Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
La Banque d’Angleterre relève ses taux de 50 points de base
Il faut remonter en 1995 pour retrouver une telle hausse des taux de la Banque d’Angleterre (BoE) : 50 points de base ! Cette annonce partagée jeudi 4 août va porter les principaux taux directeurs de la BoE à 1,75 %, avec un risque de peser sur l’économie. En effet, accroître les taux directeurs rend les emprunts plus coûteux. Mais la BoE ne peut pas rester sans rien faire face à l’inflation, qui atteint des records en 40 ans. “L’inflation britannique devrait selon le rapport de politique monétaire poursuivre son escalade, à plus de 13 % en octobre, et atteindre un record depuis fin 1980, après avoir déjà atteint en juin 9,4 % sur un an, alimentant une crise du coût de la vie qui menace particulièrement les ménages britanniques les moins riches” analyse la Banque centrale britannique.
Les prix du gaz et du pétrole ont considérablement augmenté depuis le déclenchement des hostilités en Ukraine au mois de février dernier. Le “plafond des prix de l’électricité facturée aux consommateurs” pourrait ainsi être revu à la hausse en fin d’année. Une hausse de 75 % est attendue. “Cela ferait monter la dépense énergétique annuelle par foyer d’un peu moins de 2.000 livres à environ 3.500 livres, soit trois fois plus qu’un an plus tôt”, toujours selon la BoE.
Cette hausse des taux ne sera donc pas sans conséquences sur l’économie britannique. La Banque a même déjà prévenu : elle s’attend à des contractions de la production chaque trimestre d’ici au T4 2023. Concernant la croissance, elle devrait atteindre 3,5 % en 2022. En 2023, un repli du PIB est attendu et estimé à 1,5 %, tout comme en 2024 : 0,25 %. La BoE n’est pas seule à remonter ses taux : la Fed et la BCE “ont choisi de monter leurs taux de respectivement 0,75 et 0,50 point de pourcentage en juillet” rappelle Le Figaro.
Les exportations allemandes ont rebondi de 4,5 % en juin
Le commerce extérieur allemand se porte bien et semble résister à la conjoncture actuelle ! Les exportations allemandes ont effet augmenté de 4,5 % au mois de juin, grâce aux ventes vers les États-Unis. La première économie européenne a exporté pour 134,3 milliards d’euros de biens. Après avril (+ 4,6 %) et mai (+ 1,3 %), il s’agit du troisième mois consécutif de hausse des exportations pour l’Allemagne. Le mois de juin est même la “plus forte valeur enregistrée depuis une série mensuelle remontant à 2015” selon Le Figaro. Sur un an, les exportations allemandes affichent une sérénité insolente remarquable au regard du contexte actuel : + 18,4 %. Elles défient même les analyses qui semblaient condamner l’économie exportatrice allemand au déclin.
Le solde commercial allemand est excédentaire de 6,4 milliards d’euros, alors que les importations ont augmenté de 0,2 % (127,9 milliards d’euros). Moscou a par exemple facturé plus cher (+ 4,8 %) ses marchandises à Berlin, “principalement du gaz dont les tarifs ont flambé dans le sillage de la guerre menée en Ukraine” explique Le Figaro. Les États-Unis sont donc le premier client de l’Allemagne, avec 14,2 milliards d’euros de marchandises sur le seul mois de juin (+ 6,2 % sur un mois). Les exportations vers la Chine ont elles seulement augmenté de 2,4 % à 8,9 milliards d’euros. L’UE a absorbé de son côté 72,9 milliards d’euros de marchandises allemandes, soit une hausse de 3,9 % sur un mois.
France : les salaires devraient progresser de 3,1 % en 2022
Au mois de juillet, l’inflation a progressé de 6,1 % en France. Dans le même temps, les difficultés de recrutement s’accumulent pour les entreprises : la pression n’est plus du côté des personnes cherchant un emploi mais des recruteurs. Face à ce contexte difficile, les entreprises pourraient donc “lâcher du lest” sur les salaires comme l’écrit Le Monde. Selon le groupe WTW, les hausses de salaire accordées par les entreprises françaises devraient s’établir en moyenne à 3,1 % en 2022, puis 3,3 % en 2023. Il s’agirait alors d’une nette progression rapport aux hausses moyennes constatées entre 2010 et 2019 (jamais supérieures à 2,5 %) et à l’année 2020 (+ 2 % en moyenne).
Tous les secteurs d’activité, métiers et niveaux de poste ne sont pas logés à la même enseigne. “Les salaires augmentent ainsi beaucoup plus vite pour les professionnels du numérique, de la data et de la cybersécurité” analyse Le Monde. Il faut également ajouter la finance et les nouvelles technologies. La banque de détail, le tourisme, l’hébergement-restauration et l’agroalimentaire devraient être les secteurs enregistrant les plus faibles hausses de salaires. En termes de types de poste, ce sont “les manageurs et les cadres qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu, avec des coups de pouce de 3,1 % à 3,2 % sur leur fiche de paie”.
Comment se situent les salariés français par rapport à leurs homologues européens ? Pour 2023, les hausses de salaire s’établissent à 4 % au Royaume-Uni, 3,8 % en Allemagne et 3,6 % en Espagne. Mais l’inflation est nettement plus élevée chez nos voisins : 9,4 % au Royaume-Uni, 8,5 % en Allemagne et 10,6 % en Espagne. L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs.
Sources :
- https://www.lefigaro.fr/conjoncture/la-banque-d-angleterre-voit-la-recession-approcher-et-accelere-ses-hausses-de-taux-20220804
- https://www.lefigaro.fr/flash-eco/allemagne-chiffre-record-d-exportations-en-juin-20220803
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/08/01/en-2022-les-salaires-augmenteront-moins-vite-que-l-inflation_6136866_3234.html
Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de (des) l’auteur (s) référencé(s). Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.