Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
La croissance mondiale devrait atteindre 4,4 % en 2022
Après une année 2021 record mais souvent insuffisante pour rattraper les contractions du PIB en 2020, 2022 devrait être une année de croissance, mais une année de croissance plus faible que prévu. La faute au variant Omicron et à l’inflation, qui ne semble plus vraiment transitoire. Les économistes du Fonds Monétaire International (FMI) ont revu à la baisse le chiffre de la croissance mondiale, de 4,9 à 4,4 %. La décélération observée en Chine et aux États-Unis joue pour beaucoup dans ce recul de 0,5 point de croissance (ces deux pays représentent environ un tiers du PIB mondial).
Aux États-Unis, le grand plan de soutien de Joe Biden, considérablement limité par le Congrès n’a pas eu les effets escomptés : la croissance a donc été revue à la baisse par le FMI, de 5,2 à 4 % ! En Chine, la politique sanitaire extrêmement stricte du “zéro Covid” freine l’activité économique : la croissance n’atteindra vraisemblablement que 4,8 % au lieu des 5,6 % attendus. Le ralentissement de la Chine a un effet immédiat sur la croissance de pays exportateurs, dépendants de la consommation chinoise : le Brésil ne devrait pas connaître une croissance supérieure à 0,3 % en 2022, au lieu de 1,5 %. Quant au Mexique, il est affecté par le ralentissement du voisin américain. Ce ralentissement concerne l’ensemble des pays développés, sauf le Japon. Le FMI a revu à la baisse la croissance française pour 2022 (revue à la baisse de 0,4 %) ainsi que celle de l’Allemagne (revue à la baisse de 0,8 %).
Pour le FMI, la dernière inquiétude provient de l’inflation : “les prévisions d’inflation ont été rehaussées pour cette année, à 3,9 % pour les économies développées et 5,9 % dans les émergents” selon Le Figaro. Le cours du pétrole a presque doublé, et le prix des données alimentaires est en constante hausse, avec un impact extrêmement fort sur certains pays. Cette inflation est également alimentée par les difficultés rencontrées sur les chaînes d’approvisionnement : “les experts ont calculé que ces perturbations ont amputé la croissance de 0,5 à 1 % et augmenté l’inflation de 1 point en 2021”.
France : le chômage en recul de 13,6 % en 2021
Les statistiques de Pôle Emploi sont formelles : le chômage a considérablement reculé en France en 2021, ce qui peut constituer une surprise au regard de la situation économique compliquée traversée par l’Hexagone. Au mois de décembre, le chômage a reculé de 0,4 % (hors Mayotte) et de 5,9 % sur l’ensemble du T4 2021, soit 208 000 chômeurs en moins. Cette nouvelle baisse a ramené le chômage à son plus bas depuis 2012 ! La très forte reprise économique a donc eu des effets positifs : “les effectifs de la catégorie A ont baissé de 520.500 sur un an (- 13,6 %) et de 176.100 par rapport à février 2020 (- 5 %), juste avant le premier confinement” selon Les Echos. Mis à part les mois de février et avril 2021, tous les mois ont été des mois de baisse du taux de chômage.
Ces chiffres concernent la catégorie A, mais qu’en est-il des catégories B (moins de 78 heures travaillées) et C (plus de 78 heures travaillées) ? Pour la B, “la baisse est du même ordre, en volume comme en pourcentage”. Elle a largement bénéficié aux moins de 25 ans, point noir historique de la France. En cumulant les trois catégories, la France compte 5,6 millions de chômeurs : un niveau élevé mais qui représente un plus bas depuis février 2015.
Deux bémols sont à prendre en compte : une baisse notable des inscriptions après un retour d’inactivité (après une formation par exemple) et la hausse des sorties pour arrêt de recherche de travail. Il faut également considérer le ralentissement de la croissance qui, cumulé à une augmentation de la durée de travail par salarié, va ralentir les créations d’emploi en 2022. Le mois de décembre est donc peut-être une première alerte pour le marché du travail français.
La Fed pourrait remonter ses taux de 0,5 point en mars
La fin des taux bas des Banques centrales est-elle en train de commencer ? Aux États-Unis, le Président de la Fed Jerome Powell a fait trembler Wall Street avec ses annonces : il veut tout faire pour “battre l’inflation” selon Le Monde, et cela passe par une probable hausse d’un demi-point des taux directeurs de la Fed dès sa réunion du mois de mars. Cette annonce a réveillé les craintes d’une situation similaire à celle connue en 2015, mais M. Powell a rappelé que la situation est bien différente aujourd’hui : la croissance est plus forte (+ 5,6 % contre + 2,5 %), le plein-emploi est atteint (3,8 % de taux de chômage contre 5 %) et l’inflation est élevée (+ 7 % contre 0,7 %).
Cette remontée des taux afin de faire baisser l’inflation n’est pas prise au hasard : l’inflation est actuellement trop élevée et rogne le pouvoir d’achat des Américains, malgré les hausses de salaire constatées dans le pays. Comment la Fed va-t-elle s’y prendre pour augmenter ses taux ? Elle ne reconduira probablement pas son programme d’achat du bon du Trésor américain, qui s’achève en mars. Et la Fed va ensuite devoir se tourner vers sa prochaine mission : réduire son “bilan” ! En effet, en rachetant la dette émise par l’État, “ce bilan atteint 8 900 milliards de dollars, soit environ 37 % du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis” explique Le Monde. Réduire le bilan passera par une réduction de l’offre de crédit. Conjugué à une remontée des taux et la réduction du déficit budgétaire abyssal américain, l’économie américaine sera beaucoup moins stimulée. Le FMI estime ainsi que la croissance ne dépassera pas 4 % en 2022, contre 5,2 % envisagées en octobre 2021.
Sources :
- https://www.lefigaro.fr/conjoncture/omicron-fait-tousser-la-croissance-mondiale-20220125
- https://www.lesechos.fr/economie-france/social/pole-emploi-le-chomage-a-encore-recule-fin-2021-1382059
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/27/aux-etats-unis-le-patron-de-la-fed-jerome-powell-durcit-le-ton-sur-l-inflation_6111130_3234.html
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