Les trois actualités macroéconomiques de la semaine
L’Etat français rachète les derniers titres d’EDF en bourse
L’entreprise EDF est entrée en bourse il y a maintenant dix-sept ans. Pourtant, elle s’apprête à se mettre en retrait suite à sa prise de contrôle à 100 % par l’Etat français. En effet, le gouvernement a déposé cette semaine auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) son projet d’offre sur le solde du capital d’EDF. Concrètement, cela veut dire que les actionnaires minoritaires de l’entreprise vont voir leurs titres se faire racheter, dans une période donnée, par l’Etat français.
Cette opération aura lieu entre le 10 novembre et le 8 décembre si l’AMF la valide le 8 novembre. Pour l’instant, l’Etat a proposé un prix de 12 euros l’action pour racheter les 16 % qui ne lui appartiennent pas encore. Effectivement, il possède déjà près de 84 % de l’entreprise. Mais ce montant de 12 euros doit être validé par un expert indépendant choisi par le conseil d’administration d’EDF. Certains actionnaires jugent ce prix trop faible ; d’autres, au contraire, voient cela comme une offre généreuse au regard de la chute de la Bourse ces derniers mois.
Pourquoi racheter EDF ? Ayant pour projet de se lancer dans la construction de réacteurs nucléaires, l’objectif du gouvernement est de réduire les coûts importants s’inscrivant dans la durée. La gestion du parc en serait alors simplifiée. La nationalisation d’EDF permettrait également à l’Etat de renforcer l’indépendance énergétique de la France, le tout dans un contexte géopolitique tendu et une crise énergétique sans précédent.
Réformes et dette : dégradation des perspectives pour le Royaume-Uni
Le 23 septembre dernier, la nouvelle Première Ministre britannique a annoncé son projet de réforme fiscale : globalement, il consiste en une diminution des taxes sur les hauts revenus et une protection des revenus les plus faibles de la crise énergétique ; tout cela sans plan de financement. La semaine dernière, en réaction à ces annonces pouvant sembler inquiétantes, la livre sterling avait frôlé la parité avec le dollar avant de reprendre de la vigueur et d’atteindre 1,11 dollar.
Cette semaine, c’est l’agence S&P Global Ratings qui ne rassure pas les marchés. Cette dernière prévoit un déficit de la dette publique qui devrait se creuser de 2,6 % du PIB par an jusqu’en 2025. A cela, ajoutons une augmentation de l’endettement de l’Etat. Cette annonce est en contradiction avec les précédentes, ayant prévu « une baisse de la dette en pourcentage du PIB à partir de 2023 », selon Les Échos. Nous pouvons donc nous attendre à de l’agitation du côté des marchés lundi, chaque mauvaise nouvelle accentuant la nervosité des investisseurs.
Cette annonce est également due à l’intervention de la Banque d’Angleterre, qui a lancé un programme prévoyant de racheter des titres « pour éviter un naufrage de la dette d’Etat ». En effet, suite à l’annonce de la hausse des taux, les représentants du Trésor et de l’industrie des fonds de pensions ont revendu des titres de dettes, cela accentuant encore la hausse des taux. C’est un cercle vicieux qu’il faudra endiguer, et un mouvement de vente panique qu’il faudra éviter lorsque la Banque centrale d’Angleterre mettra fin, le 14 octobre, à son programme d’achat.
Révisions à la hausse des prévisions de croissance et d’inflation portugaises
Hier, la Banque du Portugal a revu à la hausse ses estimations concernant l’inflation et la croissance du PIB. En effet, la croissance sera plus élevée, passant de 6,3 % estimé à 6,7 % ; cependant, l’inflation est elle aussi plus importante que prévu.
L’année 2022 est, pour le Portugal, un moment de répit entre la crise sanitaire de 2021 et la crise énergétique qui se profile pour 2023. Cette année, le pays a largement bénéficié « de la reprise du tourisme et de la consommation des ménages » selon la banque centrale. La croissance est due à un taux très faible de chômage (5,8 %) et à des exportations dynamiques progressant de 17,9 %. Le Premier ministre annonce donc que le Portugal est pour l’instant à l’abri d’une récession, le PIB devant croître d’environ 6,4 % selon le ministre des Finances.
Cependant, l’inflation risque de s’infléchir fortement à la fin de l’année, la Banque du Portugal l’estimant à 7,8 %, contre 5,9 % précédemment. Pour y faire face, le gouvernement portugais compte dépenser 2,4 milliards d’euros pour les ménages et 1,4 milliard pour les entreprises. Des chiffres élevés certes, mais qui, selon Le Figaro, ne devraient normalement pas empêcher le pays « d’atteindre son objectif de ramener son déficit public à 1,9 % du PIB cette année. »
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