Les trois actualités macroéconomiques de la semaine
Les institutions européennes interdisent la vente de produits issus de la déforestation
Dans la nuit de lundi à mardi, les institutions européennes – Parlement, Commission et Conseil – ont adopté un texte législatif ayant pour objectif de réduire drastiquement les importations de produits issus de la déforestation. Cela vaut donc pour les produits tels que le soja, l’huile de palme, le cacao, le bois, le café, mais aussi le bœuf et les produits dérivés tels que le cuir ou les meubles. Cependant, ce texte exclut le secteur financier.
Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? D’un point de vue pratique, les entreprises vendant ces produits devront fournir un certificat au moment de l’entrée sur le territoire de ces marchandises. Ce dernier devra préciser l’origine de la matière première, et également les coordonnées GPS de l’exploitation. En fonction des aires géographiques, des indices de vérification seront alors mis en place : élevé, standard ou faible. Cette loi sera applicable à partir de janvier 2024.
Toutefois, les banques et les institutions financières ne font pas partie de l’accord. D’après Les Échos, leur inclusion était une volonté du Parlement, mais « aucun des Etats membres n’a soutenu cette proposition ». Ainsi, elle sera ré-examinée dans deux ans, avec d’autres propositions comme l’élargissement de cette loi à la protection des savanes et autres terres humides.
Record d’émission de dette souveraine pour la France en 2023
La fin d’année rime avec le financement du budget pour les Etats. Ils recourent en partie à l’endettement, via l’émission d’obligations à court, moyen ou long terme. En 2023, la France a atteint un record d’émissions s’établissant à 270 milliards d’euros. Une somme qui représente un quart de l’endettement total des États membres de la zone euro. Cette stratégie tient compte de l’appétit des investisseurs pour des produits de court et moyen terme, au détriment des bons du trésor à taux fixe, dont la part diminue à 3 milliards d’euros.
Elle répond d’abord à un besoin d’équilibre financier en permettant le remboursement anticipé de 26 milliards d’euros de titres arrivant à échéance en 2023, réduisant l’encours total de dette de 6,9% à 6,7%. Elle permet également de constituer un matelas de sûreté permettant l’absorption de chocs économiques exogènes, dans un contexte géopolitique en tension.
L’émission de ces obligations permet également d’augmenter la part des « green bonds », des obligations destinées à financer les investissements pour la transition écologique et énergétique en 2023. Un record donc, mais qui permet d’assurer la stabilité du budget, dans un contexte de baisse des dépenses publiques et qui confère une marge de manœuvre en cas de turbulences.
La COP15 et la question des investissements dans le domaine de la biodiversité
La COP15 Biodiversité est la quinzième conférence organisée avec les pays ayant ratifié la Convention sur la diversité biologique (CBD), un traité international à trois objectifs : la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de cette dernière et le partage juste et équitable des ressources. Cette année, elle se tient à Montréal.
Au cours de ses premiers jours, une problématique déjà posée à Charm el-Cheikh a été abordée : les financements au service de la nature. En effet, selon Les Echos, « les experts du programme Environnement de l’ONU (Unep) ont appelé à doubler ‘de toute urgence’ les flux financiers en faveur des ‘solutions fondées sur la nature’ d’ici à 2025, puis à les tripler d’ici à 2030. » Actuellement, ce sont 154 milliards de dollars qui sont investis tous les ans dans le domaine de la biodiversité. Pour atteindre les objectifs fixés par les accords de Paris, ce serait 484 milliards qu’il faudrait investir chaque année et, d’ici 2050, 674 milliards. L’Organisation des Nations Unies l’a annoncé : le secteur privé doit donc augmenter considérablement ses investissements.
Les Etats sont eux aussi concernés et ce à différentes échelles, considérant leur position face aux risques mais aussi leurs moyens financiers. Les pays du Sud, tels que le Brésil, l’Indonésie ou encore l’Afrique du Sud demandent par exemple des versements à hauteur de 100 milliards de dollars par an jusqu’à 2030 de la part des pays du Nord, et la création d’un nouveau fonds pour la biodiversité. Des idées qui ne sont pas à l’ordre du jour pour les pays développés pour le moment.
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Sources:
- https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/lue-parvient-a-sentendre-pour-in[…]re-limportation-de-produits-issus-de-la-deforestation-1886139
- https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/biodiversite-a-la-cop15-cest-encore-une-question-dargent-1886650
- La France pèsera plus d’un quart des émissions de dette souveraine en Europe l’an prochain | Les Echos