Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
France : 2,2 millions d’embauches de plus d’un mois enregistrées au T2 2021
Malgré les craintes engendrées par la progression du variant Delta, la santé de l’emploi en France est très satisfaisante. Selon les chiffres communiqués par l’Urssaf, 2,2 millions d’embauches de plus d’un mois (CDD et CDI), hors intérim, ont été effectuées au deuxième trimestre 2021, en se basant sur les déclarations des employeurs. La progression par rapport au premier trimestre 2021 est forte : + 16,9 % ! Les Echos nous informent que “le phénomène est particulièrement marqué pour les CDI (+ 21,3 % après +6,3 % au premier trimestre) par rapport aux CDD de plus d’un mois (+ 12,9 % après + 3,6 %)”.
Comment expliquer ce fort regain ? Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) indique que “ce retour au niveau de 2019 sur les contrats longs fait écho aux difficultés de recrutement”. En effet, le rapport de force avec l’employeur semble se rééquilibrer en faveur des salariés : la forte diminution du recours aux contrats courts dans le secteur de l’hébergement et de la restauration en est d’ailleurs une preuve : les salariés ont de meilleures marges de manœuvre pour négocier une embauche en CDI.
Quels sont les secteurs, les entreprises les plus dynamiques sur le marché de l’emploi ? Ce sont les TPE qui participent le plus à ce regain, “avec une augmentation de 25,9 % au deuxième trimestre, contre 10,6 % pour les plus grosses entreprises”. En revanche les grosses entreprises favorisent davantage les CDI que les TPE : les “embauches en CDI progressent ainsi trois fois plus rapidement que celles en CDD dans les plus grosses structures” selon Les Echos. Concernant les secteurs, c’est le tertiaire qui porte les chiffres vers le haut : 93 % des embauches ont lieu dans ce secteur. L’hébergement-restauration est l’un des secteurs les plus dynamiques avec plus de 510 000 recrutements, contre 670 000 embauches dans le secteur des activités de services administratifs et de soutien.
États-Unis : hausse des demandes d’allocations-chômage
C’était inattendu, de l’aveu même des économistes américains : les inscriptions hebdomadaires au chômage ont augmenté lors de la semaine du 11 au 18 juillet : 419 000 demandes ont été enregistrées après une baisse la semaine précédente (+ 51 000 entre les deux semaines), alors que les experts attendaient 360 000 inscriptions. Néanmoins selon Le Figaro, le nombre total de personnes “touchant encore des prestations chômage sous une forme ou une autre a fortement baissé au cours de la première semaine de juillet”. Le pays comptait 12,6 millions de bénéficiaires, soit près de 1,3 million de moins qu’au cours de la semaine précédente.
L’explication de cette forte baisse est toute simple : plus de 25 des 50 États américains ont supprimé les allocations-chômage exceptionnelles qui avaient été mises en place pour des dizaines de millions de personnes qui avaient perdu leur emploi à cause de la pandémie de Covid-19. D’ici la fin du mois de juillet, ce sont environ 3,5 millions de chômeurs qui vont perdre toute aide selon Oxford Economics. Ces États considèrent que ces aides sont un “frein au retour à l’emploi”, alors que de nombreuses entreprises cherchent de la main d’œuvre, souvent dans des secteurs où les rémunérations sont peu élevées, comme dans la restauration. Néanmoins, plusieurs recours en justice ont été déposés contre ces suppressions et des juges du Maryland et de l’Indiana ont ordonné à ces deux États de continuer à verser les allocations.
L’emploi des cadres a progressé de 2 points au T2 2021
En plus de la bonne santé du marché du travail français au niveau global, certains marchés plus précis tirent leur épingle du jeu. C’est notamment le cas de celui des cadres, “14 % des entreprises ont recruté des cadres au deuxième trimestre, soit deux points de plus qu’au premier et 30 % de plus qu’à la fin de 2020” selon les chiffres de l’APEC. Le directeur général de l’APEC Gilles Gateau ajoute que “on constate une légère accélération des prévisions de recrutement au troisième trimestre par rapport à la trajectoire”. Bien que cette enquête fût réalisée avant la flambée épidémique liée au variant Delta, les prévisions demeurent solides : les entreprises ont toujours fait preuve de pessimisme dans leurs prévisions.
L’optimisme affiché par l’APEC n’est pas dénué de sens : certains secteurs ont rejoint les niveaux d’avant la crise : informatique, ingénierie, services aux entreprises et construction notamment. Dans les trois premiers secteurs, 21 % des entreprises affichent des intentions d’embaucher au moins un cadre et 12 % dans le secteur de la construction. En revanche, “mauvaise surprise du côté de l’industrie, où les perspectives sont en baisse, avec seulement 10 % des entreprises prêtes à recruter un cadre”, soit un recul de 3 points par rapport à mars 2021, indique le journal Les Echos.
Un point interroge concernant les cadres : malgré leur nombre, 75 % des entreprises qui indiquent vouloir en embaucher un, pensent qu’elles auront des difficultés à recruter. Or la crise a pourtant provoqué un afflux de jeunes diplômés disponibles car “le robinet des embauches s’est fermé”, résume Gilles Gateau, qui se montre critique à l’encontre des “critères de recrutement qui interviennent dans le choix des candidats et n’évoluent que pas ou peu, et ce malgré les tensions prégnantes”.
Sources :
- https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/pic-historique-dembauches-en-contrats-longs-au-deuxieme-trimestre-1333770
- https://www.lefigaro.fr/flash-eco/etats-unis-hausse-inattendue-des-inscriptions-hebdomadaires-au-chomage-20210722
- https://www.lesechos.fr/economie-france/social/emploi-des-cadres-lembellie-se-confirme-1333248
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