Les 3 actualités macroéconomiques de la semaine
France : l’inflation mesurée à 2,9 % en janvier 2022
En novembre et en décembre, l’inflation (mesurée sur 12 mois) était estimée à 2,8 %. Au mois de janvier, elle est repartie à la hausse pour s’établir à 2,9 % (+ 0,1 point), selon les chiffres publiés par l’Insee. Il s’agit d’un chiffre supérieur aux attentes de l’Institut, de l’aveu même de son chef économiste Julien Pouget. Evidemment, l’énergie est l’un des moteurs de cette inflation, qui semble loin d’être transitoire. “Alors que les économistes s’attendaient à une accalmie en ce début d’année, ils [les prix de l’énergie] ont bondi de 19,7 % sur un an, tirés par l’emballement des cours du Brent qui atteint jusque 90 dollars le baril ces derniers jours” explique le journal Les Echos. Une hausse que le directeur général de l’Insee qualifie même de “brutale”.
Mais l’énergie n’est désormais plus le seul poste de dépense à alimenter l’inflation. “Sur un an, les prix des produits alimentaires – un poste très sensible pour les ménages – progressent de 1,5 %”, et même de 3,6 % pour les produits frais. Dans les services, la hausse des prix est de 2 % et de 0,6 % pour le prix des biens manufacturés. Ce mouvement de hausse des prix hors-énergie pourrait s’accentuer en 2022. En effet, “la flambée des cours des matières premières et des prix de production dans l’industrie va se propager dans les produits alimentaires et dans les biens manufacturés” selon Les Echos. Le prix des produits alimentaires pourrait ainsi bondir de 3,2 % d’ici à la fin juin.
Pourrait-on voir un recul définitif de l’inflation dans les prochains mois ? Tout dépend de plusieurs facteurs. Concernant les prix de l’énergie, leurs cours dépendent pour beaucoup des tensions géopolitiques et des décisions de l’OPEP. Concernant les autres secteurs, “la persistance, ou non, des pénuries, les déséquilibres sur les matières premières, les perturbations dans les chaînes de valeur industrielles et dans le transport maritime” seront les facteurs clés à observer en 2022.
Le taux de chômage en zone euro mesuré à 7 %
La très forte reprise économique que connaissent l’Union européenne et la zone euro ont permis une importante réduction du taux de chômage, en dépit de la persistance de l’épidémie de Covid-19. Selon Eurostat, “le taux de chômage de la zone euro a atteint 7 % de la population active en décembre”, un recul de 0,1 point par rapport à novembre. Il s’agit du plus bas niveau enregistré depuis 1998. En considérant l’Union européenne dans son ensemble, le taux de chômage recule encore : 6,4 % de la population active. Il s’agit là encore d’un plancher historique. Le nombre de chômeurs a ainsi baissé de 2,2 millions de personnes dans l’UE et de 1,83 million dans la zone euro. Il faut dire que le PIB de la zone euro (et de l’Union européenne) a fortement augmenté en 2021 : + 5,2 % ! Conséquemment, le marché du travail connaît une nette et bienvenue embellie.
Comment expliquer une telle croissance, après une des pires récessions de l’Histoire de l’Europe ? Pour le Commissaire européen à l’économie Paolo Gentiloni, c’est la meilleure gestion de la crise par rapport à celle de 2008 qui explique ces bons résultats. Il rappelle qu’après la crise financière, il a fallu 7 ans pour que le PIB de la zone euro retrouve ses niveaux pré-crise, contre un an pour la crise du Covid-19. L’endettement commun mis en place par l’Union européenne pour financer un plan de relance colossal de 800 milliards d’euros, destiné en priorité aux pays les plus touchés a permis de grandement limiter les dégâts et à l’économie de rebondir très fortement.
Dans le détail, “les taux de chômage les plus bas en décembre ont été enregistrés en République tchèque (2,1 %), en Pologne (2,9 %) et en Allemagne (3,2 %). L’Espagne est confrontée au taux de personnes sans emplois le plus élevé, à 13 %, devant la Grèce (12,7 %) et l’Italie (9 %). En France, ce taux atteint 7,4 %”, selon les données fournies par Eurostat. Le taux de chômage des jeunes (moins de 25 ans) a également reculé à 14,9 % dans l’UE, contre 17,9 % il y a un an.
720 000 contrats d’apprentissage signés en 2021
L’année 2020 fut une année exceptionnelle pour l’apprentissage en France. Mais selon les chiffres du Ministère du travail, 2021 est une année record avec près de 720 000 contrats signés, dont 20 000 dans le secteur public. Cela représente une hausse de 38 % par rapport à 2020. C’est une très bonne nouvelle pour le secteur, qui souffrait jusqu’alors de la comparaison avec l’Allemagne, la Suisse ou les pays scandinaves, plus avancés que la France sur ce sujet. Deux mesures expliquent le succès de l’apprentissage en France. La première, c’est la libéralisation de la création des centres de formation des apprentis (CFA). La seconde, ce sont les primes à l’embauche de jeunes décidées dans le cadre du plan de relance : 5 000 euros pour un mineur, 8 000 au-delà de 18 ans. Il faut ajouter à ces mesures le contexte économique extrêmement porteur en 2021, qui a joué un rôle important dans la tenue de cette dynamique d’embauche en apprentissage.
Tous les niveaux de diplômes sont concernés par cette hausse. “C’est toujours vrai dans le supérieur, mais aussi pour les formations baccalauréat ou infra, avec une hausse de 21 % des contrats en 2021, 8 points de plus qu’entre 2019 et 2020” selon Les Echos. Ce sont les entreprises de moins de 50 salariés qui représentent la part la plus importantes des recruteurs d’apprentis, environ les deux tiers. 160 000 contrats ont été signés dans le commerce, 66 000 dans le conseil et l’ingénierie et 48 000 dans la banque-assurance, qui sont les trois secteurs qui embauchent le plus d’apprentis.
Ces bons résultats devraient plaire aux défenseurs de l’apprentissage, longtemps considéré comme une voie de garage pour celles et ceux qui échouent en filière générale. Avec un taux d’insertion très important (6 jeunes sur 10 ont un emploi à la fin de leur formation), la filière de l’apprentissage est désormais “considérée à parts égales” avec la filière générale.
Sources :
- https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/linflation-accelere-encore-en-france-1383593
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/01/le-chomage-au-plus-bas-en-europe-grace-a-une-croissance-record_6111858_3234.html
- https://www.lesechos.fr/economie-france/social/apprentissage-pres-de-720000-contrats-en-2021-record-pulverise-1384151
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