Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
France : le moral des ménages perd 2 points en avril
Alors que les périodes post-élection présidentielle sont généralement synonymes de “bouffée d’optimisme”, les derniers chiffres partagés par l’Insee montrent que la guerre en Ukraine et ses conséquences sur le pouvoir d’achat pèsent lourdement sur le moral des ménages Français. L’indice du moral des ménages a ainsi reculé de deux points en avril : il est désormais à 88 points, loin de sa moyenne de long terme (100 points). Il se trouve à un “niveau voisin des points bas atteints fin 2018 lors du mouvement des gilets jaunes et en 2020 lors des confinements” selon Les Echos.
La forte inflation mesurée en France (inférieure à celle mesurée en Allemagne) n’est pas près de ralentir estiment les ménages. En mars, la hausse des prix atteignait 4,5 %, un niveau que la France n’avait plus connu depuis 1980. Et si la part des ménages jugeant que la hausse des prix va s’accélérer est moins forte qu’en mars, celle qui considère que les prix ont augmenté au cours des 12 derniers mois est en progression de 51 points. Il s’agit d’un record, qui remonte à 2008, en pleine crise financière.
Conséquence directe de cette baisse de moral, les ménages sont plus nombreux à juger qu’il est “opportun d’épargner” (+ 2 points). De plus, la proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants (voiture et gros électroménager principalement) “baisse plus fortement qu’en mars” (- 9 points). Enfin, les ménages sont plus nombreux à juger que leur situation financière “est sous tension”. Tous ces éléments inquiètent les économistes : une consommation en berne pourrait avoir un impact négatif puissant sur la croissance française.
Le taux de chômage mesuré à 13,65 % en Espagne
En Espagne, quatrième économie de la zone euro, le taux de chômage demeure à un niveau important, selon les chiffres publiés par l’Institut National de la Statistique (INE) : 13,65 % de la population active. Il s’agit d’une légère progression depuis la fin 2021, lorsque le taux de chômage était de 13,3 %. Cela représente 3,17 millions de personnes (70 000 de plus que fin 2021). Néanmoins, le taux de chômage actuel est moins important que celui que connaissait l’Espagne avant le début de la crise sanitaire (il était alors de 13,8 %), ce qui est une bonne nouvelle pour l’économie du pays, qui montre ici sa capacité de rebond post-crise. L’Espagne demeure malheureusement l’un des pays avec le plus haut taux de chômage de l’OCDE.
Dans le détail, “la hausse du premier trimestre a touché à la fois les moins de 25 ans (+ 6 600 demandeurs d’emploi) et les 25-54 ans (+ 66 500). Le nombre de chômeurs de plus de 55 ans a à l’inverse légèrement reculé (- 2 200)” explique Le Figaro. C’est dans le secteur des services que la dégradation de l’emploi a été la plus forte au cours du premier trimestre (+ 96 000 demandeurs d’emploi). On retrouve ensuite le secteur de l’industrie (+ 15 000 demandeurs d’emploi), tandis que la situation s’est améliorée dans l’agriculture (- 6 300).
Ces résultats concordent avec la situation économique actuelle, rendue très compliquée par la guerre en Ukraine et ses conséquences sur les économies européennes. Le gouvernement, qui prévoyait une croissance du PIB de l’ordre de 7 % en 2022 devrait prochainement revoir ses ambitions à la baisse selon la ministre de l’Économie Nadia Calviño. Dès lors, les analystes s’attendent à des complications sur le marché de l’emploi, évidemment corrélé à la croissance économique du pays. Pour rappel, l’Espagne est l’un des pays d’Europe qui a le plus souffert de la crise sanitaire, avec un recul de son PIB de 10,8 % sur l’année 2020 et une hausse du nombre de demandeurs d’emploi estimée à un demi-million de personnes.
La Banque centrale du Japon maintient ses taux directeurs
En dépit d’une inflation en constante accélération et d’une dépréciation du yen (causée par le relèvement des taux d’autres banques centrales), la Banque centrale du Japon (BoJ) a décidé de maintenir ses principaux taux directeurs à un niveau qualifié “d’ultra-accommodant”. La BoJ estime que l’inflation devrait s’établir à 1,9 % sur l’exercice 2022-23 (hors produits frais alimentaires), contre 1,1 % selon les précédentes prévisions. Il convient de noter que l’inflation au Japon est essentiellement importée : “en excluant également l’énergie, la hausse devrait se limiter à 0,9% en 2022/23” a expliqué la BoJ. Cette dernière prévoit également une retombée de l’inflation en 2023-24 (1,1 %) et en 2024-25 (1,1 %).
La BoJ a également maintenu son objectif d’un maintien de l’inflation hors produits frais alimentaires sous les 2 %, sans resserrement de sa politique monétaire et ce, même si les 2 % d’inflation sont atteints, car la banque juge que cela serait transitoire. “La hausse actuelle des prix à la consommation au Japon est causée par la flambée des coûts de l’énergie et d’autres matières premières sur fond de la guerre en Ukraine, et non par le cercle vertueux d’une croissance économique dynamique qui stimulerait la demande” analyse Le Figaro.
La BoJ a profité de cette annonce pour partager ses prévisions de croissance pour l’archipel : elle table à présent sur une progression du PIB de 2,9 % en 2022/23, contre 3,8 % précédemment, puis de 1,9 % en 2023/24 (contre 1,1 % auparavant) et de 1,1 % en 2024/25. Enfin, afin de stimuler l’économie, la BoJ va conserver son taux négatif de 0,1 % sur les dépôts des établissements financiers auprès d’elle, afin de “les inciter à prêter et à investir davantage dans l’économie réelle”.
Sources :
- https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/lenvie-de-consommer-des-menages-francais-au-plus-bas-depuis-le-printemps-2020-1403262
- https://www.lefigaro.fr/conjoncture/espagne-le-taux-chomage-en-legere-hausse-au-1er-trimestre-a-13-65-20220428
- https://www.lefigaro.fr/flash-eco/banque-du-japon-statu-quo-monetaire-malgre-l-inflation-et-la-chute-du-yen-20220428
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