Les trois actualités macroéconomiques de la semaine
La Fed relève ses taux de 0,75 point
Pour la quatrième fois consécutive, la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé mercredi 2 novembre ses taux de 0,75 point. En mars, ils étaient à peine au-dessus de zéro ; aujourd’hui, ils dépassent les 3,75 %. La grande question n’est maintenant plus la hausse en elle-même, mais la durée pendant laquelle il faudra la maintenir. D’un point de vue stratégique, pour Jerome Powell, la ligne reste la même : mieux vaut être trop strict que pas assez. Ainsi est-il préférable de trop augmenter les taux – au risque de provoquer une récession – et de lâcher du lest ensuite, que de s’installer dans la durée dans le cercle vicieux inflationniste.
En septembre, les Etats-Unis avaient enregistré une inflation de 8,2 %. Lorsque l’on compare avec les chiffres de l’Europe, ce n’est pas forcément étonnant. Cependant, contrairement à cette dernière, l’inflation américaine n’est pas due à l’augmentation du prix de l’énergie. Selon Le Monde, « sa cause est largement due à l’excès d’offre, induite par les plans Trump et Biden de relance de l’économie et la politique d’argent gratuit de la Fed pendant la pandémie de Covid-19. »
Et que se passe-t-il du côté de la Bourse ? Les réactions de Wall Street sont un vrai problème pour les banquiers centraux : dès que ces derniers ont un discours quelque peu optimiste, les investisseurs font repartir les actions à la hausse. Cela recrée de la richesse, alors que la Fed tente d’appauvrir les Américains afin de faire baisser la demande et donc les prix. Ceci dit, cette décision a ravivé les tensions sur les marchés mondiaux : ce mercredi, le CAC 40 perdait 0,8 %, le S&P 500 0,7 % jeudi alors qu’il était déjà à – 2,5 % mercredi. Le NASDAQ quant à lui, déjà fragilisé par les mauvais résultats des géants de la Tech, s’était clôturé en recul de 3,36 % mercredi et reculait encore de 0,8 % jeudi.
Hausse historique des taux par la Banque d’Angleterre
Ce n’est pas, comme la Fed, la quatrième fois que la Banque d’Angleterre relève ses taux, mais la huitième ! Précurseur, c’est la première à avoir entamé une remontée des taux, dès décembre 2021, pour lutter contre l’inflation. Cependant, ce huitième tour de vis est le plus important réalisé depuis 1989 : 0,75 point de base, autant que la Fed. Ainsi, le taux directeur atteint 3 % au Royaume-Uni, du jamais-vu depuis la crise financière de 2008.
Cependant, cette augmentation des taux reste inquiétante puisqu’au Royaume-Uni, l’économie rentre en récession. Dans le même temps, l’inflation se stabilise aux alentours de 10 %. Selon Les Echos, « désormais, la Banque d’Angleterre s’attend à ce que l’inflation atteigne un pic à 11 % en décembre, au lieu de 13 % prévu en août. » Elle avait dû intervenir urgemment pour soutenir les marchés obligataires suite aux annonces de l’ancienne Première Ministre Liz Truss quelques semaines plus tôt. Cette semaine, elle a cependant commencé à revendre les obligations d’Etat, pour un montant de 750 millions de livres.
Néanmoins, comme avec Liz Truss, elle doit continuer à naviguer dans le flou, jusqu’aux prochaines annonces du gouvernement le 17 novembre. Ce sera alors le moment de découvrir si la politique fiscale du pays sera à contre-courant de la politique monétaire, même si l’on s’attend à un programme de rigueur budgétaire de la part de Jeremy Hunt, le nouveau ministre des Finances.
En Suisse, une inflation qui décélère à 3 % en octobre
L’inflation suisse décélère en octobre, pour le deuxième mois consécutif pour atteindre 3 % sur l’année. La hausse des prix des produits importés était due à la crise énergétique, mais elle a diminué ce mois-ci pour atteindre 6,9 % par rapport à la même période l’année précédente. Les produits fabriqués en Suisse ont vu leur prix légèrement baisser, leur hausse sur un an n’étant maintenant plus que de 1,7 %. C’est 0,1 % de moins qu’au mois de septembre.
En Suisse, l’inflation a donc augmenté, mais est restée très loin des niveaux de ses voisins européens. Comment s’explique cette faible inflation ? Tout d’abord, le mix énergétique : la Suisse n’est dépendante qu’à hauteur de 10 % du gaz importé. Son énergie est en effet à 60 % hydraulique et 30 % nucléaire. La seconde raison est la force de sa monnaie : le franc suisse vaut plus que l’euro, les produits vendus à la Suisse, majoritairement issus de l’Union européenne, sont donc beaucoup moins chers.
Cependant, la banque centrale suisse n’avait pas échappé – comme la plupart de ses homologues – au resserrement de sa politique monétaire en septembre. Elle avait notamment abandonné les taux d’intérêt négatifs, en place depuis 2015, pour une remontée à 0,5 % afin de lutter contre l’inflation.
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