Les trois actualités macroéconomiques de la semaine
Hausse continue de l’inflation aux Etats-Unis
Contrairement aux prévisions des économistes, l’inflation aux Etats-Unis n’a pas été freinée par le durcissement de la politique monétaire de la Fed en septembre : elle a atteint 8,2 % sur un an, soit seulement 0,1 point de moins par rapport au mois d’août. Selon Les Echos, elle atteint peut-être son pic puisque certains indices – comme la baisse du prix de l’immobilier ou la volonté des entreprises de ne pas augmenter leurs prix dans les prochains mois – sont des indicateurs favorables.
Beaucoup espéraient que la politique agressive de la Fed apporterait des résultats plus incisifs et visibles sur l’indice des prix à la consommation. Cependant, Samy Chaar, chef économiste de la banque Lombard Odier, parle d’une inflation « élevée et persistante », avec l’augmentation des prix de l’énergie et des produits alimentaires, respectivement 20 et 11,2 % – les deux principales sources de dépenses des ménages américains. Lorsque l’on considère les autres secteurs stratégiques tels que les services, l’inflation poursuit son envolée. Selon Les Echos, « le prix du logement, celui des services médicaux, des assurances-santé, des loyers ou encore des transports ont encore accéléré en septembre. Ainsi, l’indice des prix hors énergie et alimentation, qui donne une meilleure indication de la santé réelle de l’activité selon les économistes, est en hausse de 6,6 % sur un an et se retrouve à son plus haut depuis 1982. »
Cela laisse présager de nouvelles augmentations des taux par la Fed à la fin de l’année, cette dernière considérant qu’il est plus dangereux de ne pas relever ses taux que de trop les augmenter. Cependant, au vu de ces résultats mitigés et des conséquences sur les marchés internationaux, de nombreux pays commencent à remettre en question cette politique, et pas seulement les pays émergents. Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’Union européenne, s’est d’ailleurs inquiété de la dépendance de la BCE face à la politique monétaire de la Fed.
Le yen en difficulté face au dollar
Alors que la majorité des grandes banques centrales s’engagent dans des resserrements stricts de leurs politiques monétaires, de l’autre côté de la planète, un Etat s’engage dans la réflexion inverse : le Japon. Sa monnaie, le yen – la troisième la plus échangée derrière le dollar et l’euro – est réputée pour être particulièrement résistante face aux crises.
Il y a plusieurs façons de lutter contre l’inflation et la dépréciation d’une monnaie pour une banque centrale : elle peut notamment augmenter ses taux d’intérêts pour limiter la croissance. C’est la politique monétaire actuelle de la Fed. Mais le Japon ne peut pas prendre de telles mesures : sa croissance est faible, l’inflation et les salaires n’augmentent que très peu, et l’Etat est surendetté. Si la Banque centrale nippone augmentait ses taux, la croissance serait négative et les intérêts que l’Etat devrait rembourser seraient eux aussi beaucoup plus élevés. Alors, le pays a opté pour une autre solution : les interventions sur le marché de change. Concrètement, la Banque du Japon rachète des yens sur les marchés financiers et revend des devises étrangères. La rareté de la monnaie sur le marché international augmenterait donc sa valeur. Ainsi, selon Le Figaro, « le Japon avait acheté, le mois dernier, pour environ 3.000 milliards de yens de devises (près de 21 milliards de dollars) pour tenter de stabiliser sa monnaie. »
Cependant, mercredi, le yen s’est dangereusement rapproché de son niveau le plus bas depuis 32 ans face au dollar (147,80 yens pour un dollar). Cela montre que, malgré une politique monétaire ultra-accommodante, il est difficile de maintenir sa monnaie à flot lorsque l’on est en décalage avec les autres économies du monde.
Inflation record en Allemagne
Les chiffres sont sortis cette semaine, et ils ne sont pas encourageants. En Allemagne, l’inflation sur l’année calculée avec le mois de septembre a atteint 10,9 %, selon l’indice des prix harmonisés. Elle n’avait pas été aussi élevée depuis 1951. Sans surprise, cela est dû à l’augmentation des coûts de l’énergie, conséquence de la guerre en Ukraine.
Plus précisément, le coût de l’énergie a augmenté de 43,9 % en un mois, ce qui impacte de nombreux autres secteurs comme l’alimentaire. En effet, ce dernier a augmenté de 18,7 % en un an, ce qui est bien supérieur au chiffre global de l’inflation dans le pays. C’est pour réduire cette pression sur les ménages que Olaf Scholz, le chancelier allemand, avait annoncé fin septembre le déblocage de 200 milliards d’euros pour plafonner les coûts de l’énergie.
En effet, concernant les produits alimentaires, les augmentations sont inégales, mais importantes : +50 % pour les huiles, +30 % pour les produits laitiers, et presque 20 % pour la viande et les produits céréaliers. À titre indicatif, en France, les chiffres définitifs de l’Insee confirmés ce matin donnent une inflation en septembre de 5,6 %. Les produits alimentaires ont, eux, augmenté de 9,9 % et l’énergie, grâce au bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, ne dépasse pas les 18 % d’augmentation.
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