Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
Le PIB de la zone euro reculera de 7,8 % en 2020
La seconde vague de la pandémie oblige de nombreux pays à instaurer de nouveaux confinements : l’Europe est désormais le continent le plus durement touché par le COVID19. Bruxelles a dévoilé jeudi 5 novembre ses prévisions jusqu’en 2022 pour les pays de la zone euro. Et elles sont à la baisse. Au printemps, la Commission anticipait un recul du PIB de 7,7 % en 2020. Elle considère désormais que ce recul atteindra 7,8 % (alors que la BCE prévoit 8 % de recul). Mais ce sont surtout les prévisions pour 2021 qui ont été revues à la baisse : alors qu’une croissance de 6,3 % était prévue cet été, elle ne serait plus que de 4,2 %. En 2022, la croissance sera limitée à 3 %. Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne a déclaré que “la deuxième vague de la pandémie anéantit nos espoirs d’un rebond rapide”.
Tous les pays de la zone euro ne connaîtront pas les mêmes reculs. L’Espagne (- 12,4 %), l’Italie (- 9,9 %) et la France (- 9,9 %) sont les trois pays qui devraient enregistrer les récessions les plus fortes. La Finlande (- 4,3 %), les Pays-Bas (- 5,3 %) et l’Allemagne (- 5,6 %) devraient connaître les récessions les moins importantes. L’Irlande est un cas à part dans la zone euro : alors que la Commission tablait sur un recul du PIB de 7,9 %, il devrait finalement se limiter à 2,3 %.
L’absence de croissance n’est pas le seul nuage noir à l’horizon pour la zone euro. La Commission souligne ainsi qu’il existe un “risque que les cicatrices laissées par la pandémie sur l’économie – comme les faillites, le chômage de long terme et les perturbations d’approvisionnement – soient plus profondes et durables”. Le taux de chômage en zone euro pourrait atteindre 8,3 % en 2020 et 9,4 % en 2021. La dette moyenne va passer de 86 % du PIB cette année à plus de 100 % dès 2021 : la Grèce dépasserait même les 200 %, et la France atteindrait les 115 %.
La Banque d’Angleterre va racheter £150 milliards d’actifs
Alors que les analystes attendaient une hausse du programme de rachat d’actifs de la Banque d’Angleterre (BoE) de £100 milliards, cette dernière a décidé de porter ce montant à £150 milliards. En 2021, ce programme atteindra ainsi £895 milliards. La BoE explique ce montant : “de nouveaux rachats d’actifs maintenant devrait aider à s’assurer que le ralentissement inévitable à court terme de l’activité ne sera pas amplifié par un environnement monétaire en contraction”. La BoE suit ainsi les manœuvres de la BCE qui a indiqué qu’elle améliora sa “capacité d’intervention”. La BoE a en revanche maintenu son taux directeur à 0,1 %, mais elle étudie la possibilité de les faire passer en dessous de 0 %.
Le programme mis en place par la BoE, dit de “quantitative easing” est crucial pour “assurer la stabilité des marchés financiers au moment où l’Etat est contraint d’alourdir massivement ses émissions de dette pour aider l’économie à traverser la tempête liée à l’épidémie” selon le journal Les Echos. La BoE crée de la monnaie, ce qui lui permet d’acheter la dette émise par le Trésor (mais également par les entreprises), qui n’a donc plus à se soucier de trouver des acheteurs. Le Trésor peut ainsi maintenir ses taux d’intérêt à “des niveaux avantageux”.
Cette hausse du programme de rachat d’actifs intervient dans un contexte économique difficile pour le Royaume-Uni. La BoE prévoit un recul du PIB de 11 % en 2020, contre 9,5 % anticipés. En 2021, le rebond, certes fort, sera limité à 7,5 % contre 9 % attendus par les experts. Il faudra attendre le premier semestre 2022 pour que l’économie du pays revienne à son niveau d’avant-crise.
Royaume-Uni : extension géographique et temporelle du dispositif de chômage partiel
Bien que moins généreux qu’en France (prise en charge par l’État de 80 % des salaires des employés contraints de s’arrêter temporairement de travailler à cause de la pandémie, contre 84 % en France), le dispositif de chômage partiel mis en place par Londres est crucial pour éviter les faillites d’entreprises et éviter l’explosion du chômage complet. Mais ce dispositif ne concernait qu’un des quatre pays composant le Royaume-Uni : l’Angleterre. Le Pays de Galles, l’Écosse et l’Irlande du Nord en étaient exclus. Le ministre des Finances, Rishi Sunak, a mis fin à cette inégalité de traitement jeudi 5 novembre. Le dispositif est également étendu dans le temps : il s’appliquera jusqu’à la fin mars 2021.
Cette double extension, à la fois géographique et temporelle, répond à une gronde de plus en plus bruyante outre-Manche : les Gallois, actuellement reconfinés n’appréciaient pas d’être exclus du dispositif. Les autorités locales ont dû puiser dans leurs ressources pour “distribuer des subventions aux entreprises”. Les nord-Irlandais ont eu recours au même procédé. Si les Écossais n’ont pas encore procédé au reconfinement, cette perspective devient de plus en plus probable. Edimbourg souhaite donc s’assurer de bénéficier du dispositif en cas de reconfinement.
Sources :
- https://www.lefigaro.fr/conjoncture/l-economie-europeenne-ne-retrouvera-pas-son-niveau-d-avant-la-crise-avant-2022-20201105
- https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/la-banque-dangleterre-vote-une-nouvelle-fois-au-secours-de-leconomie-britannique-1262246
- https://www.lesechos.fr/monde/europe/covid-le-royaume-uni-etend-son-dispositif-de-chomage-partiel-jusqua-la-fin-mars-1262362
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