Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
La production industrielle a diminué de 0,5 % en mars en France
Au mois de février, la production industrielle française enregistrait une baisse notable de 1,2 %. Au mois de mars, cette baisse s’est poursuivie, mais de manière moins nette : – 0,5 %. Le secteur manufacturier connaît lui aussi une baisse en mars, de l’ordre de 0,3 % après le recul plus fort de février (- 0,9 %). Mais si on tient compte de l’évolution sur un an, l’activité industrielle affiche une légère progression de 0,3 % dans son ensemble et de 1,2 % dans le seul secteur manufacturier. La situation n’est donc pas catastrophique mais est scrutée de près par les analystes.
En analysant secteur par secteur, on remarque que c’est la branche des transports et plus précisément le secteur automobile qui tire les chiffres vers le bas : “la production a chuté en mars de 7,3 % après un repli conséquent de 5,4 % un mois plus tôt” détaille le journal Les Echos. Pire, en élargissant l’analyse sur un an, le recul est de 16,6 % en rythme annuel sur le premier semestre. Bien que ce repli soit très loin des plus bas abyssaux enregistrés lors de la crise sanitaire, il est tout de même source d’inquiétudes. En effet, les constructeurs automobiles français “enchaînent les chocs” : pénurie de semi-conducteurs, conséquences du conflit en Ukraine et confinement de Shanghai forment un cocktail explosif pour le secteur. Or, aucune des trois composantes de ce cocktail ne semble proche d’une amélioration dans les semaines à venir.
D’autres secteurs connaissent des situations compliquées. “Les données de l’Insee montrent un recul de l’activité industrielle dans les biens d’équipement (- 0,7 % en mars, après + 1,0 % en février) ainsi que dans les industries agroalimentaires (- 0,3 %, après + 0,4 %)”. En revanche, quelques secteurs arrivent à tirer leur épingle du jeu : la chimie (+ 1,8 % en mars), la pharmacie (+ 2 %) ou encore le bois papier et imprimerie (+ 2,7 %).
La Banque d’Angleterre a relevé son taux directeur à 1%
Au Royaume-Uni, l’inflation pourrait atteindre 10 % au dernier trimestre de l’année 2022, en raison de la hausse des prix de l’énergie. C’est pourquoi la Banque d’Angleterre (BoE) vient de relever son principal taux directeur à 1 %. La BoE anticipe ainsi la hausse des prix régulés de l’électricité au mois d’octobre (+ 40 %), qui devrait donc faire culminer l’inflation aux alentours de 10 %. Un tel niveau devrait entraîner une contraction du PIB britannique de l’ordre de 0,25 %. La Fed a également remonté ses taux directeurs de 0,5 point, rattrapant son retard pour combattre l’inflation par rapport à la BoE, qui a commencé à agir fin 2021, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) envisage d’effectuer un tel relèvement prochainement.
La situation au Royaume-Uni est des plus complexes. Aux États-Unis, c’est un choc de la demande qui est problématique : les entreprises n’arrivent pas à répondre aux demandes des consommateurs. En Europe, c’est une “crise du coût de l’offre” qui est constatée par Le Figaro, car le prix des matières premières y est important. Chez nos voisins d’outre-Manche, c’est un mélange entre le choc d’offre et de demande qui est constaté. Si le coût de l’énergie représente l’essentiel de l’inflation actuelle (+ 7 % sur un an en mars), les employeurs peinent à trouver des travailleurs pour répondre aux commandes, à cause de chocs combinés du Brexit et la pandémie. Dès lors, la BoE cherche, en relevant ses taux, à éviter à tout prix une spirale inflationniste prix-salaires, très négative pour l’économie.
France : la croissance mesurée à 0 % au premier trimestre 2022
Les derniers chiffres partagés par l’Insee ne sont pas très positifs pour l’économie française. Au premier trimestre, la croissance est nulle et l’inflation a atteint 4,8 % au mois d’avril. La reprise observée après le dernier confinement subit de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine, qui fait grimper les prix de l’énergie et des matières premières. Le ralentissement de l’économie était bien entendu anticipé par l’Insee, mais pas dans de telles proportions : l’Institut prévoyait une croissance de 0,3 %. Finalement, la France fait moins bien que la zone euro (+ 0,2 % en moyenne). Le FMI vient d’ailleurs de revoir à la baisse ses prévisions pour la France en 2022 (2,9 % au lieu de 3,5 %).
L’inflation est le principal souci des économistes, car elle affecte tout particulièrement la consommation des ménages : elle a reculé de 1,3 % au premier trimestre. La hausse des prix pèse également sur le moral des ménages, qui craignent légitimement pour leur pouvoir d’achat. De ce fait, ils ont réduit “de 2,5 % leurs dépenses alimentaires et de 1,6 % celles d’énergie” selon Les Echos. Faut-il s’attendre à une “stagnation de l’activité en France au cours des trois prochains trimestres” ? C’est en tout cas l’avis de Patrick Artus, conseiller économique chez Natixis, qui craint même une “récession technique”. Pour rappel, un pays connaît une récession lorsque que la croissance est négative deux trimestres consécutifs.
Sources :
- https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/lautomobile-tire-la-production-industrielle-tire-vers-le-bas-en-france-1405054
- https://www.lefigaro.fr/flash-eco/la-banque-d-angleterre-monte-son-taux-a-1-pour-contrer-l-inflation-20220505
- https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/lhorizon-sassombrit-pour-la-croissance-francaise-1404194
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