Les trois actualités macroéconomiques de la semaine
L’inflation fait une pause pour le mois d’août en France …
Selon les chiffres de l’INSEE révélés le mercredi 31 août 2022, l’inflation a augmenté de 5,8% ce mois-ci. Ce chiffre est inférieur à celui de juillet, qui avait atteint le niveau record de 6,1%. Dans le même temps, l’INSEE a confirmé le progrès du PIB français, augmentant de 0,5% au printemps. Selon Les Echos, c’est grâce à la hausse de la consommation des ménages que cette augmentation est perceptible : elle « a progressé de 0,3 %, alors qu’elle affichait un repli de 1,2 % au premier trimestre. »
Le ralentissement des prix de l’énergie est la cause principale de ce ralentissement de l’inflation au mois d’août. Cependant, elle représente toujours une grande partie du budget des français. Selon Les Echos, « en rythme annuel, les prix de l’énergie affichent toujours une hausse de 22,7 % », ce qui représente le double de la hausse de 2021. Dans son sillage, les prix des services augmentent également, à hauteur de 3,9%. Le prix des produits manufacturés affiche lui une hausse de 3,5% ce mois-ci, contre 2,7% en juillet. C’est sans doute dans le domaine des produits alimentaires que l’augmentation des prix se fait le plus ressentir : elle atteint 7,7%, surpassant largement les chiffres de juillet plafonnant à 6,8%.
On note également en août un recul de la consommation des ménages de 0,8% alors qu’un léger rebond avait été perceptible ces deux derniers mois, sûrement pour les vacances. En effet, les français consomment moins de produits manufacturés : ces chiffres sont perceptibles dans certaines industries comme les voitures ou les équipements de maison, mais également l’habillement, qui a lui seul enregistre une baisse de 3,7%.
… Mais atteint les 10% dans la zone euro
A ne pas s’y méprendre : l’inflation a certes légèrement diminué en France au mois d’août, mais ce n’est pas le cas de la zone euro, qui a enregistré une hausse des prix de 9,1% (contre 8,9% en juillet) selon Eurostat. Sans grande nouveauté, cette hausse est principalement due à l’augmentation du coût de l’énergie (+ 38% en un an). Comme à l’échelle française, ce prix a stagné au mois d’août grâce à la baisse du coût du baril de pétrole, mais selon Pushpin Singh, économiste au cabinet Center for Economics and Business Research qui s’est entretenu avec les journalistes de Le Monde : « ce n’est probablement que passager, étant donné les incertitudes sur les approvisionnements en gaz. Avec l’inflation alimentaire et la sécheresse de cet été qui frappe la production agricole, les perspectives sont sombres pour la zone euro. »
Certaines économies sont plus touchées que d’autres par l’augmentation du coût de la vie. Les pays baltes connaissent une inflation incontrôlable, avoisinant les 25%. Les pays du nord, comme les Pays-Bas ou la Belgique ne sont eux aussi pas épargnés, avec des chiffres dépassant les 10%. Ils sont suivis de près par l’Allemagne, qui enregistre une hausse de 8,8%. Mais d’autres pays, notamment l’Europe de l’Ouest comme le Portugal, l’Espagne ou encore la France, profitent d’une inflation moins élevée, notamment grâce aux mesures de boucliers tarifaires mis en place par leurs gouvernements respectifs. Ceci dit, même si leur inflation est moins liée à l’énergie, elle se transmet de plus en plus fortement dans le domaine de l’alimentation.
Compte tenu de ces chiffres récemment publiés, nous pouvons anticiper la réaction de la banque centrale européenne, dont l’objectif est de maintenir l’inflation aux environs de 2% sur le long terme. Le 8 septembre, date du prochain rendez-vous, nous pouvons donc nous attendre à une nouvelle hausse des intérêts. La seule question est alors l’ampleur de la hausse.
Création d’emplois aux Etats Unis : dans le secteur privé, des chiffres plus faibles que prévu
En ce qui concerne l’inflation, la zone euro et les Etats Unis sont dans des situations bien différentes, notamment à cause du prix du gaz. En effet, le gaz naturel se transportant mal, son prix fluctue d’une région à l’autre et est presque huit fois plus cher en Europe qu’en Amérique du Nord. Malgré ces disparités en faveur des Etats Unis – qui leur ont permis de voir leur inflation reculer à 8,1% en juillet contre 9,1 en juin – la pénurie de main-d’œuvre que connaît le pays contribue largement à la hausse de l’inflation.
En effet, le marché de l’emploi étasunien avait été particulièrement dynamique au mois de juillet, se retrouvant proche de son niveau d’avant Covid, c’est-à-dire historiquement bas. A la fin du mois, on comptabilise donc, selon le Figaro : « 11 millions de postes vacants et 4 millions de démissions ». Ce niveau était alors relativement stable par rapport au mois de juin, selon les données du bureau des statistiques (BLS).
Au mois d’août, cependant, les employeurs privés ont créé environ 132 000 emplois aux Etats-Unis, ce qui est largement insuffisant par rapport aux chiffres attendus : les économistes tablaient sur 288 000. Si l’on y ajoute les chiffres du secteur public, c’est deux fois moins d’emplois qui seront créés par rapport à juillet. Le taux de chômage est, quant à lui, resté stable à 3,5%. La porte-parole de la maison blanche, Karine Jean-Pierre, l’avait annoncé mardi : il ne fallait pas s’attendre à ce que le nombre d’emplois soit au taux de croissance élevé connu ces derniers mois, puisque cette dernière sera plus stable et régulière qu’auparavant.
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