Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
La croissance française pourrait ne pas dépasser 3 % en 2022
En décembre 2021, bien avant le début des hostilités en Ukraine, la Banque de France estimait que la croissance atteindrait 3,6 % dans l’hexagone en 2022. Le conflit qui déchire l’Ukraine a totalement chamboulé les prévisions de la Banque, qui se montre désormais plus pessimiste. Elle estime que la guerre pourrait coûter entre 0,2 et 0,8 point de PIB à la France : “une plus forte inflation, des tensions sur les marchés financiers et une moindre demande extérieure adressée à la France” sont les trois facteurs principaux de la revue à la baisse de la croissance selon La Finance pour Tous. Ainsi, la croissance atteindrait 3,4 % selon le scénario “conventionnel” et 2,8 % selon le scénario “pessimiste”. Les conséquences de la guerre pourraient ne pas se limiter à 2022 : la croissance des années à venir pourrait également être affectée. Toujours selon les projections de la Banque de France, “la croissance française en 2023 serait comprise entre 1,3 % et 2 %. La guerre en Ukraine causerait ainsi une perte de croissance comprise entre 0,2 et 0,9 point de pourcentage en 2023, par rapport aux prévisions de décembre 2021. Pour 2024, l’impact serait plus faible, mais pourrait aller jusqu’à 0,3 point de pourcentage”.
Mais comment la guerre en Ukraine peut-elle avoir un tel impact sur la croissance française ? Il y a donc trois explications. La première est évidemment l’inflation. Le conflit a causé une forte hausse des prix de l’énergie et des matières premières agricoles (blé et maïs notamment), ce qui fait mécaniquement croître les coûts de production des entreprises, qui répercutent cette hausse sur leurs prix de vente. Et cela pèse sur le pouvoir d’achat des ménages qui consomment moins, ce qui freine l’activité économique et donc la croissance. La seconde explication nous vient des marchés financiers, qui sont tendus par l’incertitude générée par la guerre. Cette incertitude freine l’investissement des entreprises, essentielle pour créer de la croissance. Enfin, le conflit affecte l’économie de pays qui sont des partenaires économiques de la France, dont l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, qui “devraient importer moins de biens et services de la France”.
La Banque d’Angleterre relève son taux directeur à 0,75 %
Au Royaume-Uni, l’inflation est encore plus problématique qu’en France. Elle pourrait même atteindre 8 % en 2022. De plus, la guerre en Ukraine pourrait affecter la croissance britannique. Au regard de ces données, la Banque d’Angleterre (BoE) a décidé de remonter son principal taux directeur à 0,75 % : il s’agit de la troisième décision consécutive de resserrement de la politique monétaire outre-Manche. La BoE a justifié sa décision par “les tensions sur le marché du travail, les signes continus de coûts et pressions inflationnistes, et le risque qu’elles persistent”. Pays importateur net d’énergie, le Royaume-Uni est particulièrement affecté par la hausse des coûts de l’énergie liée à la guerre.
La décision de relèvement des taux pose un dilemme économique difficile à arbitrer pour les Banques centrales. En effet, il faut “choisir entre garder des politiques monétaires ultra-accommodantes, au risque de voir l’inflation s’installer durablement, ou remonter leurs taux, ce qui pèse sur la capacité d’emprunts et sur les crédits des particuliers comme des entreprises” explique Le Figaro. A l’heure actuelle, l’inflation est largement supérieure aux objectifs de la BoE : 5,5 % contre 2 % visés. Et cette situation devrait empirer dans les mois à venir. Avant le conflit en Ukraine, la BoE estimait que l’inflation ne dépasserait pas 7,25 %. Désormais, c’est un scénario à 8 % d’inflation qui est envisagé, en raison de la hausse des prix des hydrocarbures qui fait augmenter le plafond des tarifs de l’électricité.
La Fed va relever son taux directeur à 0,5 %
Aux États-Unis, l’inflation aussi est galopante et a atteint 7,9 % au mois de février, en raison d’une offre surabondante de monnaie, due à une politique monétaire et budgétaire ultra-accommodante depuis la crise liée au Covid-19, et du fait de la persistance de goulets d’étranglements dans les chaînes d’approvisionnement, qui ont entravé la reprise économique. Dès lors, c’est la lutte contre l’inflation qui devient la priorité de la Fed. Elle vient de remonter ses taux directeurs à 0,5 %, la première hausse depuis 2018. Cette hausse devrait être suivie de 6 autres hausses en 2022, d’au moins un quart de point, voire d’un demi-point si nécessaire. En 2023, 3 autres hausses sont envisagées, ce qui porterait le taux directeur de la Fed à 2,75 %.
Cette hausse progressive des taux aura sans aucun doute pour conséquence de ralentir la croissance économique. Dans les années 70, la lutte contre l’inflation a eu des effets dévastateurs sur l’économie américaine. Néanmoins Jerome Powell, le directeur de la Fed estime qu’il ne devrait pas y avoir de récession en 2023. “Il souligne que les bilans des entreprises et les finances des ménages sont sains, et que le marché de l’emploi est particulièrement vigoureux, et même tendu, avec 1,7 offre d’emploi pour chaque chômeur”. Ce ralentissement est même souhaité, afin d’éviter une spirale inflation-salaire. La Fed est donc prête à sacrifier un peu de croissance : au lieu des 4 % attendus en 2022, la croissance serait de 2,8 %.
Sources :
- https://www.lafinancepourtous.com/2022/03/15/guerre-en-ukraine-quel-impact-sur-la-croissance-economique-en-france/
- https://www.lefigaro.fr/flash-eco/la-banque-d-angleterre-monte-son-taux-a-son-niveau-pre-covid-face-a-l-inflation-20220317
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/17/face-a-l-inflation-la-fed-acte-sa-premiere-hausse-des-taux-depuis-2018_6117826_3234.html
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