Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
La part de la France dans les exportations de la zone euro a reculé à 12,7 % en 2020
Le tissu productif de l’ensemble des pays de la zone euro a souffert de la crise de la Covid-19. Mais selon le Centre de recherches pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises (Rexecode), la France a particulièrement souffert de la pandémie. Toujours selon l’institut Rexecode, la part de la France dans les exportations de la zone euro “a diminué de 1,2 point entre 2019 et 2020, passant de 13,9 % à 12,7 %”. En Allemagne, en Espagne et Italie, c’est un mouvement de stabilisation qui s’est opéré dans la même période. Et le bilan français n’est pas meilleur en ajoutant les services : “les exportations de biens et services de la zone euro ont reculé de 13,2 % l’an passé alors que celles de la France ont plongé de 19,3 %”.
Selon Emmanuel Jessua, le directeur des études chez Rexecode, la raison de ce recul n’a rien à voir avec la “spécialisation sectorielle de la France”, car les exportations aéronautiques françaises ont davantage reculé que celles de nos voisins. Les restrictions sanitaires ne sont pas non plus une explication suffisante selon Les Echos, car “l’Italie et l’Espagne ont pris des mesures de distanciations sociales plus strictes que l’Hexagone sans avoir enregistré de pertes de parts de marché” : cela suggère une “fragilité générale en 2020 de l’appareil productif français”.
L’inflation en zone euro est stable : 0,9 % en février
Alors qu’elle était négative en décembre 2020 (- 0,3 %), l’inflation est repartie à la hausse en janvier (0,9 %) pour finalement se stabiliser à 0,9 % en février. L’inflation est même de 1,1 % si on retire les prix de l’énergie, des produits alimentaires, de l’alcool et du tabac. La conséquence immédiate a été une remontée des taux : “le taux italien à dix ans a progressé de 0,5 % à 0,7 % en deux semaines ; en France, il est symboliquement passé au-dessus de zéro, avant de retomber en territoire négatif (- 0,09 %)”. L’ancien premier ministre britannique Tony Blair s’est montré inquiet. Il explique que de nombreux gouvernements ont fait un pari risqué : “la dette n’est pas importante, l’inflation ne reviendra pas et les taux d’intérêt resteront bas”, mais qui pourrait avoir des conséquences très sérieuses s’il s’avérait faux.
L’inquiétude ne semble néanmoins pas être de rigueur, et ce pour deux raisons. Premièrement, le niveau de l’inflation demeure “historiquement bas, loin par exemple des 2 % visés par la Banque centrale européenne (BCE)” selon Le Monde. Cette légère remontée de l’inflation permet d’éviter le risque de déflation, qui était le principal danger pour l’économie européenne. Enfin, selon l’économiste Neil Shearing, “presque toute la hausse de l’inflation en Europe vient de facteurs qui devraient être transitoires” : report des soldes en janvier et hausse de la TVA en Allemagne sont deux explications majeures.
Pourtant, le risque est bien réel, notamment en France. Il y a trois facteurs d’inquiétude. Le premier est à moyen-terme : en cas de reprise plus forte que prévu et sans la capacité de certains secteurs à répondre à la demande des consommateurs, les prix pourraient repartir à la hausse. Il existe également un risque de report des coûts de la crise sur les prix par les entreprises. Enfin, une remontée des cours du pétrole et des matières premières n’est pas à exclure : elle pourrait faire grimper l’inflation.
Les règles budgétaires de l’UE devraient être suspendues jusqu’en 2022
Le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) est l’instrument dont les pays de la zone euro se sont dotés en 1997 afin de coordonner leurs politiques budgétaires nationales et d’éviter l’apparition de déficits budgétaires excessifs. Il impose aux États membres de la zone euro d’avoir des budgets proches de l’équilibre ou excédentaires. Le PSC impose un déficit public maximum à 3 % du PIB (sauf circonstances exceptionnelles, comme une récession de 2 % sur un an). Le PSC a été suspendu en mars 2020 pour que les pays de la zone euro puissent faire face à la crise de la Covid-19. Aujourd’hui, Bruxelles recommande d’étendre cette suspension jusqu’à la fin de l’année 2022.
Cette suspension conduit plusieurs pays à proposer de réformer le PSC. Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, explique que la situation actuelle est une “opportunité historique” dont il faut se saisir pour changer les règles du jeu devenues “obsolètes”. Le secrétaire d’État ajoute que revenir aux anciennes règles pourrait pénaliser les investissements nécessaires à la transition numérique et écologique. Il précise que la première règle du PSC sur laquelle il faut revenir concerne la dette. Le PSC exige que la dette publique ne dépasse pas les 60 % du PIB, un plafond largement dépassé suite à la crise de la Covid-19. Mais pour réformer le PSC, il faut un accord des États membres, et M. Beaune sait que l’Allemagne risque de s’y opposer. Il faudra selon lui attendre la présidence française du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2022, “pour construire la nouvelle stratégie de croissance européenne post-crise, dans le cadre de nouvelles règles budgétaires”.
Sources :
- https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/linquietante-degradation-de-la-competitivite-francaise-1295088
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/03/03/la-legere-hausse-de-l-inflation-dans-la-zone-euro-inquiete-peu_6071807_3234.html
- https://www.lefigaro.fr/flash-eco/covid-bruxelles-suggere-de-maintenir-en-2022-la-suspension-des-regles-budgetaires-20210303
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