Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
Le coût de la crise en France estimé à 170 milliards € en 2020
Jamais les comptes publics n’ont connu pareil plongeon : il faut remonter à la seconde guerre mondiale pour trouver un équivalent. C’est dire l’impact de la crise sanitaire sur les finances de l’État. Pourtant, le choc est moins brutal que prévu. Devant les sénateurs, le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt a expliqué que le coût de la crise de la Covid-19 sur les comptes publics était compris entre “160 et 170 milliards d’euros”, alors que les prévisions du mois de novembre 2020 anticipaient une perte de 186 milliards.
Comment expliquer cette amélioration ? D’abord “le montant consacré aux dépenses d’urgence a été revu en baisse, de 86 à 77 milliards d’euros” selon Les Echos : 27,6 milliards pour le financement de l’activité partielle, 15,9 milliards pour le fonds de solidarité et 14,2 milliards consacrés à la santé. De plus, la perte des recettes fiscales a été moins importante que prévu : 90 milliards contre 100 milliards, grâce à la “dynamique de la TVA”. Selon Bercy, cette dynamique s’est même amplifiée au début de l’année 2021 : “les recettes de TVA se sont établies à 19,4 milliards en janvier de cette année, contre 19,5 milliards en janvier de 2020”, lorsque la crise sanitaire n’était pas déclarée en France. Ces bonnes nouvelles devraient permettre au ministre Olivier Dussopt de présenter un “déficit public pour 2020 un peu moins dégradé”, en dessous de 10 %. Selon les prévisions, il aurait dû atteindre – 11,3 %.
France : 5,5 % de croissance en 2021 selon la Banque de France
Il s’agit d’une autre bonne nouvelle pour la France : la Banque de France vient de revoir à la hausse ses prévisions de croissance pour 2021 : alors qu’elle prévoyait 5 % de croissance, elle anticipe désormais 5,5 %, quand bien même le rebond de l’activité n’aurait lieu que cet été. Cet optimisme ne provient pas du front sanitaire, mais de celui de l’économie. “L’effet de la situation sanitaire sur l’économie est mieux géré qu’il y a un an” selon les économistes de la Banque. Le rebond de la consommation attendu pour cet été devrait bien avoir lieu, car le revenu des Français a été “globalement préservé pendant la crise, grâce à la fois aux amortisseurs publics et à une résistance notable du marché du travail”. L’ajustement au choc d’activité s’est fait davantage sur le nombre d’heures travaillées que sur les effectifs : “le nombre d’emplois a baissé de 1,4 % en 2020”, alors que “le nombre d’heures travaillées a, lui, reculé de 7,3 %”. Le taux de chômage devrait atteindre 9,3 % fin 2021, alors qu’il était attendu à 10,5 %.
La bonne santé du marché du travail devrait inciter les Français à consommer le surcroît d’épargne accumulé depuis 1 an, qui représente 110 milliards d’euros de plus qu’en 2019. Bien que ce surcroît devrait se poursuivre en 2021, il serait 50 % inférieur à celui de 2020 selon la Banque de France (soit 165 milliards d’euros d’épargne de plus que durant une année normale).
Enfin, le commerce extérieur devrait “contribuer de façon positive à la croissance cette année” selon Les Echos, car les échanges internationaux reprennent petit à petit et parce que l’industrie a plutôt bien résisté face à la crise. Le plan Biden, d’une valeur de 1 900 milliards de dollars devrait également avoir un impact positif sur le PIB français (environ + 0,3 points), mais la Banque de France n’a pas intégré ce chiffre à ses prévisions, par prudence.
La croissance américaine pourrait atteindre 6,5 % cette année
A l’instar de la Banque de France, la Fed se montre véritablement optimiste pour l’économie américaine en 2021, au lendemain de l’adoption du nouveau plan de soutien voulu par l’administration Biden, d’une valeur de 1 900 milliards de dollars (dont nous vous avons parlé ici), qui s’ajoute à celui de 900 milliards de l’administration Trump, adopté à la toute fin 2020. Les économistes de la banque centrale américaine estiment que la croissance devrait atteindre 6,5 % en 2021 (et 3,3 % en 2022), un niveau plus atteint depuis 37 ans ! En décembre 2020, la Fed estimait qu’un taux de croissance à 4,2 % serait le maximum. Mais depuis, la vaccination a commencé : 100 millions d’américains devraient être vaccinés ce vendredi 19 mars (25 % des vaccinations mondiales).
Ces bonnes nouvelles vont-elles mettre fin aux politiques très accommodantes de la Fed ? Non répond cette dernière : elle prévoit de conserver sa politique monétaire jusqu’à ce que ses objectifs, la baisse du chômage et une inflation autour de 2 % soient atteints. La baisse du chômage devrait d’ailleurs se poursuivre selon la Fed : actuellement à 6,2 %, il devrait reculer jusqu’à 4,5 % à la fin 2021, un niveau supérieur à l’avant-crise mais inférieur à décembre 2020. Le chômage reviendrait sous la barre des 3,5 % dans le courant de l’année 2023. Enfin, l’inflation devrait remonter cette année et franchir la barre des 2 %, soit l’objectif fixé par la Fed, qui pourrait devoir remonter ses taux directeurs avant la fin de l’année pour ne pas laisser filer l’inflation.
Sources :
- https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/budget-le-cout-de-la-crise-en-2020-revu-a-la-baisse-entre-160-et-170-milliards-deuros-1299257
- https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/croissance-la-france-devrait-retrouver-son-niveau-davant-crise-mi-2022-1298586
- https://www.lefigaro.fr/flash-eco/usa-l-inflation-devrait-s-accelerer-a-2-4-en-2021-puis-se-stabiliser-autour-de-2-20210317
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