Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
Argentine : accord sur la restructuration de la dette du pays
Depuis plusieurs mois, l’Argentine était dans une situation compliquée vis-à-vis des créanciers privés qui détiennent une partie (66 milliards de dollars) de la dette publique du pays, qui s’élève à 324 milliards de dollars (environ 90 % de son PIB). Mardi 4 juillet, le président Alberto Fernández (affilié centre-gauche) a annoncé qu’un accord avait été trouvé entre Buenos Aires et ses créanciers : ces 66 milliards vont être restructurés. Cela faisait plusieurs mois que les négociations étaient en cours, et le président Fernández a déclaré à la suite de l’accord : “Nous avons résolu une dette impossible en pleine pandémie et au milieu de la pire crise économique dont nous ayons le souvenir”. Selon ses dires, l’Argentine devrait économiser “33 milliards de dollars sur les prochains 10 ans”.
La dernière proposition du gouvernement argentin à ses créanciers prévoit un début du remboursement des intérêts “dès 2021”, contre 2023 lors de la première offre. Les créanciers ont jusqu’au 24 août pour accepter cette offre. Rassurants, les 3 principaux créanciers ont déclaré que l’accord “présente une bonne issue pour tous les participants et une offre que tous les créanciers devraient soutenir”.
Avec cet accord, les risques d’un défaut de paiement de la part du pays s’éloignent. L’Argentine risquait en effet de se retrouver dans cette situation critique, car depuis le mois de mai elle était entrée dans un “défaut de paiement sélectif” pour la neuvième fois de son histoire. Selon l’économiste Martín Kalos, cette résolution peut permettre de “lever des incertitudes sur la situation économique du pays et lui ouvrir des horizons”, alors que le pays fait face à une situation économique difficile : pauvreté, chômage et inflation auxquels s’ajoute une possible contraction du PIB de 10,5 % à cause de la crise du coronavirus.
Cet accord ne règle cependant pas toutes les dettes dues par l’Argentine : elle doit également restructurer une dette provenant de 44 milliards de dollars accordés par le FMI en 2018.
France : record du nombre d’autoentrepreneurs : 1,71 millions en 2019
Créé en 2009, le statut d’autoentrepreneur continue de faire des émules en France : il y a désormais plus de 1,70 millions de Français à avoir opté pour ce statut, soit une hausse de 26,5 % depuis 2019. Selon le président de l’Union des autoentrepreneurs (UAE), François Hurel, ce succès s’explique par un “besoin de satisfaction immédiate du service” et un goût des Français pour “la liberté”. Deux autres faits expliquent cette croissance forte : le doublement du plafond de chiffre d’affaires autorisé pour bénéficier du statut, et la non-radiation des “indépendants n’ayant déclaré aucun chiffre d’affaires sur deux années consécutives”.
Parmi les secteurs les plus représentés dans l’autoentrepreneuriat, celui des transports est le plus visible avec une hausse de 61 % des inscrits en un an. Les services à la personne, qui nécessitent peu de qualifications sont également très bien représentés : la demande est très forte, et pourrait encore croître, à cause de la crise sanitaire actuelle. Cette dernière devrait aussi renforcer autoentrepreneuriat dans le domaine de la santé.
Mais cette croissance fulgurante ne doit pas faire oublier que seuls 56 % des autoentrepreneurs déclarent un chiffre d’affaires positif, contre 63 % en 2019. Malgré cela, le chiffre d’affaires global a augmenté de 22 % sur la même période, et le chiffre d’affaires trimestriel moyen a augmenté de 9 %, “pour atteindre près de 4 500 €”.
76 millions d’euros supplémentaires pour les viticulteurs français
Au mois de mai, le gouvernement annonçait un plan d’aide de 170 millions d’euros aux viticulteurs, très durement touchés par la crise du coronavirus. Mercredi 5 août, 76 millions supplémentaires vont être ajoutés à l’aide promise. Cette aide supplémentaire servira à améliorer “le stockage des surplus” (20 millions) et à l’accroissement de “la distillation des invendus” (56 millions). Le Premier ministre Jean Castex a déclaré avoir fait le choix de “permettre à ces entreprises de passer cette crise dans les meilleures conditions possible”. Il a également promis un accompagnement de l’État pour encourager les politiques de filière afin de préparer le secteur à la transition écologique.
Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA a déclaré que cette aide est un “soulagement pour la filière”, tout en regrettant que l’aide puise dans le “budget européen consacré à la viticulture” (127 millions d’euros proviennent de ce budget, et 119 de l’État français). Il souhaite que l’aide communautaire ne se limite pas à la gestion de crise, mais soit employée pour des “mesures structurantes” pour les viticulteurs. Au total, cette aide permettra de distiller 2,6 millions d’hectolitres de vin pour produire du gel hydroalcoolique, alors que les viticulteurs demandaient de quoi distiller jusqu’à 3,5 millions d’hectolitres.
La crise du coronavirus n’est pas la seule difficulté rencontrée par le secteur. Si elle a causé un manque à gagner évalué à 1,5 milliards d’euros, les sanctions américaines pénalisent fortement les exportations vers les États-Unis : toutes les bouteilles de Bordeaux, Provence et Bourgogne sont taxées à hauteur de 25 %. Or, le pays de l’Oncle Sam représente 18 % des exportations françaises de vin. Enfin, la sécheresse frappe durement les viticulteurs. Afin de limiter les dégâts causés, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a annoncé que le dispositif “d’exonérations patronales pour les travailleurs occasionnels” serait prolongé d’une année, et s’achèvera en janvier 2022.
Sources :
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/08/05/l-argentine-trouve-un-accord-sur-sa-dette-avec-les-creanciers-prives_6048180_3234.html
- https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/nouveau-record-du-nombre-dautoentrepreneurs-en-2019-1228540
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/08/05/jean-castex-annonce-80-millions-d-euros-d-aides-supplementaires-aux-viticulteurs-francais_6048206_3234.html
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