Considérées plus risquées que les grands groupes, les petites valeurs – comme les ETI (entreprises de taille intermédiaire) – ont plus souffert en début de crise, mais elles n’en n’ont pas moins rattrapé les grands indices européens ensuite. Daniel Dourmap, Gérant actions chez Ostrum AM analyse leurs comportements pendant la crise.
Pour commencer, pourriez-vous rappeler les définitions d’une PME et d’une ETI ?
Du point de vue du marché boursier, la définition d’une PME est très différente de la conception commune. Pour l’INSEE [1], une PME doit employer moins de 250 personnes et avoir un chiffre d’affaires n’excédant pas 50 millions d’euros. Ces sociétés ont difficilement accès au marché car elles seraient peu visibles, peu suivies par les analystes et finalement peu liquides. Nous nous intéressons davantage aux ETI [2], ces sociétés ont une taille plus importante, un chiffre d’affaires d’excédant pas 1,5 milliard d’euros ou un total de bilan inférieur à 2 milliards d’euros. Elles peuvent employer jusqu’à 5000 personnes. C’est un gisement de valeurs de croissance et de futurs leaders.
Comment se sont comportées ces petites valeurs depuis le début de l’épidémie de la Covid-19 ? Et celles françaises plus particulièrement ?
Les petites valeurs ont particulièrement souffert au début de la Covid-19, car elles sont considérées moins liquides et l’aversion au risque conduit les investisseurs à alléger cette classe d’actif en cas de crise. Elles sont plus présentes dans les secteurs cycliques.
Pourtant à la date du 9 mai, les indices MSCI Small cap Emu [3] affichent un retrait d’environ 9 % depuis le début d’année en ligne avec les indices larges de la zone euro. La faiblesse relative des petites valeurs a été rattrapée très vite. C’est aussi le cas sur les petites valeurs françaises par rapport à l’indice général avec une baisse de 12 % environ depuis le début d’année. En effet, l’économie française a été plus touchée par la Covid-19 en raison d’un confinement plus sévère.
Quel est l’impact des mesures de soutien françaises aux entreprises ?
Parmi toutes les mesures de soutien, la plus importante pour les petites valeurs a été le Prêt garanti par l’Etat (PGE). Comme la Covid-19 a amené une rupture brutale de l’activité, l’octroi de liquidité à ce moment a permis de financer l’absence de rentrée temporaire de cash. Ce dispositif a donc évité la faillite pour des sociétés prêtes à repartir. Ensuite, le dispositif de chômage partiel a permis aux entreprises de passer ce choc sans avoir recours aux licenciements donc en gardant leurs forces de travail. Le report des échéances de charge a également soulagé la trésorerie des entreprises. Les sociétés sont donc en meilleure position pour une reprise rapide de leur activité.
Une idée répandue est que ces entreprises savent faire preuve d’adaptation rapide, tirent-elles profit de cette capacité dans le cadre de la crise actuelle ?
Les sociétés cotées qui nous intéressent, évoluent dans des micro-secteurs porteurs – énergie renouvelable, digitalisation de l’économie, secteur environnement, soin à la personne – qui sont moins visibles dans les grandes sociétés. Le focus mis sur leur niche d’activité leur donne souvent une avance technologique ou une position commerciale unique, et leur taille permet de réaliser des opérations de croissance externe dans ces secteurs porteurs. Souvent les managements sont plus motivés car la chaîne de décision est plus rapide. L’actionnariat familial des petites entreprises est un atout car la vision est patrimoniale et à long terme. La croissance dégagée par ces sociétés est donc supérieure à long terme.
Propos rédigés le 09/06/2020 par Daniel Dourmap, Portfolio Manager / Gérant Actions chez Ostrum Asset Management. Les analyses et les opinions mentionnées ci-dessus représentent le point de vue de l’auteur. Cet article ne constitue pas un conseil en investissement ni une recommandation ou une offre d’achat ou de vente de titres.
[1] Institut national de la statistique et des études économiques
[2] Entreprises de taille intermédiaire
[3] Indices suivant les entreprises à faible capitalisation