraient accroître les taxes sur les citoyens les plus fortunés, voire même, comme l’a envisagé le FMI, ponctionner les avoirs bancaires. Nous ne croyons pas à cette solution qui risquerait de provoquer des retraits massifs des comptes bancaires et une grave crise de confiance. Le seul précédent significatif de ce type de mesure a été pris à Chypre, où la Banque centrale a accepté des ponctions dans des conditions très particulières.
3 : La solidarité européenne
L’Union Européenne pourrait financer les États membres par une émission de « Coronabonds » qui permettrait aux pays les moins solvables de se financer dans de bonnes conditions, ou de faire un usage massif du Mécanisme Européen de Solidarité (MES), doté de 700 milliards d’euros.
Si les pays riches de la zone euro ont jusqu’alors refusé toute émission de dette commune, le MES a d’ores et déjà mobilisé 240 milliards d’euros pour venir en aide aux pays qui le nécessitent ce qui, outre les prêts octroyés par la Banque Européenne d’Investissement et diverses mesures, a permis de dégager plus de 500 milliards d’euros au titre de la solidarité européenne.
Cette source de financement est par nature limitée et, dans le cas présent, insuffisante pour couvrir les besoins des États européens. Les États-Unis ont d’ailleurs déployé un arsenal de mesures de soutien inédit de plus de 3 500 milliards de dollars.
4 : La monétisation de la dette
C’est cette solution qui paraît la plus probable et la plus souhaitable pour les marchés. Elle passe par des achats massifs d’emprunts d’États par la Banque Centrale Européenne (BCE), dans le cadre des programmes de « Quantitative Easing* » déjà annoncés ou à venir.
D’ici la fin de l’année, ce sont ainsi 1 110 milliards d’euros, à minima, que la BCE a prévu d’acheter, sachant que ce montant sera illimité si nécessaire. Par exemple, la dette italienne a largement bénéficié de son programme temporaire d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP).
Ces achats équivalent bien évidemment à de la création monétaire ce qui, à terme, pourrait alimenter l’inflation ou une perte de valeur de l’euro. Mais comme la reprise devrait être longue et que toutes les grandes monnaies sont logées à la même enseigne, les risques attachés à cette solution semblent aujourd’hui un moindre mal.
Propos rédigés le 20/04/2020 par Marc Riez, Directeur Général chez VEGA Investment Managers. Les analyses et les opinions mentionnées ci-dessus représentent le point de vue de l’auteur. Cet article ne constitue pas un conseil en investissement ni une recommandation ou une offre d’achat ou de vente de titres.
* Le quantitative easing est un outil, par lequel les banques centrales achètent massivement des actifs aux banques. Les banques commerciales sont ainsi incitées à prêter aux entreprises et aux particuliers.